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Billet de blog 9 avril 2020

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Repenser le monde,  dans une perspective altermondialiste

Cet écrit proposera un processus de luttes sociales transnational, que l'on nommera Rapprochement Réseau Partenaires Citoyen.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avant-propos

L'égalité  tout comme la « liberté » est une notion fondatrice de la société contemporaine occidentale. Elles symbolisent à elles seules les têtes de gondoles de la modernité car affichant une volonté universaliste, d'établir l'homme souverain, l'homme total, semble t-il de manière insidieuse. Car la modernité paraît avoir failli dans sa mission messianique d'atteindre les objectifs du millénaire, à savoir éradiquer la faim, la pauvreté, la maladie à travers le monde. D'une égalité sans frontières, établit par le biais de la mondialisation avec pour seul chef d'orchestre l'Occident qui accorderait les sons de cloches, afin que tout un chacun puissent chanter en cœur les paroles réjouissantes du fameux rêve américain. Situation qui pourrait laisser croire à un scénario de propagande communiste, mais qui n'en est pourtant rien. Tend cependant à nuancer l'influence culturelle & économique ( l'american way of life, Coca Cola company) de l'aigle américain, qui pèse sur le monde. Il faut dire que ce pays dès la Sociétés des Nations ( ancienne ONU), s'est attiré à l'époque les sympathies par sa position anti-colonialistes face aux anciennes puissances impérialistes que sont la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, etc... Position anti-colonialistes de façade car les USA ont toujours prôné les valeurs du free market 1. Comme forme compensatoire au fait est que les USA ne disposent pas comme ses alliés européen de colonies. Hors cette sympathie naguère, n'est plus, du fait que la politique expansionniste du marché américain s'avérera être une forme de néo-colonialisme.

Les pays qui réussissent malgré tout à se développer en dehors du modèle prôné par les USA 2. D'établir un capitalisme d'état, voir d'Etat Providence ( Bolivie, Vénézuéla sous Chavez) grâce à leurs richesses naturelles au détriment des grandes firmes américaines, sont des ennemis des intérêts états-unien qui a défaut d'avoir beaucoup de colonies, mise avant tout sur la souveraineté du dollar3. L'économie américaine est sous la constante menace de s'effondrer face à l'éclatement de bulles spéculatives. C'est pourquoi de par sa démarche dévelopementiste, le Nord nous amène à croire via un discours impérialiste teinté de compassion qu'il se soucie d'autrui, tel une mission messianique. C'est en ce sens que l'universalité de l'égalité et plus récemment de la « liberté » est un procédé moderne fallacieux, qui permettraient d'institutionnaliser un « mirage » social, aux allures d'un bien-être, d'un mieux-être instauré par le seul modèle occidental. Avec pour objectif de museler toutes formes de contre-pouvoirs qui viendrait ternir sa superbe.

L'Occident pourrait se pencher sur une économie ré-encastré dans le réel, pour rompre avec une pensée unique qui s'avère contre-productive ( spoliations de terre ici et las bas, par les industries agricoles, monocultures, épuisement des sols ). Cette démarche revaloriserait le milieu rural, en supportant ses petits producteurs ( dans une perspective de développement durable ), qui furent jadis la gloire des pays du Nord ( si ce n'est leurs auto-suffisance), car bien avant sa révolution industrielle l'Occident en général et la France en particulier connurent une révolution agricole qui figurent être un pan tout aussi bien de leurs histoires, que de leurs identités ( la France fut le foyer agricole de l'Europe, qui s'est ensuite construite en partie autour de la Politique Agricole Commune). La France a toujours pu compter sur ces ruraux en temps de crise ( la montée des paysans lors de la Révolution Française et la prise de la Bastille) et de ses ressortissants vivants dans des colonies/périphéries ( les tirailleurs sénégalais, le bataillons du Pacifique pour ne citer qu'eux lors des guerres mondiales), fait dorénavant preuve de mépris, de par sa posture technocrate adoptée depuis la révolution industrielle. Les ingrédients de la recette néo-libérale du « profit à tout prix » tourne au vinaigre et alimentent une grogne populaire. Les crises qui ont jalonné ce siècle nous ont imposé un « effort national » de sauver le secteur bancaire de ses « pulsions boulimique », quant au garde manger nationale ( l'argent du contribuable). Aussitôt dit aussitôt fait avec la complicité de l'Etat du moins de son détournement de regard ( quand le dit secteur fut remis à flot) rien n'est trop beau pour alimenter la machine capitaliste. Sous couvert de ruissellement, la France a institutionnalisé un « premier de cordée », voir un « champion européen » ( exemple le CICE), sans contreparties pour l'économie réelle.

Introduction

Ce billet vient ponctuer une immersion au sein d'une ONG de solidarité internationale ( dont on taira le nom) au sujet du renouveau de la relation partenariale. Aussi il ne s'adresse pas uniquement aux acteurs de ce secteur mais à tous ceux qui voudraient s'engager de près ou de loin dans la solidarité internationale, l'éducation au développement, mais encore l'éducation populaire. Compte tenu des derniers points évoqué qui sont étroitement liés à la mouvance altermondialiste. Cet argumentaire se verra accès sur un processus de luttes sociales transnational, que l'on nommera Rapprochement Réseau Partenaires Citoyen.

« C'est en changeant les choses chez vous que vous changerez les choses chez nous », Don Helder Camara, évêque brésilien.

Cet écrit proposera le Rapprochement Réseau Partenaire Citoyen comme un processus qui vise à insuffler une synergie par le biais d’un dialogue interculturel et interreligieux entre des acteurs de différentes société civile. S’inscrivant dans une démarche d’altérité qui se veut avant tout citoyenne. Une citoyenneté sans murs ni frontières qui entend bien combattre d’une seule voix les enjeux contemporains liés à la préservation des écosystèmes et toutes formes d’injustices. Difficile de concevoir la finalité de ce processus quand il existe autant d’effets de structure dissuasifs, d’ordre essentiellement pyramidale qui mettent à mal la liberté d’actions. Même si paradoxalement ce rapprochement est présenté comme un moyen d’épanouissement aussi bien individuel que collectif. Étant donné que ce Rapprochement Réseau Partenaire Citoyen s’inscrit dans une volonté, à travers le partenariat et la mise en réseau, de participer à la réflexion stratégique de projets associatifs favorisant des transformations sociales, aussi bien ici ( au Nord) et/ou las bas ( au Sud). 

« La solidarité mondiale, toujours plus efficiente, doit permettre à tous les peuples de devenir eux- mêmes les artisans de leurs destin. Le passé a été trop souvent marqué par des rapports de force entre nations : vienne le jour où les relations internationales seront marquées au coin du respect mutuel et de l'amitié, de l'interdépendance dans la collaboration, et de la promotion commune sous la responsabilité de chacun. »4

Le Réseau Rapprochement Partenaire Citoyen comme forme de darwinisme social ?

La mobilisation du concept de darwinisme social va nous permettre d’éclaircir les différents niveaux de sélection du bénévole, ses débuts avec l’ONG, la prise de responsabilités et son engagement via la thématique. Ainsi nous nous demanderons comment il vit le partenariat. Il s'agira de percevoir la stratégie du bénévole dans le but d’intégrer une certaine élite par le biais de son intégration dans un groupe thématique ce qui n’est pas systématique, puisqu’il faut avoir une certaine légitimité. Une fois cet objectif atteint, il faudra s’y maintenir. Le concept de sélection des plus aptes est omniprésent, à tous les niveaux de ce rapprochement et sensiblement à celui du bénévole. Ce concept me semble pertinent à mobiliser au niveau du critère de compétition, du rapport de pouvoirs et donc de domination qu’il induit.

La représentation organisatrice de la société, c’est-à-dire que la société (le corps social) est perçue en tant qu’organisme vivant, théorie développe par le darwinisme social spencerien. l’environnement de cet organisme change, le militantisme transnational doit donc s’adapter à ce nouvel environnement pour sa survie. Ici, on se réfère aux nouvelles formes de participation qui s’appuient davantage sur la société civile., avec par exemple Nuits debout, le tourisme bénévole, le boycott via la toile (ainsi que c'était le cas contre Turkish Airlines5). Par cette initiative via le support numérique, nous assistons à une évolution des pratiques de boycott, plus généralement de forme de mobilisation citoyenne. Les rappels sur les notions d’holisme, d’invidualisme sont inéluctables, si l'on souhaite poser un cadre conceptuel afin d'analyser au mieux cette mise en lien entre acteurs. Le darwinisme social fera allusion au RRPC comme forme de « sélection naturelle ». En guise de conclusion, nous restituerons les actions de solidarité internationale dans sa dimension d’ameublissement des instincts sociaux, dans le but d'éveiller les consciences collectives et lutter contre les inégalités dans le rapport Nord-Sud par le biais notamment de l'avènement d'une communauté internationale de luttes sociales.

