Cet écrit analysera un discours de fond concernant le projet de reprise de l'usine du sud. Bien au delà des aspects techniques financiers et administratifs se déroule, un combat politique de « laissez-faire » pour les loyalistes et d' « aider à faire » pour les indépendantistes 1.
Les coutumiers, ces héros de la guerre du covid
Plus ou moins tous admettront que les coutumiers ont jouer un rôle déterminant, dans la gestion du covid 19, du moins au sujet des territoires dont ils ont en la charge. Si bien que cela a eu pour effet de resituer l'importance du rôle des chefs coutumiers en particulier ( face à un haut commissaire quelque peu apathique qui est là pour se dorer la pilule, au frais du contribuable plus qu'autre chose), mais surtout de souligner la pertinence du pluralisme en général quant à la bonne gestion des territoires dont il est originaire. Étant donné qu'aucun profit combien même issue du « tourisme vert », compenserait des pertes humaines (potentiellement liés à la propagation du virus en question). Il y a cette célèbre citation d'Amadou Hampaté-Bà qui nous indique qu' « en Afrique, quand un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle », sur cette île comme ailleurs tout le courage nécessaire, a du être mobilisé pour ne pas que les bibliothèques brûlent. L'image angélique des chefs coutumiers fut de courte durée car à la suite de cette forme d'altruisme prononcée, certains d'entre eux ont été coupés dans leurs élans, quant à leurs mobilisation pour le projet d'usine pays - relatif à la reprise de l'usine du Sud par la Sofinor/Korea Zinc ( hormis que Korea Zinc s'est récemment retiré de l'offre, la Sofinor cherche actuellement, un nouveau repreneur) qui permettrait à des institutions locales d'avoir une part de 51% de cette fameuse usine et une collaboration avec un métallurgiste qualifié. Toutefois la solution de reprise phare reste celle de Prony Ressources qui profiterait, à quelques calédoniens privilégiés ( surtout à la province sud qui brasse déjà l'essentiel, de la richesse produite sur le territoire). Le consortium Prony Ressources compte le négociant suisse Trafigura, plus connu pour des activités de spéculations boursière que pour sa qualité de métallurgiste ( qui paraît quasi-inexistante). L'État français via notamment son ministre de l'Outre-Mer, insiste sur le fait que cette dernière offre de reprise, demeure la seule solution viable pour sauver l'usine en question, sans vraiment considérer l'offre émanant des indépendantistes. Les dés semblent déjà jetés, mais les indépendantistes ne l'entendent pas de cette oreille, leur offre recalée, ils tentent le tout pour le tout, tel des gaulois réfractaires...
Les coutumiers n'auraient dès lors, plus bonne presse et feraient mieux de retourner dans leurs semblant de maison faire du feux avec des silex. Imaginez-vous des kanaks, des sortes de sous-nègres, (encore que le nègre il est vaillant lui, il n'est pas paresseux comme les kanaks), s'associer avec des coréens, pire encore avec des chinois ! Autant dire le comble de l'infamie, pour les esprits teintés de (néo-) colonialisme. À savoir que le caractère hautement diffamant, porté par des peuplades destinés à être des subalternes ( kanak, océanien, asiatique), menacent de fait, la superbe occidentale qui prétendrait avoir le monopole de l'émancipation et de la liberté. Le fait est que ces peuplades s'octroient à bon compte ( semble t-il) la technique via le modèle industriel, symbolise ainsi un affront qui a pour ambition de destituer les « occidentaux » de leurs privilèges. Un affront inavouable justifiant tout de même des discours raciste décomplexé qui n'incommoderaient que ceux dont l'esprit n'est pas complètement affilié à la pensée unique. Cette pensée entend bien incruster dans les consciences collectives qu'il n'y a pas d'autres alternatives, au modèle occidental ( profitant alors aux seul occidentaux), telle une forme de propagande. L'occident ne veut pas s'unir, l'occident veut régner, il ne veut pas libérer, il veut congédier afin d'incarner à lui seul l'espoir.
