Dans le pays du prêt-à-porter qu'est la France, où l’industrie de la mode fait la fierté nationale, certains n’ont pourtant pas le droit de s’habiller comme ils l’entendent. L’affaire Merwan Benlazar en est une illustration frappante.
Le 31 janvier 2025, ce chroniqueur faisait sa première apparition dans l’émission C à vous sur France 5. Une première et dernière, car il fut immédiatement mis à l’écart. Son crime ? Une longue barbe, un bonnet et un pull ample. Il n’en fallut pas plus pour que Nathalie Loiseau, ancienne ministre et eurodéputée, le qualifie d’« islamiste » sur X (anciennement Twitter). Drôle de paradoxe : ceux qui dénoncent à juste titre l’imposition de codes vestimentaires par les islamistes se transforment à leur tour en police du vêtement, au nom d’une certaine conception de la laïcité.
Quelques jours plus tard, une autre séquence illustre l’incohérence du paysage médiatique français. Le 5 février 2025, un professionnel du tourisme intervient sur France Info pour commenter positivement la proposition ubuesque de Donald Trump : faire de Gaza la « Riviera du Moyen-Orient ». Un parallèle douteux qui, face au tollé, pousse la chaîne à supprimer l’extrait et à s’excuser. L’incident révèle une nouvelle fois l’impunité dont bénéficient certaines provocations, en fonction de qui les formule.
L’apothéose de cette indignation sélective survient lors de l’investiture de Trump pour son second mandat. Son vice-président, nul autre qu’Elon Musk, se fend d’un salut nazi en pleine cérémonie. Un geste qu’il justifie par « l’enthousiasme du moment ». Silence radio du côté des grands défenseurs de la mémoire et de la lutte contre l’antisémitisme. Là où des anonymes se sont retrouvés traînés en justice pour une « quenelle », Musk, milliardaire et dirigeant de l’une des plus grandes puissances mondiales, peut se permettre une référence explicite au nazisme sans soulever de levée de boucliers de la part des intellectuels médiatiques habituels.
Le deux poids, deux mesures souligne ici l’obsession vestimentaire lorsqu’il s’agit de barbes et de bonnets, l’effacement discret des propos gênants sur Gaza, et l’impunité d’un salut nazi en plein cœur de Washington. La France et l’Occident, en général, ont une fâcheuse tendance à choisir leurs indignations en fonction du camp où se trouvent les protagonistes.