« L’effet de structure est plus important que celui de la motivation », Mark Granovetter.

Le Rapprochement Réseau Partenaires Citoyen une forme de décentralisation

«L’acteur n’existe pas en dehors du système qui définit la liberté qui est la sienne et la rationalité qu’il peut utiliser dans son action. Mais le système n’existe que par l’acteur qui seul peut le porter et lui donner vie, et qui seul peut le changer. C’est de la juxtaposition de ces deux logiques que naissent ces contraintes de l’action organisée [...] »6

La décentralisation est une forme de partage des pouvoirs du pouvoir central, en l’occurrence de l’État, vers ses organes territoriaux compétents. De façon générale, elle désigne un mode d’organisation et gestion qui confère plus de responsabilités aux niveaux hiérarchiques inférieurs. La décentralisation, qui est dans les consciences collectives et surtout dans l’essence même de sa définition, fait allusion aux relations interinstitutionnelles. Il sera approprié de raisonner en terme de principe de subsidiarité. Bien que la subsidiarité fait l’objet d’un débat au sein de l’Union Européenne au sujet de la répartition des compétences entre l’UE et ses états membres. L’UE doit-elle laisser les États agir, ou doit-elle intervenir ? Le principe de subsidiarité, tout comme la décentralisation, s’opposerait donc à un certain centralisme7 . La cause est que ce principe est bien connu de l’Économie Sociale et Solidaire, à travers notamment « l’expérience de Porto Alegre», (l’expérience la plus emblématique de partage de pouvoirs entre acteurs de la société civile et institutions, qui ait pu exister. Se manifestant sous la forme d’une gestion participative citoyenne du budget municipal).

Toutefois, que ce soit décentralisation, ou subsidiarité, l’utilisation d’un de ses deux termes importe finalement peu, puisqu’ils ont tous deux pour finalité d’introduire la question de la souveraineté. Mis à part le caractère éminemment politique de la notion précédemment citée, ce qui va nous intéresser, c’est avant tout son aspect organisationnel. A titre d’exemple, la conception de la subsidiarité au sein de ce processus est ascendante (la cellule de base délègue un degré supérieur les pouvoirs qu’elle ne peut user à bon escient), au lieu qu’elle soit descendante (la cellule de base a les capacités pour faire usage des compétences efficacement). Tout nous porte à croire qu’on tend vers une conception descendante de la subsidiarité. Dans la majorité des cas les cellules locales jouissent d’ores-et-déjà, d’une plus grande autonomie. Pour autant, ce transfert de pouvoirs entraîne systématiquement un transfert de risques, inéluctablement de responsabilités. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette forme de liberté peut avoir comme conséquence un certain isolement sur son territoire, amplifié par un phénomène de concurrence inter-territoriales ( entre alliés notamment pour les subventions et autres appel d'offres). Cela est perceptible à travers le budget alloué en principe à ceux qui ont le plus, et mieux œuvré. C’est l’intérêt collectif qui prime, me diriez vous, espérons que les « performances » de chacun n’entraîne pas de forme de jalousies entre cellules locales. Il a été question tout au long de ce processus, d’implication, de participation. Pourtant, le caractère de sélection y tient une part non négligeable. Autrement dit, les partenaires sont choisis selon certains critères : bonne gouvernance, transparence, etc. Les bénévoles eux-aussi retenues viace qu’ils peuvent apporter ou apporteront par la suite à l’ONG. La lutte sociale entamée sur le territoire est déterminée selon les sensibilités de chacun et les besoins qui s'y font pressentir.

Les pages qui succèdent apporterons plus de précisions sur l'Expérience de Porto Alegre, ainsi qu'un chapitre critique du néo-libéralisme, suivi de parties consacré aux perspectives d'actions du mouvements social global.

L'expérience de Porto Alegre

L'ambition politique

Le Parti des Travailleurs ( PT) de Porto Alegre ( ville du Brésil de 1,5 millions d'habitants) se présente aux élections en 1988 avec la ferme intention de mettre en place un processus participatif citoyen à la gestion du budget communal. Avec pour conviction que les externalités de la démocratie représentative, tel que la bureaucratisation est contre productive, partant du constat des dérives bureaucratiques observés dans l'Europe de l'Est. Leurs programme met l'accent sur une innovation qui ne favorisera pas sa propre bureaucratisation.

La mise en place d'un budget participatif

Le PT arriva au pouvoir sans aucune expérience de gestion municipal, avec un projet politique pour le moins ambitieux. La première année 98% du budget étaient allouées au seul fonctionnement de la mairie. Des citoyens réclamaient des investissements pour les services publiques. Le nouveau maire en place monsieur Dutra Olivier n'eut d'autres choix que de jouer la transparence. Il exposa les difficultés à ses concitoyens. Il réussi à les convaincre d'augmenter les recettes tout en consolidant cette volonté redistributrice envers les couches sociales les plus démunis. En accord avec les communautés de base et sur demande du maire, les services financiers de la mairie créèrent l'ITP. En d'autres termes une Taxe Progressive sur l'Immobilier foncier Urbain qui appliquerait des taux élevés pour les habitants des quartiers bien aménagés, destinés aux bureaux et à la propriété foncière. De plus la mairie consultèrent les habitants des quartiers pour recenser les besoins, infortunément les maigres recettes ne suffisèrent pas pour palier aux revendications populaires. La déception gagna l'opinion public qui ne tarda pas à se démobiliser. Sur 700 personnes que la mairie avait réussi à mobiliser la première année, il en restait 400 les deux années suivantes. Cependant la mobilisation trouva un nouvel écho une fois certains souhaits émis par les citoyens furent réalisés. Au bout d'une année après un bilan mitigé, il est important de souligner que les habitants s'approprièrent un outil politique complexe qu'est la fiscalité progressive, dont ils sont en partie les instigateurs afin de répartir au mieux les investissements à réaliser dans chaque secteur.

La naissance d'une conscience civique

Suite aux discussions avec ses habitants la ville fut divisé en 12 secteurs. Ajouté à cela la ville se voit doté de 5 commissions thématiques traitant des sujets suivant ; transport et circulation, santé et assistance sociale, éducation, culture et loisirs, développement économique et fiscalité, organisation de la cité et développement urbain.

Du 15 mars au 15 avril se déroule le premier cycle. L'occasion pour le maire de présenter en séances publiques dans chacun des 12 secteurs et des 5 commissions thématiques, le plan d'investissement de l'année en cours ( élaboré démocratiquement l'année précédente et validé par le conseil municipal). Un fascicule est distribué pour mieux comprendre le processus. Le maire doit justifier l’exécution du budget de l'année précédente. Lors de cette séance les citoyens élisent des délégués, soit 1 délégués pour 10 personnes présentes. Par la suite se formera un forum des délégués qui organise le débat citoyen autour des thèmes majeur comme les rénovations, les services à développer. Une étape intermédiaire qui se déroule du 15 mars à la fin du mois de mai, durant laquelle les habitants se réunissent entre eux pour déterminer des besoins prioritaires. Le 2ème cycle s'amorce début juin pour finir vers le 15 juillet. Lors de ces réunions, chaque secteur et chaque commissions thématiques désigne directement 2 conseillers titulaires et 2 suppléants au Conseil du Budget Participatif doté d'un mandat d'un an renouvelable une seule fois. Dès lors les citoyens transmettent à leurs conseillers leurs priorités quant à l'élaboration du budget à venir en cogestion avec la municipalité. Concrètement les habitants de chaque secteur ainsi que les membres de chaque commission thématique apportent à la mairie un document qui contient les 4 thèmes majeurs retenues sur les 8 thèmes possibles. Toutes demandes est étudiés par le Cabinet de la Planification et par les services municipaux concerné en fonction de leurs faisabilité technique, juridique et financière, et ensuite noté selon le degré d'importance jaugé par la population.

