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Billet de blog 7 octobre 2025

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Lecornu encorné

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La nomination de Sébastien Lecornu au poste de premier ministre aura été un bref intermède. Symbolisant les contradictions d’un président qui, après avoir promis l’innovation, recycle les visages d’un extrême centre bourgeois veillisant. Lecornu incarne le paradoxe d’une lucidité tardive ; celle d’un homme suffisamment intelligent pour comprendre l’impasse, mais trop lié à l’idéologie du pouvoir pour en proposer une issue.

Son passage éclair à Matignon est porteur de sens. Plus qu’un échec personnel, il représente l’accélération de la décomposition macronienne. Lecornu, perçu comme un technocrate froid, a été contraint de constater l’impossibilité de gouverner sans adhésion populaire. Sa lucidité réside dans cette prise de conscience obligée ; on ne peut indéfiniment gouverner sans se heurter tôt ou tard à la réalité sociale.

Son bilan en Nouvelle-Calédonie, marqué par la brutalité institutionnelle et le mépris du dialogue, préfigurait déjà ce style de gouvernance ; un autoritarisme identitaire et technocratique voué à susciter la rupture et la défiance.

Emmanuel Macron, élu sur le mythe de la « start-up nation » a épuisé son capital politique en croyant pouvoir se passer du peuple. Une démocratie sans électeurs n’est plus une démocratie ; cette évidence lui a échappé. Après deux quinquennats de régressions sociales, de mépris assumé des corps intermédiaires et de cadeaux fiscaux aux plus aisés, le président incarne un pouvoir hors-sol, déconnecté des aspirations et des souffrances des français.

La verticalité du pouvoir, érigée en méthode managériale a montré ses limites. Gouverner par décrets, ignorer les manifestations, contourner le Parlement ;  autant de pratiques qui vident peu à peu la démocratie de sa substance.

Les choix économiques et fiscaux du gouvernement suppression de l’ISF, flat tax, réformes des retraites ont favorisé les plus riches, creusant les inégalités en fragilisant le modèle social français. Ce biais de classe a transformé la politique en un instrument de reproduction des privilèges, au détriment de l’intérêt général. Quand un pouvoir ne sert plus qu’une infime minorité, il perd sa légitimité par le biais ici d'un virage néolibéral brutal, sans garde-fous démocratiques. Le temps n’est plus aux ajustements techniques ou aux remaniements cosmétiques. La démission politique de Macron est une nécessité. Son mandat ne fait plus consensus sinon parmi les cercles du pouvoir et les bénéficiaires de sa politique.

Rendre le tablier, ce n’est pas seulement quitter le pouvoir. C’est accepter l’idée que la démocratie exige l’alternance, le renouvellement mais, surtout, l’écoute. C’est reconnaître qu’on ne peut tromper indéfiniment le peuple.

Sébastien Lecornu aura été l'étincelle avant l’extinction. Son ministère éphémère restera le symbole d’un pouvoir, incapable de se réformer. Macron, enfermé dans une solitude politique croissante, incarne l’archétype du dirigeant qui a préféré la tour d’ivoire à la place publique. La démocratie, lui survivra, à condition que le peuple reprenne la main, à condition que le peuple reprenne conscience de sa force.

Si, la démocratie est le pouvoir exercé par et pour le peuple. Alors que vive la démocratie que vive le peuple.

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