« Le témoignage très ancien de l'impérialisme est réuni dans les mémoires du capitaine Cook. Cet officier qui parcourt le monde n'est absolument pas surpris par ce qu'il découvre. Pourquoi ? Parce que ces îles et ces nouveaux peuples viennent s'installer dans la cartographie de ce monde unifié qu'il est en train de constituer. Et quand il bombarde quelques îlots sauvages, ce n'est pas du tout par méchanceté, mais par pédagogie. Les modernes n'ont jamais été vraiment méchants, ils ont fait des guerres, certes, mais toujours pédagogiques, puisqu'ils ne faisaient qu'enseigner l'évidence du monde commun qui était celui de la nature, de la technique. Or, cette position est bien évidemment devenue insensée. »1
Cet article a pour ambition d'analyser un modèle de domination mondialisé hérité d'anciennes puissances impérialistes. Pour ce faire l'argumentaire qui va jalonner cet écrit se verra comme son titre le sous-entend, critique envers le néo-libéralisme, et tentera de déconstruire, une modernité occidentale de son élégante allure philanthropique. Autrement dit d'une mission messianique qui consisterait à ériger l'homme total, l'homme entier, mission qui incomberait à l'occident car lui seul aurait réussi suite au siècle des Lumières, à surmonter à bon compte l'antagonisme de la passion contre la raison, de la nature contre la technique, des particularismes contre l'universalisme et enfin de la tradition contre la modernité. Le néo-libéralisme comme continuum coloniale car le bras armé de la globalisation financière étant l'Etat ( comme ce fut le cas pour la colonisation au profit des empires) qui s'argue à travers son armature législative du monopole de la « violence légitime » envers la société civile en prônant la croissance, un retour à l'emplois, un bien-être indissociablement lié à une forme de consumérisme , le fameux « pouvoir d'achat » ( modèle se basant sur la période des Trente Glorieuses). Cette doxa néo-libéral vise à ériger le « marché libre » telle une entité qui transcenderait la société, qui au gré de ses humeurs impacterait celle-ci à travers le phénomène de dérégularisation en grignotant chaque jour sur nos droits fondamentaux ( sécurité sociale, droits de grèves, code du travail), nous laissant à la merci de son bon vouloir. Il apparaît alors que le système capitaliste se nourrit des inégalités sociales qu'il prétend combler, tandis qu'il nous est imposé tel un subterfuge comme étant la solution à tous nos problèmes, et en aucun cas le maux...
« Les beaux quartiers de Nouméa, les plages, les hôtels de bord de mer, sont pour les Blancs. Les quartiers misérables sont pour les Kanak. »2
La colonisation nous explique Frantz Fanon dans Les damnnés de la Terre, c'est la séparation des espaces. Cette citation ci-dessus nous invitent à penser que cette île ne semble pas échapper à cette logique. Si ce pays n'offrirait pas certains privilèges du au passé colonial,est ce que le succès de cette destination aurait été le même auprès des « expatriés3 » ? Qu y a t-il de commun quand le prestige social des uns et basé sur la spoliation des terres et des richesses des autres. Il y a de ça des années déjà c'est vrai à travers la colonisation, pour autant ses rapports de pouvoirs semblent se renouveler par le biais du capitalisme, comme une forme de néo-colonialisme.
« Pour une grande part, la population caldoche,qui se prononce en faveur de la Nouvelle-Calédonie française, ne le fait pas par amour de la France. Ces gens se prononcent pour la Nouvelle-Calédonie française parce qu'ils ne veulent pas perdre leurs privilèges. »4
La France qui pourtant bombe le torse quand à sa révolution, et se félicite d'avoir abolie les privilèges hérité d'un système féodal ne s'offusque nullement quand il s'agit de retracer le système de domination qu'elle a mis en place dans ses colonies et qui perdure encore notamment ( à titre d'exemple la controverse du Franc CFA). Face à un modèle prédateur en Afrique, un modèle « blanc euro-centré », qui précède d'un haut degré de racisme dissimulé, à comprendre ici « un racisme de civilisation » ( Balibar, 2018).