Le processus de Budget Participatif de Porto Alegre apparaît non seulement comme un outil de transformation urbaine, mais aussi de transformation sociale. Il résulte entre autres que les habitants se mobilisent quand l'enjeu est réel, le maire doit rendre des comptes annuellement, le mouvement citoyen s'autonomise, puis la population s’accommode de l'appareil fiscal en vue de leurs priorités8 ( aménagements, service).

« Dans la révolte, l’homme se dépasse en autrui et, de ce point de vue, la solidarité humaine est métaphysique. Simplement, il ne s’agit pour le moment que de cette sorte de solidarité qui naît dans les chaînes9 ».

L'héritage de l'expérience de Porto Alegre

Ce processus de budget participatif l'Orçamento Participativo en brésilien ( O.P) émergea dans un contexte de démocratisation du Brésil après des années de dictature à la fin des années 1980. A ces débuts la mobilisation citoyenne était faible mais aux vues des résultats obtenus elle a crû. En 1989, 70% des habitants vivaient dans des quartiers relier au réseau d'égout, en 2004 le nombre s'élevait à 84,3%10. Entre 1989 et 2004 ce n'est pas moins de cinquante trois mille familles qui ont été relogés à travers la régularisation des titres de propriété foncière11. Toutefois en 2004 le Parti Travailliste est battu aux élections après avoir été à la tête de la mairie de Porto Alegre pendant seize ans. Suite à une insatisfaction de la classe moyenne et de la promesse de l'opposition à maintenir l'OP. La coalition composée de douze partis avec pour chef de file José Fogaça du Partido Popular Socialista ( PPS) qui pris les reines de la mairie, et assura de préserver l'OP. Néanmoins le budget participatif fut affilier à un nouveau processus: la Gouvernance Solidaire Locale (GSL). Cette forme de gouvernance mise sur la faculté des individus et groupes à se constituer e réseaux sociaux via les différentes composantes de la société ( associations, clubs de sports, entreprises, services publiques, etc), inspiré par les théories sur le capital social tel entre autres les travaux du politologue américain Robert Putnam.

L'éviction par le secteur privé

Dans le cadre discursif les caractéristiques intrinsèque du GSL à savoir la conscience civique et la confiance semblait corroborer avec celles de l'OP. Dans la mesure où le budget participatif générait trop de conflit d'après le gouvernement en place, de plus certaines composantes de la société comme les entreprises n'y sont pas représenté. Ces dernières ont alors été conviés à rejoindre ce processus, d'autant plus qu'elles se montrent généreuses, en mettons à profit de la GSL leurs « investissements ». Parallèlement on observa que la part du budget municipal dédié à l'OP a baissé de 10% à 4,1%12. En dépit de quoi la question d'un retour au clientélisme est en droit de se poser . Considérons le fait qu'en 2008, 60% des proches de la coalition gouvernementale soutiennent que leurs principales demandes ont été respectés, contre 12% des sympathisants de l'ancienne coalition réunissant le PT et des partis gauches de 1988 à 2004.

De la vila au ghetto

L'administration de Fogaça essaya de faire taire une grogne populaire face à des résultats insatisfaisant, par la réalisation de petits travaux, la distribution de denrées alimentaires, la mise à disposition d'autobus pour se rendre en nombre aux assemblées plénières. A ce propos pendant ces assemblées les sympathisants monopolise le débat pour faire des éloges au gouvernement. Les avis divergent ne sont pas ou peu pris en compte. Mais encore la ville de Porto Alegre fait partie des villes sélectionnés pour accueillir des matchs de la coupe de monde de football de 2014. De ce fait des grands travaux sont annoncer, notamment l'agrandissement de l'aéroport et l'élargissement de l'avenue de Tronco qui mène directement au Stade Beire Rio. C'est pourquoi en raison de ces travaux à peu près dix mille familles de Canoas ( ville limitrophe de la capitale) et de Porto Alegre sont susceptible d être déplacées de force. Des comités composés de citoyens des favelas veulent être relogés à proximité pour ainsi ne pas subir le même sort que la vila ( nom local des favelas) Chocolatao, qui fut « délocalisée » début 2011. La vila Chocolatao était peuplée de personnes qui collectent des matières recyclable (papeleiros), située en plein centre ville, offrant un saisissant contraste avec les infrastructures étatiques qui l'entourent. C'est pourquoi la ville fit déplacer de force ces habitants , pour des logements flambants neuf dans la région de Leste. Cependant les services et l'emploi dans cette sont très restreints. C'est essentiellement pour le fait de ne pas entacher cet événements sportifs internationale que la ville a satisfait aux exigences de la Fédération Internationale de Football Association ( FIFA) que la ville a amorcé ce processus de « nettoyage social », révèle les habitants de cette vila.

L'intérêt individuel au détriment du collectif

La démobilisation de certains responsables communautaires sous couverts de faveurs politiques ou d'attribution de petits emplois. Surtout la plupart des négociations au sujet des « délocalisations » se déroule en dehors de l'OP, difficile donc de créer un rapport de force. Malgré tout les projets sont homologués par le conseil de l'OP, la majorité des conseiller est proche du gouvernement. Les associations communautaire ne semblent désormais jouir d'une grande autonomie comme ce fut le cas aux prémisses de l'OP. Dorénavant tributaire des pouvoirs publics et du secteur privé qui manipulent les instances participatives. En 2008 la majorité des conseillers de l'OP vota pour limiter l'accès à l'information, le pouvoir des délégués, et ainsi renforcer leurs positions en limitant leurs turn-over. L'avenir de l'OP paraît sceller c'était sans compter sur la « loi organique » la principale loi de Porto Alegre du 3 avril 1990 ( l'équivalent de la Constitution ) qui stipule que la municipalité doit mettre en œuvre la participation populaire. En revanche il faut nuance le fait que le budget participatif dans sa configuration initial n'est pas proprement mentionné. Reste à savoir s'il pourrait figurer comme l'égal de la chambre des représentants de Porto Alegre ? A ce moment la loi aurait pour effet de limiter l'influence des pouvoirs publics et de l'élite économique en garantissant la séparation des pouvoirs. Il s'avère ainsi que l'outil juridique pourrait dans une certaine mesure rendre au budget participatif son identité propre , reste à savoir s'il sera marqué par une vigueur nouvelle au vues des besoins qui ne sont pas forcément les même qu'en 1990, ou au contraire par son enlisement13 ( Simon Langelier, 2011).

La main invisible le culte du capitalisme

L'OP répond à un principe de subsidiarité en jouant un rôle de « micro-institution », suite à un désengagement de l'Etat. Cependant le Budget Participatif de par sa taille ne peut assurer les droits régaliens d'un Etat ( et n'a pas vocation à le faire ), étant donné qu'elle même est en étroite relation avec des instances publiques et privés dont elle dépend pour son fonctionnement, mais encore que ceux-ci cherchent à pervertir ce processus. Au détriment de quoi la mairie réduit la part du budget municipal laissant ainsi de fait une plus grande marche de manœuvre au secteur privé, telle une forme de technicisation du social14.

« There's no alternative15 »

La réappropriation du privé de cette initiative citoyenne marque une sorte de rappel à l'ordre d'un concept phare du néo-libéralisme celui du marché auto-régulateur. Autrement dit seul le marché est compétent pour répondre aux maux de la société il en constituerait ainsi l'indéniable solution et en aucun cas le problème. Il est le meilleur gouvernement et se substituerait volontiers à l'Etat qui est perçu par sa notoire incompétence, si on s'inscrit dans la logique de ce courant. Encore que le fait de lancer une politique de grands travaux, l'Etat contribue à créer des emplois pour les classes sociales les plus modestes, fidèle à la pensée keynésienne, via une relance par la demande16. La main invisible symboliserai selon Adam Smith ( Smith Adam, 1776) le marché autorégulateur, or le marché a besoin de l'Etat pour mettre en place un cadre favorable à son expansion, donc il est en quelque sorte dépendant de l'intervention étatique pour susciter son dynamisme. De par la mise en place d'un cadre législatif favorable à ses activités, et aussi bénéficier de commandes publiques. Corrélativement la politique keynésienne constitue en tant que tel un interventionnisme de l'Etat, partant de ce constat on peut en déduire que la main invisible ne représenterai donc pas le marché autorégulateur, mais davantage l'Etat. Smith lui même était favorable au poor laws, à savoir des salaires et des conditions de vie décente pour les prolétaires qu'il considère comme une force productive. D'après lui l'Etat se doit d'envisager une politique sociale qui aurait des répercussions positives à la fois sur l'offre ( production de biens et services via les appels d'offres), et la demande ( consommation de biens, et service par la biais de politiques redistributives), puisque pour Smith l'agent économique en cherchant à maximiser son bien être ( à travers la consommation et le travail) participerait au bien être de la société tout entière. De la « crise de la surproduction » de 1929, on retiendra qu'une politique interventionniste est nécessaire pour amoindrir les effets dévastateurs de la crise sur la société. L'allusion au garde fou, met en scène un dernier rempart contre une situation de stagnation économique et sociale. Là encore l'Etat assurerai ce rôle face au dérives du néo-libéralisme, comme ce fut aussi le cas concernant la crise des subprimes17 de 2008.

