Dans un restaurant de Nouméa, le 1881, s'est déroulée, le samedi 8 mars 2025, une soirée Ladies Night qui a viré au Fight Club. Un événement organisé non loin du campus universitaire de Nouville et de sa résidence universitaire. Les images de début de soirée montrent une ambiance endiablée, dans le bon sens du terme, jusqu'à ce que tout bascule dans une forme de lapidation publique pour une raison qui nous échappe encore.
Vu les images de projectiles et d'insultes fusant de toutes parts, l’opinion publique reste sous le choc d'une incompréhension grandissante. On y voit un jeune public, à priori océanien, en venir aux mains, mais aussi des scènes de saccage et de vols de bouteilles au bar. Un triste spectacle pour une société néo-calédonienne à peine remise des événements dramatiques du 13 mai 2024 et d’une conjoncture aussi incertaine que douloureuse.
À dire vrai, on n'avait pas besoin de revoir, ni de revivre ça, même par procuration à travers des images diffusées sur les réseaux. D’autant plus que pour certains jeunes, les soirées où ils peuvent simplement rentrer et s’amuser ne courent pas les rues. D’autant plus que les Ladies Night, c'est quand même, de base, un gage de bonne soirée pour espérer trouver sa promise. À condition, bien sûr, de savoir se tenir, de faire des étincelles sur la piste et, qui sait, repartir accompagné pour épater la galerie. Vous l’aurez compris, ces soirées sont, par essence, bon enfant.
Pour en avoir fait quelques-unes dans mes années étudiantes, où repartir avec le numéro d’une charmante demoiselle suffisait à mon bonheur (je suis un grand romantique, que voulez-vous), je peux témoigner de leur atmosphère particulière. Même si, avec mes années d’étudiant au " rupteur " (étudiant quoi, donc moins romantique à mes heures), j’ai vite délaissé ces soirées qui ressemblaient trop à des préliminaires de Saint-Valentin pour célibataires, avant le jour J. Préférant, on ne va pas se mentir, les soirées infirmières, plus francs du collier. Bref, Ladies Night, tu mets une belle chemise, tu prépares tes pas de danse, tu t’asperges d’un coup de parfum, tu bois un shooter maison avec les copains, et… bon, aujourd’hui, on ne dira plus que tu pars chasser, mais vous voyez l’idée.
Or, ici, on est loin du registre romantique habituel de ces soirées. Encore moins d’un scénario d’after à la Cancun, avec son flot de formules open bar pour spring breakers en mal de coma éthylique. C’est d’autant plus désolant pour le gérant du 1881, qui reste de bonne foi malgré tout, face à ce lendemain de gueule de bois aux allures de douche froide. Face caméra, il avoue vouloir organiser des soirées ouvertes à tous et affirme qu'en 14 ans d’existence, c’est la première fois qu’un tel événement se produit.
Alors, pourquoi cette explosion de violence ce soir-là ? S’agit-il d’un affrontement entre bandes rivales, de tensions sous-jacentes, d’un phénomène de gang ?
On aimerait avoir plus d’informations, car cette impression d’assister, impuissants, à notre propre péril jeune est insoutenable. Dans tous les cas, l’alcool n’excuse pas tout. Ce qui est souvent occulté, c’est que certains jeunes consomment aussi des " cachetons ", qui font office d’amphétamines du pauvre. Les mélanges ne font jamais bon ménage, surtout quand ils font péter les méninges. Rien qu’à voir le clip culte de Prodigy - " Smack My Bitch Up " pour voir ce que ça fait de valser dans le décor.
À moins que le véritable concept de la soirée, non communiqué jusqu’alors, ait été une bar-mitsva géante… Mais quand on voit que certains ont troqué la kippa pour des capuches, on est loin d’un remake de La Vérité si je mens.
On ne cherche pas à excuser l’inexcusable, mais à comprendre, pour éviter que cela se reproduise. Ces incidents ne profitent à personne (quoique… j’ai ma petite idée, que je partagerai plus loin). Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas parce qu’on a la bonne couleur de peau pour crier Kanaky que cela légitime, et encore moins annoblit, des actes de délinquance. D’autant plus, un 8 mars, jour de célébration des luttes féministes, des femmes, autrement dit de nos mères respectives.
Cette lutte de libération d’un peuple autochtone n’a, Dieu merci, aucun rapport avec des individus qui pètent des câbles sous l’emprise de l’alcool ou d’autres substances, détruisent un établissement qui les accueille et ternissent une soirée organisée pour eux. Si certains souhaitent comprendre ce qu’est une lutte pour l’émancipation d’un peuple, ils feraient mieux de regarder les images de Gaza ces cinquante dernières années. Ça leur remettrait, on l’espère, les idées en place.
Sans grande surprise, les loyalistes se délectent de ce genre de faits divers, qui les maintiennent électoralement. On pourrait presque croire que Backès et Metzdorf font des offrandes au dieu de la guerre civile pour être gratifiés de tels événements, leur permettant de vendre leur projet d’apartheid. Bien aidés, il faut le dire, par les connexions de Backès avec la scientologie pour se fournir en placenta humain (humour noir).
Quoi qu’il en soit, Metzdorf nous gratifie, comme à son habitude, d’une analyse qui ne vole pas très haut. Il faut dire qu’avec un niveau bac à sable, lui et son fan-club viennent récemment d’agresser le ministre Valls, au point que ce dernier a rebroussé chemin en plantant Metzdorf et Backès dans le décor de leur démagogie.
Un député de la première circonscription qui donne des leçons de maintien, alors qu’il parle lui-même à son ministre de tutelle comme une racaille… Pardon, comme un cow-boy déguisé en bourgeois de Provence, avec un langage fleuri, loin de sentir la lavande (sauf peut-être celle qu’on perçoit aux " waters "). Il se fait recadrer sur son propre terrain par Valls, aka la plus grande girouette politique de France, d’Espagne, voire d’Europe, qui, pour le coup, affiche plus de dignité que Metzdorf et Backès réunis.
Ces derniers, véritables Boule et Bill locaux, entourés de leur secte d’afrikaners, n’attendent qu’une occasion pour tirer dans le tas.
Dans ce cadre, si j’avais un message à adresser à cette jeunesse qui s’égare, à nos petits frères, nos petites sœurs, ce serait celui-ci :
La lutte pour l’émancipation d’un peuple, ce n’est pas un jeu. Ce n’est pas un prétexte pour faire des vues sur TikTok. La lutte pour la pleine émancipation de tous, en particulier de notre identité océanienne, c’est ce qui nous définit. C’est ce que nous sommes. C’est tout ce que nous avons. C’est ce qui nous transcende. Ça se transmet, mais surtout, ça se respecte.
Respecter cette lutte, c’est aussi peser ses mots. Une culture millénaire ne se construit pas sur des actes irréfléchis et des provocations gratuites. Ceux qui sont tombés hier l’ont fait pour qu’on ne demeure pas à genoux aujourd’hui.
Ne salissons pas leur mémoire en tendant le bâton pour nous faire battre.
Parce qu’en face, ils n’attendent que ça...
Alors, on reste concentrés, et surtout, on reste dignes !