« Ce qui dirige notre attention vers un fait historique plus difficile encore à admettre et cependant crucial, à propos de la forme nationale française des traditions racistes. Sans doute il existe une lignée spécifiquement française des doctrines de l'aryanité, de l'anthropométrie et du génétisme biologique, mais la véritable « idéologie française » n'est pas là : elle est dans l'idée d'une mission universelle d'éducation du genre humain
par la culture du « pays des droits de l'homme », à laquelle correspond la pratique de l'assimilation des populations dominées, et par conséquent la nécessité de différencier et de hiérarchiser les individus ou les groupes en fonction de leurs plus ou moins aptitude ou de résistance à l'assimilation. C'est cette forme à la fois subtile et écrasante d'exclusion/inclusion qui s'est déployée dans la colonisation et dans les variante proprement française ( ou « démocratique ») du « fardeau de l'homme blanc ». 5
La « méconnaissance crasse » qui suinte le débat quant à l'indépendance ou non de cet archipel a tendance de manière faussement arbitraire d'érigé l'exemple de l'indépendance vanuataise en tant que la « Cuba » du Pacifique Sud, occultant par « confort intellectuel » toutes formes d'oppressions systémiques émanant d'anciennes puissances coloniales 6 a déstabilisé les pays nouvellement indépendants 7 et/ou renouveler leurs domination ( Franc CFA). L'usage de cet exemple sert d'avantage une hypothèse essentialisante voir négrophobe 8. Le Vanuatu serait alors le « Cuba du Pacifique Sud » en évoluant en marge des recommandations de certaines institutions internationales9 comme la Banque Mondiale, et le FMI. Suivi de près par l'argument de « l'ogre chinois », marquant la séduisante facilité de faire un amalgame de plus en citant ces deux phénomènes. Soulignant surtout la difficulté d'élever le débat à un niveau macro-social. La menace chinoise aussi terrifiante soit-elle est présentée comme telle en Occident expliqué par le détrônement de celui-ci dans l’échiquier du leadership mondial. Cette situation est symptomatique d'un modèle occidental qui a déjà vécu sa révolution industrielle et qui peine à se renouveler, il flirte avec les questions identitaires ( débat sur l'identité nationale) et en pointant du doigts les communautarismes comme obstacle à un rayonnement national 10. Cependant c'est plus la difficulté pour l'Occident de se réinventer qui semble cristalliser ses inquiétudes face à la montée des puissances émergentes comme la Chine. La doxa néo-libérale qui a pourtant pris vie en Occident est en train d'asphyxier celui-ci. Pour le sociologue américain Anthony Giddens « l'Occident souhaite la mondialisation alors que celle-ci affaiblit son pouvoir11 ».
« Le monde occidental a inventé le modernisme ; le désinventer serait son seul prestige. Il peut être le maître de cérémonie de ce changement. Il fut certes un très mauvais maître pendant la période impérialiste, mais rien ne l'empêche de s'améliorer. Il doit en quelque sorte sortir de la salle planétaire et revenir en se présentant mieux. »12
L'antagonisme de la tradition vs la modernité, est omniprésent dans ce débat relatif à l'autodétermination de cet archipel, faisant office de comparaison entre société matérialiste et non matérialiste. D'où la difficulté d'un entre deux, tant la vision bi-polaire obscurcie le débat. L'argument caricatural du « retour à un âge de pierre » est naïvement prédisposé. Comme si le passage de l'un à l'autre était possible, et aussi simple. Cette caricature est assez révélatrice d'un souhait univoque de mettre de côté tout les aspects négatifs de la colonisation, dans le but de se concentrer sur les « bienfaits de la colonisation » afin que l'individu emprunt de nostalgie retrouve la raison quant à sa vision fantasmé ou non du passé, qu'il n'aurait pas ou peu connue et dont il ne peut que s'imaginer les contours. De ce fait il ( s'il retrouve la raison ), pourra ( s'il le souhaite) prêter allégeance à la société de la consommation de masse, autant dire l'apothéose de la civilisation contemporaine, et dont le mérite mais surtout l'assimilation constituerai le « tapis rouge » menant vers la lumière de la superbe occidentale, adressé aux indigènes qui sont encore réfractaires, ou pour ceux d'entre eux qui songerai ( dans l'obscurité ) timidement à l'emprunter.