Le mirage d'un marché auto-régulateur 

Le krak boursier du 24 octobre 1929 remit en cause le modèle capitaliste américain des années 1920 basé sur une consommation de masse. En 1932 Francklin Roosevelt est élu président dans un contexte de crise et de défiance envers le secteur privé sans précédent. Il mit en place le New Deal qui constitue une politique interventionniste pour relancer l'économie. Réélu en 1936 Roosevelt se fait un devoir de limiter le pouvoir des banques18 et des entreprises. Les industriels tentèrent de rétablir au plus vite la confiance du peuple à l'égard du système capitaliste. A grand coup de propagande publicitaire sur un rêve américain idéalisé19, et avant tout moderne. Jusque dans les années 50 une tournée de Général Motors sur les routes américaines pour présenter aux citoyens leurs inventions ( « la parade du progrès »). Pendant 20 ans ce cortège se faisait le chantre du capitalisme et des bienfaits de la consommation comme les fondements du rêve américain. L'exposition universelle «  democracity » à New York en 1939 fut une vitrine médiatique de l'american way of life, dans le but pour Edward Bernays (1891-1995) d'unir la démocratie et le capitalisme. Cette manifestation fut l'occasion pour les industriels de présenter l'avenir du secteur, en créant ainsi les futurs besoins des foyers américains ( lave vaiselle, micro-ondes, etc). En d'autres termes la démocratisation de la technologie, via une robotisation de service ménager fera en sorte que ces futurs consommateurs ne puissent se projeter en partie dans un futur qui allait «  améliorer » la vie du foyer exclusivement via l'essor de la technologie. Cette forme de  démocratie capitaliste  naissante allait remettre l'américain moyen sur les rails d'un consumérisme de masse selon l'historien Stuart Ewen20.

Le secteur privé s'est immiscé dans l'initiative de Porto Alegre pour le corrompre, puisque les conseillers ont délaissé le caractère démocratique de leurs fonctions pour filtrer avec le pouvoir politique et économique local. Ce revirement renvoi à la figure du comprador21 qui correspond à celle de « sous chef » faisant accepter au couches sociales les plus basses les ordres venant des couches sociales les plus aisées, en contrôlant à leurs échelle l'information mais aussi l’ascenseur social22. Sans nul doute que la Coupe du Monde a du alimenter des discours électoralistes23. Certes des logements ont été crées des emplois sont à pourvoir or ces intentions sont loin d'être désintéressé. Cette situation évoqué peint le portrait désormais classique du développement, accompagné d'un cadre discursif louant les louanges d'un mieux être mieux vivre imminent à travers des « effets d'annonce » des « effets vitrine » mais qui aboutira à un « nettoyage sociale 24» Mais encore de propager l'idée que les richesses crées lors de cet évènement d'envergure international va profiter au plus grand monde à travers notamment la théorie du trickle down effect ( la théorie du ruissellement25).

Le chapitre qui vient abordera le sujets de la désobéissance civile ainsi que du mouvement de contestation global qui naissent d'une volonté de proposer un modèle de société alternatif face au paradigme néo-libéral.

La désobéissance civile

La désobéissance civile selon John Rawls se définit comme étant un « acte public, non violent, décidé en conscience mais politique, contraire à la loi accompli le plus souvent afin d'amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement, par lequel on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté, et cela précisément dans les limites du respect de la loi, ce qui s'exprime entre autres par l'acceptation de la peine éventuellement encourue »( Rawls 1975, 401, 403; cf.aussi Celikates 2011).

Cette définition de la désobéissance civile rejoint celle entreprise par Jurgen Habermas ( 1985, p.83, 84) à savoir ; « La désobéissance civile est un acte de protestation aux justifications morales qui n'est pas uniquement fondé sur des croyances personnelles ou des intérêts particuliers : c'est un acte public qui est en règle générale annoncé aux autorités et dont la police peut prévoir le déroulement ; il implique la violation intentionnelle de normes de droits individuelles sans que celle-ci n'affecte l'obéissance vis-à-vis du système juridique dans son entier ; il exige d'être prêt à s'engager à assumer les conséquences juridiques de la violation des normes ; l'infraction aux règles, qui constitue le moyen d'expression de la désobéissance civile, a un caractère exclusivement symbolique – il en résulte déjà par là qu'elle se limite à des moyens de protestation non-violent. »

Bien que certains font remonter la désobéissance civile à Socrate, ou Antigone. Hors cette expression apparaît au milieu du 19 ème siècle aux Etats Unis grâce à un citoyen du Massachusetts monsieur Henry David Thoreau, qui refusa de payer ses impôts au gouvernement pendant 7 ans, car ce dernier pratiquait une politique esclavagiste, et lui ne veut pas que son argent vienne cautionner ce type de pratique inhumaine. Il va tenir une conférence qui sera retranscrit dans un livre et deviendra le texte fondateur de la désobéissance civil, qui sera lu plus tard par Ghandi et Martin Luther King lors de leurs séjours en prison respectifs.

« Et si la souffrance peut sans doute se ressentir à distance, la solidarité, en revanche, a besoin impérativement d'établir une ressemblance sociale entre les autres et nous. C'est cela que la distance rend difficile, mais surtout, que notre subjectivité rechigne d'autant plus souvent à reconnaître que les expériences individuelles se délestent progressivement d'un sens immédiatement collectif ou groupal au profit d'émotions et de cognitions induites par des industries culturelles. Les émotions sont à la fois de plus en plus personnalisées et de plus en plus produites comme objets de consommation. Le témoignage individuel suscite alors de l'émotion individuelle sans parvenir à alimenter une volonté d'actions. »26

L'ensemble des acquis sociaux est le fruit de la désobéissance civile comme acte politique pour faire pression et changer les lois en vigueur. En ce sens la démocratie symboliserai une dynamique, les actions qui ont découlent peuvent s'inscrire dans le cadre législatif, cependant si ce cadre est trop restreint , elles peuvent sortir de ce cadre pour améliorer la loi, ces actions seraient alors le moteur de cette dynamique démocratique ( Cervera -Marzal27, 2017).

« L'homme propose et dispose. Il ne tient qu'à lui de s'appartenir tout entier28. »

La prolifération d'action depuis les années 1990 ( en 1993 Act Up recouvre l'obélisque de la Concorde avec un préservatif géant, mais encore en 1999 les faucheurs d'OGM et José Bové ont démonté le MC Donald de Millau), nous montre que les mouvements de contestation sont en train de s’essouffler, par exemple le vote pour des partis contestataires, aux grèves, au syndicalisme. De son coté l'Etat Français aussi se radicalise à travers une forme autoritaire, et sécuritaire particulièrement après l'Etat d'urgence avec la loi sur le service minimum (si le préavis de grève n'est pas déposé suffisamment à l'avance la grève risque d'être illégale). Jadis ce que les gouvernants considéraient comme des libertés fondamentales ; le boycott, la grève, la manifestation. De plus en plus aujourd'hui ces actions sont considérés comme illégales, en résulte une criminalisation des mouvements sociaux. Des interdictions de manifestation légitimités par un arsenal juridique, législatif mis en place suit aux attentats du 13 novembre 2015. Des lois à la base formatés lors de l'Etat d'urgence pour combattre le terrorisme se retournent contre des cibles pas officiellement visés ( à savoir les terroristes), mais plus contre des militants, des écologistes, des syndicalistes, des lycéens.

La désobéissance civile promeut une conception vivante, dynamique qui s'opposerai à une vision figé de la loi comme une entité transcendantal qui imposerai ses volontés sur l'individu, qui ne pourrai nullement en influencer les contours (Manuel Cervera-Marzal29).

