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Billet de blog 8 juillet 2025

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Le bal des ploutocrates

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Trônent aujourd’hui à la table de "nouveaux" pourparlers de Bougival, une génération politique recyclée, comme si le temps s’était figé. Des signataires historiques de l’accord de Nouméa reviennent négocier avec entre autre, les architectes du statu quo qui font mime de vouloir réparer leur édifice. En instrumentalisant la peur de l'indépendance pour masquer l’absence de projet de société, masquer le fait que des élus loyalistes improvisent de démagogie une carrière politique. En se hissant sous la bannière du drapeau tricolore pour s'annoblir en tant que "franchise de l’entreprise coloniale".  

La victoire référendaire brandit à qui veut l'entendre par les loyalistes signe la chronique d’un effondrement. Faisant, suite à la victoire du non à l'indépendance, une victoire de courte durée. Vu la mobilisation en berne lors de de cette série référendaire qui a entrevu la déroute électorale qui suivit à travers la perte du gouvernement, du congrès et d’un siège de sénateur et de député, en 2024. Une humiliation symbolique qui voit les loyalistes dans l’opposition pour la première fois depuis 1985. Quelle saveur a cette victoire sur la série référendaire quand elle vous enterre vivant, voire fait de vous des morts vivants ? Une victoire à la Pyrrhus des loyalistes qui voit Backes et Metzdorf jouer les caliméro sur les médias d'extrême droite: "on a voté trois fois non, on est légitimes ", clame-t-il, par peur de pointer à Pole Emploi. Tandis qu'ils n'arrivent même plus à mobiliser pour la visite présidentielle qui suivit la série référendaire. De sorte que la présidente de la Province Sud a du faire venir des fonctionnaires en services pour agiter les drapeaux tricolores, pour la venue de Macron le 14 juillet 2021.

Pendant ce temps, le FLNKS a opéré sa mue, acceptation du verdict référendaire sans violence, conquête du pouvoir par les urnes, et projet économique (usine du Nord, souveraineté alimentaire). Pendant que les loyalistes pleurent leur déclin sur les plateaux parisiens, les indépendantistes administrent 2 provinces sur 3. 

* Certes avec les dérives budgétaires que nous connaissons aujourd'hui surendettement, désert médicale, hausse de la délinquance, chômage massif dû à la crise du nickel.

La fin d’un règne loyaliste historique, nous révèle l’implosion d’un loyalisme réduit à deux réflexes ; la victimisation ("on nous vole notre victoire !"), puis la surenchère identitaire ("rester français à tout prix"). L’ironie fait que ceux qui ont torpillé l’esprit de l'accord de Nouméa reviennent aujourd’hui en sauveurs pour signer leur mise sous tutelle... L’échec a engendré l’échec qui semble voulu par les franchisés de la force coloniale pour couler la boutique néo-calédonienne par peur que l'enseigne change de nom, de statut, de propriétaire et de contrat de bail. Si on admet une victoire référendaire des loyalistes en forme de tombeau, puisqu'ils se disent gagnants du référendum mais perdents le pouvoir. Les loyalistes vivent un paradoxe tragique, leur règne aux allures de Titanic a été renfloué maintes fois par la force administrante. Or, le navire continue de couler au gré de virage de bords et de choc contre des icebergs comme guerre d'égos sous couvert de vision politique sans fond. Ils ont cru que la logique comptable ("60% contre l’indépendance") suffirait à masquer, l'hémorragie militante (seulement 40% de participation dans leurs bastions), +70% de baisse des adhésions au Rassemblement (ex-RPCR) depuis 2018, et 83% de jeunes calédoniens estimant que les loyalistes "n’ont pas de projet" (Sondage Quidnovi 2024).

Il faut dire aussi que les affaires judiciaires d'achats de voix et de favoristismes ont dévoilé une gouvernance loyaliste sous forme de château de cartes clientéliste réduit en un tas de cendres sortis tout chaud du crématorium judiciaire. Leur légitimité ayant été mise à mal par les scandales politiques ;  SOFINCO Jacques Lafleur détournement systémique des fonds publics, affaires de fausses factures Cynthia Ligeard Corruption organisée en Province Sud, etc...

Une génération de dirigeants loyalistes étant perçus comme des "gestionnaires coloniaux" plutôt que comme des bâtisseurs d’avenir. Avec pour fil conducteur de leur mandat une stratégie du pourrissement du vivre-ensemble qui revient à provoquer pour siéger diviser pour régner. Il faut dire qu'étant acculés, les loyalistes ont opté pour la tactique du piège. En forçant le dégel du corps électoral sans accord et contre l’avis des indépendantistes pour espérer des violences kanakes lors de manifestations. Pour ensuite crier au "sauvage incontrôlable" sur les plateaux parisiens , leur permettant de valider le récit colonial du " bon loyaliste civilisateur " face au "kanak rétrograde".  

À l'instar de 30 Ans de cécité politique, le bilan est sans appel aucun texte fondateur, aucune vision sociétale, pas même un plan économique crédible, seulement des mantras : 'La France, notre mère patrie', 'L’indépendance = chaos'". La chute loyaliste illustre une loi implacable de la politique quand vous faites carrière sur la peur, vous finissez par n’être plus que la peur elle-même. 

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