« Certes, il y a encore des cases de boue séchée où des indigènes demi-nus qui portent des scarifications sacrifient aux fétiches ; mais pour combien de temps encore ? Ne rêvent-ils pas de remplacer le pisé par des parpaings, la paille du toit par des tôles ondulées, la lampe à pétrole par l'électricité, les fétiches par des appareils électroménagers et des savants ? Le voudraient-ils, pourraient-ils échapper à l'unification de l'univers alors que l'oeil des plus puissants satellites peut observer leur moindre mouvement et que leurs oreilles peuvent enregistrer leurs conversations les plus intimes ? Le temps du monde fini a bien commencé et il a commencé comme fin de de la pluralité des mondes. Un seul monde tend à être un monde uniforme. Cette indifférenciation des êtres humains au niveau planétaire est bien la réalisation du vieux rêve occidental. En se conformant à l'american way of life, les êtres humains réalisent l'achèvement du fantasme de Theodore Roosevelt d'américanisation du monde, mais aussi celui de tous les impérialistes. Comme le dit Anatole France : « Le rêve d'une plus grande Amérique, conduit quoi qu'on veuille et quoi qu'on fasse au rêve d'une plus grande humanité13. »
Cette unification du monde achève le triomphe de l'Occident. On sent bien que ce n'est pas tout à fait une fraternité universelle qui est le terme de cette expansion dominatrice. Il ne s'agit pas d'un triomphe de l'humanité, mais d'un triomphe sur l'humanité, et comme les colonisés de naguère, les frères sont aussi et d'abord des sujets. »14
Les pages suivantes seront découpés en deux grandes parties. Tout d'abord une brève partie historique sur le passé colonial qui laissera la place ensuite à une partie politique découpées en trois sous-parties ; le destin commun comme projet politique flou, le communautarisme quels enjeux, puis une identité néo-calédonienne et/ou kanak, en devenir viendra boucler cette section. La conclusion axé sur l'enjeu social et égalitaire marquera le terme de cette analyse.
I L'historique
Le passé colonial
« Cependant, le rôle de l'altérité comme élément de construction de soi a été bien différent, en fonction des acteurs sociaux et historiques en présence. Au cœur de sa fabrication, on a en général mis des « êtres » traditionnels, à qui, le plus souvent, on a dénié d'emblée les traits de la modernité, c'est à dire, en réalité, de l'individualité. Membres de sociétés rurales, traditionnelles, ou résidus au cœur de la modernité de modes de vie passéistes et groupaux, ils vivent tous sous le primat de la collectivité. On a jeté sur d'autres l'opprobre d'une perversité ou d'une stigmatisation, d'un discrédit moral et social, leur interdisant aussi d'être capables de se tenir de l'intérieur.
On pourrait bien entendu trouver maintes figures héroïques, à des périodes historiques et dans des traditions nationales différentes, visant à incarner cette représentation de l'individu souverain. (…) Là où l'individu est censé être capable de résister au monde, capable de tenir et de se tenir lorsque le monde, c'est à dire son monde social, s'effondre...15 ».
L'histoire de la période colonial se juxtapose entre territoires occupés, les plaies engendré par l'impérialisme d'hier, sont restées encore aujourd'hui ouvertes . La France favorise tout de même un « rééquilibrage », ( du moins en Nouvelle-Calédonie, suite aux accords de Nouméa, et Paris), en subventionnant par exemple des programmes de formations, visant à établir une « classe moyenne indigène »16. C'est en quoi le programme « Cadre avenir » serait du fait de l'ancienne puissance coloniale d'instituer à travers la « méritocratie », son manifeste bon vouloir. Paradoxalement la dite métropole française, a du mal à insérer dans un contexte de post-industrialisation ses ressortissants issues de l'immigration. Dès lors, quelle est donc cette spécificité « kanak », qui incite la France a se « montrer indulgente » en faisant office d'exception en matière d'intégration de peuplade indigène, dans la région Asie-Pacifique. Ce processus relèverai t-il d'une forme, de « social washing », voir de « racial washing » ? La raison étant que les exemples du cas des aborigènes en Australie, et celui des papous, font office d'une hiérarchisation morbide, quant aux préjudices subies pendant le temps colonial, avec pour référence ( dans la région du moins), l'holocauste des aborigènes. La proximité spatiale, ainsi qu'ethnique avec les kanaks, fait que le parallèle paraît incontournable. Cette comparaison ( si elle a lieu d'être) ferait la timide éloge de « l'exception française ». Tout autant qu'elle servirait a estompé un tant soi peu les violences subies lors de la colonisation en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, du moins « d'envisager » de les relativiser.