« L'action n'est sociale, selon la définition classique de Weber, que « dans la mesure où, du fait de la signification subjective que lui attache l'individu ou les individus qui agissent, elle tient compte du comportement d'autres acteurs et en est affectée dans son cours ». Ceci ne définit pas à nos yeux l'ensemble de la thématique sociologique, mais seulement l'un de ses moments, celui qu'il faut considérer d'abord. Ce n'est pas l'interaction sociale qui est source d'orientations normatives de l'action ; les relations sociales sont dominés par des valeurs, s'expriment dans des notions comme : liberté, égalité, justice et dans la mesure seulement où les collectivités se définissent comme sujet collectif, comme légitimité, autorité, sanctions. Cette définition n'est évidemment pas toujours apparente à la conscience des acteurs individuels, qui peuvent confondre à des degrés divers la conscience collective avec ses manifestations institutionnelles, en particulier avec le droit.

Ceci signifie que l'acteur n'est pas orienté par les intérêts ou les exigences de l'ordre social, mais par ceux de l'action collective. Cette affirmation doit être aussitôt complétée par cette autre qui en découle : la sociabilité constitue un thème fondamental de l'action sociale, alors que la notion de système social relève d'une autre démarche de l'analyse sociale, l'étude des formes- et non plus des thèmes- de l'action sociale30. »

Cette citation nous invite à repenser le rôle de la sociabilité au cœur de l'action sociale. En effet cette première influence insinue que l'action peut être collective dans la mesure elle est envisagée dans un groupe ou les liens sociaux sont fort, ou au contraire individuelle au sein d'un groupe ou d'une communauté ou les liens sociaux y sont superflues. L'analyse qui porte sur la sociabilité comme moteur de l'action sociale questionne donc sur le type de société 31. Au vue du cadre législatif et/ou normatif dans laquelle s'inscrit l'action.

Un mouvement de contestation globale

«  Le soleil s'est couché depuis longtemps sur la veille Europe. Les croisades sont oubliées, et l'épopée coloniale a vieilli d'un seul coup de plusieurs années-lumière. La chrétienté marchande et industrielle n'a plus aucun secret pour dominer le monde, et la gloire des Blancs n'est plus qu'une survivance provisoire. Pourtant, la machine à déraciner pour s'être déracinée elle-même hors de son site natal reste plus jeune que jamais. Elle informe le monde en une vaste technopole, broyant les nations dans ses rouages implacables, écrémant les élites et abandonnant au rebut des corps exsangues et désarticulés. L'économie et la technique sont le cœur du système mais ce ne sont ni son commencement ni sa fin. »32

L'expérience de Porto Alegre ( ainsi que celle de Seattle qui est dans le même registre) posa les fondations d'un mouvement de contestation globale ayant pour mot d'ordre l'empowerment33 de la société civile. Face à une globalisation financière qui a tendance à démanteler les acquis sociaux ( éducation, santé, protection sociale), les services publics, le protectionisme et les réseaux de solidarité nationaux , Pierre Bourdieu dénonce en cela une « violence symbolique34 ». A en juger le scénario de la coupe du monde de football au Brésil, l'agrandissement de l'aéroport qui justifia un nettoyage social de la ville de Porto Alegre. Il en sera de même pour la Zone A Défendre ( ZAD) situé à Notre Dames des Landes, qui est une mobilisation citoyenne contre un projet d'aéroport qui risquait de détruire un écosystème. Suite à quoi le projet fut abandonné, les principaux intéressés ont occupé cet espace de luttes politiques, sociales et environnementales qui est devenu une zone auto-géré. Un rappel à l'ordre fut orchestré par le gouvernement prenant des allures « d'exemple à ne pas suivre ». Un cortège conséquent de forces de l'ordre fut mobilisés pour déloger les indésirables, qui occupaient les lieux.

« Le pouvoir voit sans déplaisir les frustrations et les colères engendrées par une vie sans espoir trouver un exutoire dans la frénésie des fins de match. Pendant qu'ils braillent « On a gagné », les sans-emploi ne pensent pas à faire la révolution35. »

Par ailleurs les propos rapporté par Le Point du président de la république française la veille du 42ème congrès de la Mutualité qui se tenait le 13 juin. Emmanuel Macron s'indignait au sujet des aides sociales, « On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens s'en sortent pas (…). Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu'ils sortent de la pauvreté ». Ces propos annoncent un revirement de la politique sociale qui trouveront une redondance avec la précarisation salariale comme unique solution pour sortir de la pauvreté, s'inscrivant ainsi dans la continuité de la pensée du social-libéralisme comme quoi la redistribution des richesses ne suffirai plus à évincer la pauvreté. Suivant cette logique, il faudrait mettre à contribution des individus des outils permettant de faire face aux aléas du libéralisme telle qu'un système éducatif professionnalisant, et une flexibilisation de l'emploi. Au début du mois de mai 2018 le magazine américain Forbes avait qualifié le président de la république française de « leader des marchés libres ». Dans cet interview pour Emmanuel Macron les actionnaires ( les « premiers de cordée ») à travers le « ruissellement » participent à la transformation du pays, en redistribuant la richesse vers les couches sociale les plus basses. A deux reprises dans cet interview le président français annonce « there's no other choice », non sans rappeler les propos d'une certaine Margaret Thatcher (« there's no alternative »).

Le président français prône le bon sens en piochant « et à droite et à gauche », cette dépolitisation de façade a permit au néolibéralisme de prospérer ( Vergnol Maud, 2018). Alain Deneault qualifie cette ambition politique d' « extreme centre » puisque selon ce philosophe québécois, elle consiste à « recouvrir de naturalité des propositions idéologiques qui ne veulent pas dire leur nom ». Soit une  révolution anesthésiante  qui remplace la politique par la gouvernance, les représentants du peuple par des experts, et tente de réduire la démocratie au management ou à la pédagogie ( Vergnol Maud, 2018). Pour Alain Deneault « les politiques de l'extreme centre sont destructrices, inégalitaires et impérialistes. Il s'agit d'assurer le maximum de revenus possibles aux grandes entreprises, le maximum de dividendes possibles aux actionnaires et de faciliter l'accès aux paradis fiscaux36 ». La  révolution anesthésiante  caractérise le fait de mettre ses convictions de cotés de manières à devenir des êtres interchangeables, facile à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l'ordre économique et social, d'après Alain Deneault qui enseigne la pensée critique en science politique à l'université de Montréal. Ce professeur québécois va plus loin en affirmant que la révolution anesthésiante est indissociablement lié à la  médiocratie . Dans son interview pour Télérama, le philosophe québécois nous explique ce lien ; « En français, il n'existe pas d'autres mot que celui de « médiocrité » pour désigner ce qui est « moyen ». « Supériorité » renvoie à ce qui est supérieur, « infériorité » à ce qui est inférieur ; mais « moyenneté » ne se dit pas. Il y a pourtant une distinction sémantique entre la moyenne et la médiocrité, car la moyenne relève le plus souvent d'une abstraction : revenu moyen, compétence moyenne devient une norme impérieuse qu'il s'agit d'incarner. C'est l'ordre médiocre érigé en modèle. Il ne s'agit donc pas pour moi de stigmatiser qui que ce soit mais plutôt de comprendre la nature de cette injonction à être médiocre qui pèse aujourd'hui sur des gens qui ne sont pas forcément enclins à l'être. La médiocratie vient d'abord de la division et de l'industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l'a décrit dès 1849. En réduisant le travail, à une force puis à un coût, le capitalisme l'a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu'à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée. Aux yeux d'un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d'un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l'objectif est de rendre les gens interchangeables, au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d'à peu près tout le monde, à l'exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires37 ».

