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Bozu la famille, dorénavant j'opèrerais à partir de la plate-forme Patreon pour diffuser quelques pages de mes projets en cours d'écriture et certaines photos.
Je vous partage ici l'avant propos de mon essai sur la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, rebaptisé " Le temps des ancêtres ".
Bonne lecture
Merci du soutien
Olé
" Il est une discipline qui demande comme son nom l'indique, de la rigueur et de l'audace. Je parle de l'écriture qui pose et pèse des maux et des émotions parfois éphémères. Bien qu'il y ait des réalités qui sont loin d'être éphémères. Je pense à celles qui nous marquent, celles qui s'inscrivent au creux de nos chairs de damnés. Tels nos espoirs partent en fumées, ne trouvant pas de salut. Dans ce monde, où la nature est subjuguée par l'avidité divine de ceux qui nous assurent l'enfer. Ceux qui sont portés en grâce par l'hypocrisie et le mensonge. La Terre est pourtant ce qui nous lie. Ainsi, liés, nous devrions nous décentrer de nos pas bruyants dans le monde. Où les faux-semblants vont de bon train pour sublimer une catastrophe annoncée. À la vue de drames gagnant du terrain au fur et à mesure que l'héritage climatique s'écrit noir sur blanc. Mais, tant que cela n'atteint pas notre arrière cour, on se dit que d'ici le prochain Black Friday, ça ira. L'indifférence est telle, ce masque qui nous empêche de voir le malheur du monde. L'indifférence nous permet d'avancer masqués face aux malheurs de ces autres qui sont toujours les mêmes. Ceux-là mêmes qui ont pour malheur d'être nés du mauvais côté de la frontière. Le fait est qu'une avalanche de mépris résonne là où il ne peut y avoir d'entre-deux. Avec pour délivrance une mort qui arrive à grands pas pour ceux qui portent de sombres espoirs. Ces mêmes espoirs qui ne sont pourtant pas étranger à l'ensemble du vivant.
Il est un pouvoir qui nous incombe de s'exprimer en une humanité pleine et entière. En dénonçant des atrocités qui confortent l'assise des puissants. Un monde qu'on nous impose de massacres et de saccages. Quand la vie sur cette planète représente ce qu'il y a de plus estimable. Il importe de justifier ce qu'il nous reste de mots pour décrire une nature humaine qui ne peut être dissociable de la nature en elle même. Or, dans cette civilisation contre nature quand on tient une exigence plurielle et qu'on prône la paix, on est mater par des gardiens qui incarnent autant la paix que des vautours se nourrissent de carcasses. Elle est là, la lie de ce monde où un imbroglio de morales a pour phare dans la nuit les privilèges de classes. Ceux qui nous terrassent et qui échappent comme par magie à tout ce qui fait société, à toute forme de justice. Aussi, il est un pouvoir comme discipline de trouver ces grottes, ces parois pour prévenir ce qu'il adviendra de ce qu'il est advenu. Il est un pouvoir d'ouvrir les yeux et de dessiner un monde d'écoute et de respect mutuel. Car l'époque est aux déluges, aux typhons et pour cette raison, nous avons tous besoin d'un abri.
Il est une discipline d'alerter une surenchère d'horreurs quand bien même on se soit habitué, malgré nous, à l'effroi. Il nous faut puiser dans ce qu'il nous reste de mots pour peindre une nature humaine qui n'est pas indifférente aux blessures du monde. En avançant que la vie ici bas, ait un sens moral qu'il faut préserver chaque instant. Il nous faut répéter ces cris qui résonnent sous les décombres pour ne pas que ces cris s'étouffent dans la longue nuit. L'indifférence étant cette longue nuit qui convertit les esprits à l'avarice. Quand il nous suffit de rompre le pain ensemble pour s'apercevoir que la vie a sa place, où qu'elle soit ou qu'elle fût. Quand le monde semble assez grand pour briller de juteux monopoles ; mais ne semble pas assez grand pour que chacun puisse vivre en paix sur cette terre. Quand la Terre n'appartient à personne, si ce n'est à la vie en elle-même. Ainsi, nous devons nous suffire à chérir la vie, lors de notre passage sur cette Terre. C'est ce que les peuples premiers ont compris, dans un temps éloigné, dans ce chemin qu’on doit retrouver pour le bien de tous. Il est temps d'écouter les gardiens de la terre qui chérissent un lien aussi intime que charnel avec une terre aussi riche qu'un océan de secret.