« Aujourd'hui encore, le continent africain est perçu dans l'opinion courante comme un monde d'ethnies, de nations au rabais, ( ethnos en grec désigne les peuples qui n'ont pas accès à l'intégration politique dans la cité, qui ne sont pas parvenus à ce stade). Au début du processus en chaîne ouvert par l'implosion de la Yougouslavie, François Mittérand employait la formule de tensions ethniques pour minimiser les affirmations nationalistes dans les Balkans. » 17
II Le politique
Le destin commun, un projet politique « flou »
« Cette tension entre race, culture et nation n'avait point été entièrement effacée, ni par la Révolution ni par le républicanisme. Certes la Révolution avait affirmé la primauté de l'égalité de tous et de la commune appartenance à la cité républicaine sur toutes autres formes de distinction sociale ou raciale. Mais, en même temps, la France révolutionnaire n'avait cessé de faire de la différence raciale un facteur de définition de la citoyenneté. Petit à petit, la tension entre un universalisme ignorant de la couleur et un républicanisme libéral friand des stéréotypes raciaux les plus grossiers s'était enracinée dans la science et dans la culture populaire françaises au moment de l'expansion coloniale. Elle s'était exacerbée dans un contexte où l'impérialisme colonial avait pour fonction de revivifier la nation et le « caractère français » et de « diffuser les bienfaits de la civilisation ». Au demeurant, la nécessité de diffuser notre « civilisation » ne se justifiait que par la distinction nationale entre la France et ses Autres. » 18
Le « destin commun » nous est amené telle une démarche inextricable, sans favoriser de de « justice sociale ». Laissant transparaître une fébrilité du politique, dépassée par des enjeux contemporains, se focalisant alors sur des objectifs court-termiste 19. Le « destin commun » permet avant tout de faire accepter sa domination, à ses subalternes, via une présumé égalité entre tout un chacun 20. Ce rôle de mettre en place l'égalité, est attribué à la figure de l'Etat Providence, qui par ses devoirs régaliens, assurer une certaine égalité des chances via notamment le service public ( l'éducation, la santé, etc). Hors le retrait de l'Etat au profit du secteur privé, en prétextant le manque de moyens, dû à la somme exorbitante que nécessite le service public. Argumentation teinté de fatalisme qui cherche à délégitimer l'Etat Providence, en dénonçant des dérives partenalisantes, tout en institutionnalisant des libertés individuelles qui s'inscrivent dans une « logique de marché » ( la propriété privée). Suite à quoi le « destin commun » émergea comme le nouveau visage de la « méritocratie », expliqué par une vision fonctionnaliste, qui induit que pour prendre part à ce projet sociétal. On se doit de tenir un rôle dans la société qui soit profitable à cette dernière. Ce rôle ne peut être qu'éminemment économique. C'est en cela que, le destin commun promeut un « système méritocratique ». En raison de quoi, ce projet politique s’accommode t-il, de cette notion de « commun » 21 ? Comment ce « destin commun », comme émulation ontologique peut-elle fédérer22 ? Autant de questions, qui divulguent, une vision peu, ou pas claire dans l'imaginaire collectifs ( si ce n'est une réticence). Faisant les beaux jours de la bi-polarisation de la classe politique, qui se légitime en partie, en institutionnalisant, un climat de « tension sociale », au vue des référendums ( pour ou contre l'indépendance de la Nouvelle Calédonie), sans vraisemblablement favoriser d'alternatives au modèle dont lequel le « pays » évolue, et qui s'avère, source de ses maux. Dès lors, le politique semble figé dans une vision passéiste du modèle industriel, issue des « trente glorieuse », symptomatique non seulement d'une classe politique vieillissante, mais plus d'un asservissement à l'économie de marché. De délayer dans un cadre discursif, la légitimation de leurs mandats qui tiendrait en partie sur leurs capacités à surfer sur la vague de la peur, avec pour toile de fond des rixes communautaires/ethniques, comme tsunami. Si bien que les instances politiques semblent hostiles à toutes formes de contre-pouvoirs ( avant tout citoyenne), et s'accrochent aveuglément à un modèle industriel qui paraît désuet énergivore, tel un junkie...
Le communautarisme, quels enjeux ?