Le gouvernement français offre comme seul réponse au mouvement des gilets jaunes que le poids de son mépris de classe. Tout les jours advient un nouvel épisode, via une communication jupitérienne déplorable ( Macron au ski, Castaner qui cherche des amis en boîtes, le pognon de dingue ), qui laissent à penser que le gouvernement ne s'attèle guère sur la forme... A en juger le dispositif sécuritaire mis en place faisant basculer le pays des droits de l'homme dans une dérive despotique. L'élection même du président Macron marque une personnification du lobby bancaire européen qui arrive au pouvoir en pleine montée du populisme que ça soit en France ou plus largement en Europe, sans compter le nombre d'anciens lobbyiste en postes au sein de son gouvernement. De toute manière la démocratie depuis ses fondements a toujours été, le paravent de l'oligarchie. En effet, si on se penche sur son émergence, Eclesia c'est à dire la démocratie athénienne. Elle n'a fait qu'assurer une position sociale dominante pour l'oligarchie, sous couvert de paix sociale. Relatif au fait qu'à cette époque les marchands et artisans étaient suffisamment fortunés, pour s'armer, et se constituer ainsi, en contre-pouvoir. Suite à ce constat, Solon un artistocrate athénien, qui fit carrière dans le commerce, de par sa position sociale fit office de réformateur. S'inspirant lors d'un voyage en Egypte, de faits sociaux révélant le souhait d'une plus grande égalité entre êtres humains. Comme une pétition émanant du peuple ( ouvriers et artisans), adressé au pharaon afin de baisser les taxes, jugé exorbitante par ses sujets.

Plus récemment le mouvement de contestation nait de l'avènement de ce qu'on appel le « social-libéralisme » qui s'est érigé au début des années 1990 avec le président américain Ronald Reagan et le premier ministre britannique Margaret Thatcher. En d'autres ce « réformisme modernisateur » est présenté par le biais de politiques nationales aux opinions publiques respectives comme étant « inéluctables ». En outre il faut savoir que cette réforme vise à privatiser les biens et services publics, financiariser les économies, la fin des monopoles nationaux. C'est pourquoi le gros du travail militant consiste à désacraliser cette hégémonie néolibérale. À ces début le mouvement de contestation se positionne pour le « no global » ( contre la globalisation) par le biais de revendications comme celle de la souveraineté alimentaire. Néanmoins ce mouvement va changer de cheval de bataille face à l'ampleur des enjeux économiques, sociaux, et environnementaux qui se généralisent sur l'ensemble de la planète. En raison de quoi les rencontres alternatives aux sommets internationaux appelés communément les « contre-sommets », ont permis aux associations, aux ONG de faire valoir leurs expériences de terrain et compétences scientifiques par le biais de contre-expertises qui tendent à délégitimer la doxa néolibéral ( Jallon Hugues 2003).

« Une nouvelle fois, le sentier ouvert par ce nouveau modèle de militantisme se révèle étroit, lorsqu'il s'agit de tenir à distance du double écueil de la politisation et de l'instrumentalisation ( le dilemme des ONG humanitaires, en particulier, est aujourd'hui bien connu). Plus problématique encore est sans doute le risque que le modèle de la contre expertise, s'il devient dominant, voir exclusif, fait courir au mouvement. En effet, ce mode d'intervention entretient l'espoir d'une possible régulation ou d'une co-régulation de la mondialisation avec les organisations internationales ( OMC, FMI, etc) qui aujourd'hui en détiennent le monopole. L'espoir est loin d'être illégitime en soi : l'éventuelle prise en compte par les décideurs de revendications citoyennes crédibilisées par une expertise et une expérience solides seraient sans doute à mettre au crédit de ce patient travail militant. Elle témoignerait d'une « démocratisation » relative mais réelle des processus de décisions à l'échelle mondiale. Cette stratégie comporte néanmoins (et là encore) des risques évidents, dont celui de l'instrumentalisation est sans doute le plus visible. De fait, l'association de la société civile à la « gouvernance mondiale » correspond au (pieux?) souhait des organisations internationales elles-mêmes en quête de légitimité démocratique : lors du dernier forum de Porto Alegre, les « maîtres du monde » réunis à Davos n'avaient-ils pas explicitement lancé un appel au dialogue auxquels certains leaders du mouvement n'étaient pas restés insensibles ?

Quand on sait que les grandes organisations internationales n'ont à la bouche aujourd'hui que les termes de « démocratie », de « droits de l'homme », de « transparence », et de « société civile », le risque n'est-il pas là, majeur et classique que s'installe une sorte d'homologie lexicale entre la voix des dominants et celle des dominés, un terrain d'entente favorable à un dialogue de dupes dont on connaît à l'avance le nom du perdant ?38 »

Les pages qui suivent relayeront trois éléments combien important dans nos sociétés contemporaine. À savoir tout d'abord la science comme culte du progrès, nos sociétés basé sur une utopie consumériste, et enfin la liberté comme slogan civilisationnel, puis la conclusion viendra clore cet écrit.

La science comme culte du progrès

« Comme le suggère Dilthey lui-même, l'interprétation de l'histoire passée du point de vue de la liberté humaine consisterait essentiellement à retrouver dans le passé l' « image » de nos efforts actuels pour transformer le monde ; nous aurions ainsi une histoire de travail, de l'effort ou de « luttes menées par notre volonté » dans laquelle tout ce qui n'est pas compréhensible comme activité créatrice ou transformatrice apparaitrait comme inertie et resterait en tant que tel inaccessible à la compréhension. On retrouverait ainsi un schéma dualiste, analogue à celui qui domine la philosophie des Lumières : centrée sur le combat de l' «énergie » contre la passivité, l'histoire laisserait en dehors d'elle la majeure partie de l'expérience humaine39. »

La politique des grands travaux prend des allures de déterminisme technologique40, du fait de bâtir des stades, des aéroports, des infrastructures couteuse et énergivore dans un monde ou les ressources sont de plus en plus limités. A l'image des Moai41. Ce peuple du Pacifique Sud voué un culte envers leurs dieux, pour qui ils décimèrent leurs écosystèmes. La déforestation causé fut le prix à payer semble t-il pour construire et ériger ces fameux Moai (totems) face à la mer. Pourtant très vite ils se trouvèrent à cours de ressources, mais sans pour autant stopper la construction de Moai, dont la tête sculptée la plus grosse pèse 80 tonnes et mesure 10 mètres de haut. Le buste sculpté le plus lourd pèse 200 tonnes pour 20 mètres de long. Le peuple de Rapa Nui avaient une foi inébranlable pour leurs Moai, qui voyaient en leurs construction une mesure salvatrice, en remettant leurs destin entre les mains du bon vouloir de leurs dieux malgré une situation alarmante ( déforestation massive, surpopulation, famine, guerres tribales). En quoi est ce si différent de nos jours ? L'humanité paraît avoir une foi quasi aveugle en la technologie comme moyen d'éradiquer la faim, la maladie, pour certains même de vaincre la mort. Ce dernier propos, du moins sous couvert de luttes anti vieillissement est véhiculé par le transhumanisme42, de plus certains technocrates dont les acteurs les plus connus font parties de la Silicon Valley43 ( Marc Zuckerberg, Elon Musk, Steve Jobs etc...) partage cette croyance. Au même titre que le peuple des Rapa Nui qui remettait leurs sort entre les mains de leurs dieux , nous remettons le notre entre les mains de la science à la fois pour résoudre nos enjeux sociaux ( mieux vivre ( nourriture, santé, silver economie44), et nos enjeux environnementaux ( réchauffement climatique, projet d'iles flottantes à Tahiti). Ce qui nous amène à penser que l'être humain n'est pas constituer pour penser rationnellement aux conséquences de nos actions sur le long terme. Du fait de l'impact de l'humanité sur la planète, autrement dit l'homme serait une force géologique comme le souligne la figure de l'anthropocène d'après Christophe Bonneuil. Nous sommes focalisé sur les bénéfices engendrés sur le court terme tel la figure de l'homo oeconomicus45. Sans compter que nous avons sensiblement le même cerveau qu'il y a 200 ans on se concentrant sur nos besoins à court terme on se sent moins concernés par le futur. C'est pourquoi même des individus qui ont une conscience écologique continue à vivre et travailler pour un système qui détruit l'environnement46. Conformément au peuple Rapa Nui qui au fur à mesure coupa le dernier arbre de leurs île ( David B.Lauterwasser, 201847).