En cela, je mets du cœur à l'ouvrage pour préserver une parole, la parole de nos vieux qui sont au bout d'un chemin qu'il va nous falloir emprunter seul. Comme d'autres, je m'applique à la tâche pour décrire ce chemin, ce temps des ancêtres comme pays, la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. J'écris pour raconter comment nous nous sommes divisés, comment nous nous sommes haïs. Mais, j'écris aussi pour dire que nous allons nous retrouver, dans ce chemin pour pays à bâtir sur le respect mutuel, il ne peut en être autrement. Je vous partage ainsi ces pages, telles des images qui marquent. Celles qui sont inscrites dans ma mémoire et dans mon cœur ovationné d'illusions. Il m'a fallu un temps pour les poser sur papier. N'ayant pu participer à la construction de la case commune. Je vous propose cet ouvrage tel une contribution pour décrire des êtres suspendus dans un temps long colonial comme les damnés sont pendus à des volontés qui ne sont pas les leurs. Je vous prie de croire à ces maux qui transposent la vérité d'une vie vécue. D'autant plus que ce n'est pas le talent qui m'habite quand je n'ai pour mérite que la sincérité de la démarche qui m'anime, voire une certaine innocence. Qui veut continuer de croire à la beauté de mon île comme à un meilleur encore possible en ce monde. Pour autant, je ne connais pas assez les hommes pour prétendre les unir. Simplement, j'observe que nos malheurs réciproques marquent une époque qui ravient certains de nous voir encore et toujours divisés. Aussi, pour contrecarrer des fatalités qui s'avancent comme éternelles, il est bon de se défaire d'une histoire d'oppression qui s'écrit à l'encre d'injustices. D'où l'importance de se nommer, se raconter loin d'une histoire officielle. Il va falloir se réinventer loin d'une place que l'on n'a pas choisie. Il va falloir sensibiliser autour d'une cause qui n'a pourtant pas de couleurs. Il va falloir se confronter au poids des maux quand nos discours ne portent pas. Il va falloir se confronter à un espace médiatico-politique qui parle de douleurs plus que d'autres. Il va falloir envisager tout cela dans la pédagogie et la paix. Même si, suite aux troubles liés à la question du dégel électoral, en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, nous n'oublions pas ces vies qui ont été arrachées par ceux qui nous imposent des lois qu'ils violent à leur guise. Difficile est la mission qu'est la nôtre, mais elle demeure essentielle pour éclairer de fades existences par une foi aveugle en l'humanité afin d'ériger la commune humanité qui s'inscrira sur la base d'un grand pardon. Ceci dit, je n'ai pas à moi seul la recette du bonheur. Ce pourquoi, mes amis, mes camarades, j'ai besoin de vous pour insuffler un souffle nouveau. J'ai besoin d'entendre des âmes généreuses de joies et radicales en humanité pour prédire des instants rayonnants de commun comme bonnes fortunes. Où, nous nous retrouverons dans l'intimité d'une parole commune qui dément ce grand manège de la consommation comme société. Où, l'on se pare de faux semblants pour se vendre comme du bon pain chaud.
Tandis que nous sondons nos peines face aux joies insultantes. Nous qui buvons la haine de ceux qui nous méprisent. Pourtant nous nous trouvons beaux, nous sommes de belles personnes dans la lumière d'une dignité. Celle d'un peuple qui n'a pas peur de s'éteindre sur ces terres, y a t'il plus bel endroit ? De vaincre sur ces terres, y a t'il plus bel endroit ? Pour se lever et dire que nous nous trouvons beaux comme un droit d'exister. Nous nous trouvons beaux comme un droit de se situer comme peuple qui n'a pas peur de s'éteindre ou de vaincre sur ces terres. Il ne peut y avoir plus bel endroit pour crier au nom de tous que nous voulons être libres de toutes souffrances, libres de tous jugements. Il ne peut y avoir plus bel endroit pour humer la chaleur de cette terre qui embaume nos convictions. "