Un enjeu politique/électoraliste
« (…) l'idée de 'communautarisme' s'est progressivement imposée dans les discours politiques et journalistiques, à partir de la décennie 1990. Il montre que la diffusion quantitative de ce néologisme typiquement français va de pair avec un changement qualitatif de la configuration du discours politique. Cette nouvelle catégorie autorise un réarmement de l'idéologie ethnonationaliste qui soutient l'Etat-Nation, et permet la diffusion dans le 'débat' national de thèmes de plus en plus interprétés sous l'angle de la menace à l'égard d'un 'ennemi intérieur'. Le flou du terme et la généralité de ses usages permettent de redéployer la figure de l'ennemi selon les circonstances, et ainsi d'étendre une logique polarisée et militarisée du contrôle social à des dimensions croissantes de l'espace public. »23
Le « vivre-ensemble » paraît enlisé dans un dualisme ( loyaliste – indépendantiste). Ce bi-partisme a vue jaillir une balkanisation de la classe politique courant 2019 ( l'Eveil Océanien, Construire Autrement), qui sont nés de ce schisme. Les loyalistes qui s'offusquaient du communautarisme, ( s'alignant sur les discours politique métropolitain ambiant ), pratiquaient pourtant un clientélisme ethnique ( « l'affaire des emplois fictifs »), qui tenaient en partie, à bout de bras la légitimité de leurs mandats. Aujourd'hui c'est ce même communautarisme qui les a « lâché » ( relatif au résultat de Calédonie Ensemble). Suite à quoi, l'instrumentalisation de la figure de « l'autre », nous laisse envisagé un « deux poids deux mesures », institutionnalisé, du fait de pointer un communautarisme par le politique comme un « mal intérieur ». Tandis que le « communautarisme capitaliste » ( le CAC 40) bénéficient de faveurs ( suppression de l'ISF, CICE).
La mobilisation d'une « identité nationale » atavique dans le débat politique, permet aux xénophobes de vouloir imposer la « transparence » chez l'autre comme une sorte de miroir permanent dans lequel ils pourraient se reconnaître. Il y a cependant des intransmissibles entres cultures de ce que Glissant décrit comme « opacité ». Un des grands enjeux contemporain pour lui, consiste à faire accepter dans l'imaginaire collectifs, cette notion d'opacité chez l'autre. De sorte que le respect du divers devrait être une composante centrale du « destin commun », rejoignant la notion de « mondialité24 » théorisé par Glissant. Toutefois la modernité occidentale est une ode ( euro-centré, assumé) au rationalisme, faisant l'apologie de la décontextualisation du sujet ( l'homo oeconomicus). Traduisant, l'essence universaliste de l'Occident, à occire ( du moins contenir, voir dominer) toutes formes de particularisme, qui évoluerait en marge de son influx.
« L'Occident s'est épanoui sous la forme d'une matrice du lien social tout à la fois abstraite et réaliste. Le contrat social, les droits de l'homme concernent l'homme en général, le citoyen du monde, mais l'Europe concrète s'est trouvée une identité spécifique dans l'appropriation particulière de ce projet universel : d'où une prolifération d'Etats organisés à peu près sur le même modèle. L'abstraction de ce type de socialité se manifeste par la montée des agents fonctionnels : la bureaucratie. La bureaucratisation qui est le pendant de la technocratisation dans l'économie, et finit par osmose et symbiose par fusionner avec elle, participe au déracinement des sociétés traditionnelles. »25
La réappropriation de valeurs collectiviste dans un « monde fini » peut constituer en soi une forme de progrès. Répondant aux besoins d'horizontalité, face à la structure pyramidale des sociétés contemporaines, qui depuis la crise des subprimes est remise en question. On assiste à un retour en force des valeurs communautaires/collectivistes dans tout les pans de la société.
Au niveau économique cela se ressent, par une préférence pour des entreprises flexible ( starts ups), ainsi qu'un regroupement de ces dernières en communautés ( co-working, fab-lab), afin de mutualiser les outils de travail ( bureautique), et de miser ainsi sur « l'effet réseau », de rompre avec l'isolement des porteurs de projets26. Mais pas que, pour les grandes entreprises, cela se traduit par une externalisation de la production, en recourant a d'autant d'intermédiaires pour les mettre en compétition et ainsi avoir une meilleure gestion des coûts. Les Parcs Industriels à Fournisseurs matérialise ce souhait, qui est propre à un « transfert de risque » du donneurs d'ordres vers ses subalternes, comme un risque en cascade, quant à la gestion des coûts, des délais de production, et surtout à l'incertitude des commandes. La mise en place de coopérative a misé sur la force d'un groupe notamment de producteurs ( café, cacao, etc), dans le but de pouvoir négocier à la hausse le prix de vente, le fruit de leurs labeurs, face aux grossistes. Il existe aussi des groupements de consommateurs d'achat, afin de négocier les prix ( tarifs de groupes, etc).