L'utopie consumériste

« Si l'homme et la femme sont heureux, ils ne consomment pas. C'est la frustration qui est la base du désir de consommation. Aussi faut-il leur offrir d'inaccessibles modèles de beauté et de richesse, afin que la frustration les mène sur le chemin des achats48. »

L'île de Nauru situé dans le Pacifique Sud à l'est de la Papouasie Nouvelle Guinée, devint indépendante le 31 janvier 1968 avec pour premier président Hammer Daroburt, qui nationalisa c l'usine de phosphate dont l'île détient un gisement important et convoité, par le biais de la Nauru Phosphate Corporation. Par la suite il crée un « Etat Providence » en redistribuant une partie des revenus de l'activité industrielle aux insulaires. Le niveau de confort de la population est tel qu'elle n'a plus besoin de travailler, ce sont les immigrés chinois qui se chargent de cette besogne. Le gouvernement ne s'arrête pas en si bon chemin et rémunère des femmes de ménages pour ses concitoyens. La pêche et autres activités culturelles sont délaissés au profit des plats préparés vendus par les nombreux commerçants chinois établis sur l'île. Durant les années 1970 un consumérisme de masse se fait monnaie courante au détriment semble t-il de la vie sociale et traditionnelle49. C'est alors qu'à la fin des années 1960 des ingénieurs annoncent au président Daroburt que l'exploitation du phosphate ne pourrais perdurer plus de 30 ans. Suite à quoi le gouvernement cherchent à diversifier ses revenus via des investissements qui s'avèreront infructueux. La corruption, l' avidité de certains hommes d'affaires, l'incompétence de certains membres du gouvernement sont d'autant de raisons qui expliquent le non rendement des investissements effectués comme par exemple la compagnie aérienne Air Nauru. L'arrêt de l'exploitation du phosphate dans les années 1990 marque l'ébranlement de ce pays de cocagne. Le gouvernement est contraint d'emprunter de fortes sommes. Dès lors il doit rembourser les intérêts exorbitants en raison de quoi il loue une grande partie de l'île à l'Australie qui met en place des camps de rétention de migrants. De nos jours Nauru compte 90% de sa population au chômage, 80% sont obèses, 40% sont diabétiques de type II. Ajouter à cela la vétusté des hôpitaux font que le diabète est la principale cause de mortalité de l'île50. Cette petite île du Pacifique Sud a subi le revers de la société de consommation de masse, précisément celui de la spécialisation qui lui a valu un décollage économique et social sans précédent. Dans un monde mondialisé et fini continuer à exploiter des ressources de plus en plus rares qui plus est en utilisant des énergies fossiles. Constitue une divergence entre une vision court-termiste, et une vision qui s'inscrirait dans une démarche de développement durable. Ce cas rompt avec une vision marxiste qui voudrait que la surproduction soit perçu comme le seul processus émancipateur. Les nauruans, ont délaissés leurs us et coutumes pour adopter des standards de vie occidentaux, perceptible à travers un comportement que l'on peut qualifier de « nouveaux riches ». Dorénavant les insulaires jalousent, méprisent sont même parfois violent51 avec les migrants envoyés par l'Australie dans des camps de rétention établis sur l'île. Les insulaires voient en ces camps une forme d'Etat Providence, car la population locale ne bénéficient pas des faibles avantages sociaux dont les migrants disposent. Bien que la récession économique amorça l'abolition des privilèges de cette société autrefois oisive, certains insulaires ne désespèrent pas et prônent une réappropriation culturelle identitaire des modes de vie qui fut éclipsé en l'espace de deux décennies. Dans l'optique de reconstruire le tissu sociale via des réseaux de solidarités communautaires, et ainsi mettre en place des initiatives citoyennes qui leurs permettraient de se positionner en tant qu'alternative à l'économie de marché, et rompre ainsi avec une vision matérialiste qui a tendance à résumer la grandeur d'un pays à son PIB.

La liberté comme slogan civilisationnel

La liberté, dans les sociétés modernes est aliénante, car en son nom, on cherche à mettre en place des mesures liberticide, sous couvert de sécurité. Elle induit une « autolimitation réciproque » intrinsèque entre les sujets. Pour Fichte, elle naît de la réciprocité, de l'intersubjectivité 52. Comparé à Sartre, Fichte suppose que l'homme est mauvais, et égoïste. C'est pourquoi d'après lui, l'Etat doit être garant, ou doit contraindre la liberté, à travers le droit. L'Etat de droit serait le garant suprême des libertés, en instituant une égalité de fait entre tout un chacun. Isaiah Berlin53 distingue lui deux conception de la liberté. Une conception négative qui appréhende la liberté sous la forme d'une contrainte exercé par un cadre étatique ( l'Etat et ses institutions), ou social ( la famille, les amis, etc) sur l'individu vis à vis du respect des normes. Tel une vision organiciste du corps social, l'individu fait parti d'un « tout » qui le transcende sur lequel il n'aurait, à priori peu ou pas d'influence. Le respect du droit, laisse entrevoir la naissance d'un Etat pré-totalitaire. Dans la mesure où, cette liberté ne peut s'exprimer « raisonnablement » qu'a travers la figure d'un Etat fort, s’apparentant à une forme antinomique, parce qu'elle concilie soumission et liberté. Une conception positive qui nous informe sur un individualisme qui évoluerait, en dehors du groupe sociale. L'individu se suffirait donc à lui-même. Il aurait un meilleur contrôle sur sa vie sur son destin. Ici on pressent le culte du self made man, un individu autodidacte, qui par son mérite graviterait les échelons sociaux. Caractérisé par une perception émancipatrice de la liberté qui serait dénué de toutes responsabilité du sujet vis à vis du corps social, faisant l'apogée d'un individualisme triomphant.

« L'homme est condamné à être libre. » Sartre

« L'homme est jeté dans le monde » d'après Sartre, Dieu n'existant pas, il n'a pas de code de conduite, il est donc « condamné à être libre ». Or, face à l'embarras du choix, cette liberté l'angoisse. En cherchant à se définir, il définit l'humanité. Sartre part du principe que l'homme est « homme que parmi les hommes », c'est à dire que l'action de l'homme envers l'humanité ne peut qu'être foncièrement bonne 54. Cette capacité de l'homme a formé un tout, paraît surestimé. La pensée sartrienne occulte le fait que l'individu voue la majeure partie de son existence, à une quête personnelle de prestige social. Ceux en quoi, elle témoigne d'un optimiste patent quant à une interprétation de la liberté, intimement positive. Pourtant l'homme a la capacité de « faire le bien », tout autant qu'il a la capacité de «  faire le mal ». Etant donné qu'il est libre, et si Dieu n'existant pas, il est alors seul avec sa conscience, quant à son interaction avec autrui 55. Le capitalisme56 glorifie l'individu, au détriment semble t-il, du rapport à autrui. Si on considère le fait que, ce régime économique ostracise par les inégalités, qu'il engendre les hommes entre eux. Nul doute que si Sartre aurait été témoin de l'instrumentalisation actuelle de la liberté par le néo-libéralisme, afin de propager son schème de pensée ( le « culte du winner »), opportun à l'expansion du « marché unique ». Etant donné que la liberté dans la pensée sartrienne résonne comme un empowerment social, une quête d'égalité entre tout un chacun, telle une dynamique démocratique en constante émulation. En raison de quoi, elle revêtirait un caractère ontologique 57.

Conclusion

« la relation de dépendance vis à vis de l'autorité ici-bas se change aisément en relation de dominance et de pouvoir. Du même coup, la distance entre autorité-souveraineté et pouvoir peut s'abolir, instituant entre les hommes un seul et unique niveau de réalité, c'est à dire une logique du tiers exclu, caractéristique de la compétition, du conflit, et du pouvoir. » ( Coppet 1998, p.208).

La famine, la maladie, la guerre ( le plus souvent situé dans les pays du Sud), incarnent le reflet d'une humanité frêle, amoindri faisant se remémorer aux pays du nord un passé peu lointain marqué par deux guerres mondiales. Les individus vivant dans les pays du nord tournent généralement le dos à ce miroir, qui réveillent certaines peurs. Encore qu'il faudrait admettre que notre consommation ici ( exemple téléphones, ordinateurs portables), a un impact las bas ( déforestation, extraction de minerais etc). Par conséquent chacun de nous sommes responsables à notre échelle. Il ne tient qu'à nous d'accepter ce reflet comme une partie de nous même, car cette projection sinistre est un revers de nos sociétés de consommation de masse situé au Nord. L'avènement d'une communauté internationale de luttes sociales ne s'est jamais manifesté de façon aussi vive ces dernières années, depuis la prise de conscience de système d'oppressions systémique ici et las bas. Prenant des allures citoyennes et réformiste58 au vues d'inégalités qui sévissent sur l'ensemble de la planète.

Pour Gabriel Madinier la morale s'inscrit dans une philosophie du devoir, d'assumer notre responsabilité envers l'autre, tous les autres ( l'homme et la nature). D'éclairer sa conscience et quand on le peut celle des autres, en cherchant pour nous et pour les autres à atteindre la dignité humaine, celle d'un être rationnel et libre.