La France comme arbitre (à peu près) impartial
Pensez-vous bien que le projet d'une nation souverainiste Kanak, est loin de plaire à ceux qui n'ont que pour projet politique, le « laissez-faire ». Une fois n'est pas coutume le racisme à de beaux jours devant lui en Nouvelle-Calédonie-Kanaky. Et pour cause ce racisme reflète le mépris de la métropole pour ses Outre-Mers en général, ( si l'on considère la suppression de France O, l'état désastreux de la santé publique en Guyane, ainsi que le projet de « montagne d'or » reconduit sous une nouvelle forme), et ses citoyens racisés ( dont les origines sont issues des colonies), en particulier.
À l'image de la venue en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, du ministre des Outre-Mers, monsieur Lecornu qui lors de sa dernière interview, tient un discours idéologique sans-substance, jalonné d'éléments de langage. S'en suit la question de savoir si la France garderait des liens privilégiés, avec l'archipel, si celui-ci venait à être indépendant. À cette question, au combien déterminante, pour les insulaires, le ministre rétorque « et bien tout dépend si la Kanaky devient un régime démocratique ou non, car la France ne traite pas avec les dictatures ». Il y a de quoi tomber de sa chaise, en entendant de tel propos, à croire que le déni de réalité caractérise, sans exception aucune, le gouvernement d'Emmanuel Macron. Ce dernier d'ailleurs courba l'échine devant le nouveau prince d'Arabie Saoudite, lors de sa visite en France ( notamment venu en France pour acheter des armes), sans parler de la France-Afrique qui compte quelques dictateurs, avec qui la France gardent pourtant des liens privilégiés, afin de bénéficier de certaines ressources.
Un chemin semé de violence
Dans ce climat aussi délétère, un avenir serein semble pour l'instant compromis. Le fond du problème est que le projet indépendantiste paraît se revigorer autour d'une probable reprise de l'usine du sud. Pour les loyalistes se prélassant encore grâce aux résultats, des derniers référendums, cette reprise par les indépendantistes constituerait une sorte d'invasion. Dans la mesure où, cela permettrait aux indépendantistes, de mettre la main sur une manne financière importante, et par conséquent gagner en crédibilité économique/politique/social mais aussi culturel ; via la viabilité de valeurs émanant de la culture kanak, dans la mesure où les chefs coutumiers concernés influenceraient un basculement, du côté indépendantiste, redonnant ainsi ses lettres de noblesse, au projet souverainiste kanak.
Faut croire que la reprise de l'usine du Sud ne se fera pas sans heurts car les deux blocs politique ont beaucoup à perdre. Pour autant la violence ( physique, verbale) n'est pas encourager, d'un côté comme de l'autre. Cependant, l'issue improbable, entretient l'idée d'être les « dindons de la farce » pour les deux bords ( sans parler des 3 000 emplois en suspens), cela suffit en soi à être un déclencheur de violences, aux yeux des plus téméraires. D'un côté les loyalistes tentent de préserver un « privilège blanc » potentiellement en péril, face à des indigènes qui souhaitent reprendre leurs destins ainsi que celui du pays, en main. Si ce n'est que les indépendantistes ont déjà une usine, alors qu'ils restent las-bas chez eux en Province Nord, pour que le Sud puisse continuer tranquillement à garder secret, ses conflits d'intérêt ( comportement latins oblige). Le destin commun en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, ça se résume à chacun chez soi et dieu pour tous (enfin visiblement, un peu favorable aux mêmes).
Ce projet de reprise alimente les divergences, marquant la difficulté de créer du commun. Compte tenu d'une décrédibilisation, quasi-automatique du projet souverainiste indépendantiste ( pourtant viable), par les loyalistes qui paraissent légitimés un racisme systémique. Étant donné que les kanaks ne doivent certainement pas, s'élever au même rang que le « maître ».
1 Deux visions, deux blocs politiques s'affrontent non sans rappeler une certaine guerre froide si on venait un brin à extrapoler la situation.