1 D'avoir accès au marché intérieur, libre circulation des biens/marchandises/hommes, pas ou peu de taxes douanières, dans les colonies de ses partenaires européens, voir dans l'espace européen.

2 Les ingrédients de démocratie comme l'égalité, et la liberté depuis l'intervention américaine en Irak, sont à nuancer.

3 Par le biais du jeu des devises notamment lors des transactions à l'international de matières premières sur les places boursières, exemple les pétro-dollars.

4 Cit « Populorum progressio » de Paul VI.

5 Par rapport à la famine actuelle en Somalie. Un boycott a vu le jour sur la toile contre Turkish Airlines, qui est visiblement la seule compagnie à desservir cette destination. Dans le but que cette compagnie y apporte des vivres.

6 Crozier Michel, L’acteur et le système, éditions du Seuil 1977, avant propos p11.

7 Partisan d’un Etat centralisé.

8 Source : Texte de l'intervention de Martine Toulotte sur le budget participatif lors du congrès 2000 des Alternatifs, www.alternatifs.org.

9 Camus Albert, L’homme révolté, collection Folio/Essais, Editions Gallimard, 1951, p31.

10Adelmir Marquetti, Geraldo Adriano de Campo et Roberto Pires ( sous la dir. de), Democracia participativa e redistribuiçao : Analise de experiencias de orçamento participativo, Xana, Sao Paulo, 2008.

11Sergio Baierle, Lutas urbanes en Porto Alegre : Entrea revoluçao politica e o transformismo, Cidade, Porto Alegre, 2007.

12De Olho no orçamiento, Cidade, Porto Alegre, avril 2009.

13Langelier Simon, Que reste-t-il de l'expérience de Porto Alegre ?, Le Monde Diplomatique, octobre 2011

14 Retrait de l’Etat, qui laisse la place à la sphère privée pour gérer des fonctions qui sont pourtant régaliennes.

15 Cit Margaret Tatcher.

16 Ou politique de grands travaux, l'Etat s'endette pour réaliser des projets d'infrastructures et redynamiser l'activité économique tout en créant de l'emploi.

17 Crise immobilière qui débuta en juillet 2007 aux Etats Unis, qui concerne les prêts hypothécaires à taux variables destinés à des foyers américains peu solvables afin de leurs faciliter l'accès à la propriété privée. Bien que risqué ces prêts se sont avérés rentable tant que le marché de l'immobilierreste en plein boom. Des agences de notation ( notamment Moody's) ont doté du triple A ce type de crédits les rendant ainsi attractifs aux yeux de nombreux investisseurs et autres banques qui ne tardèrent pas à titriser ces dettes. Sans compter que la crise de General Motors entraina en partie le fait que beaucoup de créanciers ne purent assumer les frais exorbitants de ces crédits revolving ( à taux variables), suite à quoi cette bulle spéculative éclata courant 2007-2008.

18 Avec la loi Roosevelt qui sépare les banques de dépôt des banques d'investissements.

19 « World's highest standard of living : There's no way like the american way ».

20 Propos recueillis dans le documentaire «  Propaganda de Jimmy Leipold », Arte France 2017.

21 Dans les Pays en Voie de Développement, membre de la bourgeoisie autochtone enrichi dans le commerce avec les étrangers , selon le Larousse.

22 Le fait de changer de classe social ( métier) via une mobilité ascendante ou au contraire descendante.

23 Faveurs politiques et promesses d'embauches faites aux conseillers de l'OP.

24 Comme le qualifie eux mêmes les habitants des vilas, de les « parquer » en dehors du centre ville, dans le but de donner une image de la ville plus propre, plus sure pour les touristes.

25 Théorie selon laquelle les couches sociales aisées en consommant créent de l'emploi, les défavorisés profiteraient alors de cette création d'emplois, et de la hausse de la production de biens et de services.

26 Martuccelli Danilo, Grammaires de l'individu, Gallimard 2002.

27 Enseignant de sciences politiques et philosophe, il travaille sur les mouvements de contestation et en particulier sur la désobéissance civile, tiré d'un interview pour France Télévisions/Premières lignes Télévisions/Storycircus 2017.

28 André Breton, Manifeste de surréalisme, 1896-1966.

29 Enseignant de sciences politiques et philosophe, il travaille sur les mouvements de contestation et en particulier sur la désobéissance civile, tiré d'un interview pour France Télévisions/Premières lignes Télévisions/Storycircus 2017.

30 Touraine Alain, Sociologie de l'action : Essai sur la société industrielle, Editions du Seuil, 1965, p.49 p.50.

31 Comme sur la nature des liens entretenus par les individus qui interagissent entre eux.

32Latouche Serge, L'occidentalisation du monde, Ed La Découverte, Paris, 2005, p. 81.

33 Terme qui signifie l'autonomisation à un niveau individuel, ici symboliserai une mobilisation citoyenne collective.

34 Du discours néolibérale qui engendre de la violence sociale comme on peut l'observer de plus en plus ces derniers temps lors de grèves, manifestations qui aboutit dans bien des cas à des heurts avec les forces de l'ordre.

35 Albert Jacquard, 1925-2013 J'accuse l'économie triomphante, 1995.

36 Source : Vergnol Maud, La stratégie du choc de Macron pour anesthésier les alternatives, l'Humanité, n°22434, Vendredi 25, Samedi 26 et Dimanche 27 mai 2018.

37 Source : Entretien avec Alain Deneault, propos recueillis par Michel Abescat, En politique comme dans les entreprises, « Les médiocres ont pris le pouvoir », publié le 07/12/2015 Mis à jour le 01/02/2018 à 09h01.

38Jallon Hugues, De la résistance à la dissidence : les voies étroites de la contestation globale, La Découverte (« Mouvements ») 2003/1 n°25, pages 45 à50, cit p.47, 48.

39 Raynaud Philippe, Max Weber et les dilemmes de la raison moderne, PUF, Paris, 1987, p.84.

40 Perceptible à travers une forte mécanisation des outils productifs, une dépendance accrue à la technologie, ainsi qu'une spécialisation des tâches.

41 Les totems gravés dans la roche volcanique de l'île de Pâques ( Rapa Nui).

42 Un courant intellectuel international visant à améliorer la condition humaine par le biais de la technologie.

43 Désigne une région non loin de San Francisco qui constitue un pole de technologie de pointe.

44 Une économie dédié aux personnes âgées, une forme de robotisation des services à domicile ( ascenseur à domicile, maison intelligente, etc).

45 L'individu appréhendé comme un être rationnel dont l'existence se résume essentiellement au calcul cout/bénéfice.

46 On peut chercher à amoindrir son impact sur l'environnement ( empreinte carbone), consommer bio ou local, mais ne constitue pas une rupture à proprement parler avec le dit système néolibéral, cela donne plutôt lieu à l'émergence d'un nouveau marché ( le commerce équitable, le bio).

47 David B Lauterwasser, History repeat itself as the story of the Easter Island's Downfall begins to unfold globally, 21.04.2018, feunfoo.org.

48 Michel Piquemal, Le Prophète du libéralisme, 2005.

49 Il faut noter que le PIB/hab des nauruens est le plus élevé au monde, chaque foyer possède six à sept voitures.

50 « Le futur a déjà eu lieu à Nauru » source Gregoire Quevreux www.philtt.fr publiée le 23 avril 2018.

51 «  L'enfer des réfugiés relégués par l'Australie sur une île du Pacifique » source la 1ère ( avec l'AFP) publiée le 11/09/2018 à 16h00.

52 Notre liberté s'arrête là ou commence celle des autres.

53Berlin I., Two concepts of Liberty, in Four Essays on Liberty, Oxford Clarendon Press, p. 6-19.

54 «  ne pas faire aux autres, ce que tu ne voudrait pas qu'on te fasse ».

55 L'action du sujet peut être positif pour lui, tandis qu'elle est négative pour les autres, et vice-versa.

56 Consiste à augmenter le capital d'un individu, via des moyens de production, en vue de faire des échanges commerciaux, par un calcul cout/bénéfice, qui se veut efficient.

57 La liberté d'agir, de penser, propre de l'homme comme « être conscient », de son existence, de son essence .

58 L'Islande qui a réussi à devenir souveraine, et à se réapproprier son avenir, par le biais d'une mobilisation citoyenne suite à la crise économique de 2007.

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