Au niveau social on recense de plateformes d'associations en tout genre, de lobby citoyen afin d'un tant soi peu inverser un rapport de force face à des situations vécues comme absurde ( le plaidoyer, se regrouper autour d'un cahier de revendications pour avoir une voix qui pèse plus en collectif d'associations). Sans parler d'individus qui s'achètent des terres, pour y établir une communauté au sens propre du terme, dans une optique d'auto-suffisance, et de décroissance. Sur le plan transnational on observe que les transferts d'argent des exilés ( qui vivent en majorité dans les pays du Nord, et envoient dans les pays du Sud). Ces transferts d'argent constitueraient trois fois la somme du budget de l'Aide Public au Développement, selon la Banque Mondiale en 2011. Partant de ce constat, les discours politiques qui fustigent le communautarisme, comme frein au progrès. Constitue un argumentaire populiste, occultant la tendance de la société à s'organiser en autant de groupes, pour se prémunir de toute crises éventuelles, résultant des dérives du « marché unique »27. Nous amenons à nuancer ce type de discours, de dénoncer à travers le communautarisme un « entre soi », comme néfaste à l'unité nationale. Tandis que cet ethno-natiolisme ( populisme) établit selon ses critères les contours d'un lien supposé viscéral avec la nation, donc d'institutionnalisé cette même forme « d'entre soi », non sans une certaine volonté assimilationniste. Etant donné que le communautarisme constitue d'après les nationalistes, autant de « micro-nationalité » au sein du territoire nationale28, qui profiteraient de la civilisation moderne, sans pour autant d'après leurs dires adhérer aux valeurs de celle-ci 29.
« Comment nous faire taire, nous qui parlons sans paroles, rien qu'en existant, de ce que tous voudraient ignorer ? Nous sommes la révélation permanente, insupportable, d'une condition trouble. » 30
« Il me semble que le système français incarne de manière extrême l'universalisme le plus abstrait qui reflète « une colonialité du pouvoir à la française ». Contrairement aux discours ambiants, le communautarisme en France est surtout un communautarisme blanc, masculin et élitiste. Les instances de pouvoir, qu'il soit politique (Parlement...) ou économique (grandes entreprises) sont tenues par le même groupe qui ne cesse de reproduire ses privilèges. Le paradoxe, c'est qu'on taxe certains groupes ethniques de communautarisme alors qu'on ne leur laisse pas de véritables moyens d'accéder à certaines sphères socio-économiques. Ils ont beau subir de multiples discriminations à l'école ou au travail depuis des décennies, leur capacité à se défendre est très limité. Les émeutes d'octobre 2005 illustrent l'impasse dans laquelle se trouve le système français qui proclame d'un côté une égalité théorique et qui de l'autre échoue à imposer une réelle égalité des chances.»31
Le destin commun porte l'attention sur l'intégration du pluralisme en s'imprégnant de la question raciale de manière équivoque ; puisque d'un côté, le pluralisme est perçu ( à long terme) comme une richesse, tandis que de l'autre ( à court-terme en période électorale) est décrié à travers le communautarisme comme un mal intérieur32. Les questions identitaires sont mobilisé sous fond d'ethnocentrisme, ce qui a tendance à rendre le débat relatif à un dialogue de sourd. Le bi-partisme de la classe politique s'amorce par des prénotions propre à un « différentiel civilisationnel » laborieusement dépassable, voir insoluble pour certains33, alors que d'autres dénoncent une racialisation de la figure de l'autre, comme source d'exclusion sociale ( du moins de certaines strates sociales). Cet affrontement politique manichéen a tendance à travestir le débat politique autour de la question ( de façon plus ou moins implicite) raciale. De connoter ce destin de « commun », relève d'une ambiguïté, du fait que le capitalisme tire profit, de la compétition entre les individus. Dès lors le « destin commun » néo-calédonien est un faux garant d'une paix sociale, puisqu'il perpétue un système de domination et d'exclusion pour les individus les moins capables ( voir les moins désirables, qui sont souvent des kanaks/océaniens).
« Un racisme constant dans la forme et dans le venin (…) permet d'étendre ou de contracter, selon les besoins et dans un espace-temps particulier, le nombre de ceux qui sont disponibles pour les salaires les plus bas et les rôles économiques les moins gratifiants. (…) Il fournit une base non méritocratique pour justifier l'inégalité.(...) C'est précisément parce qu'il est doctrinairement anti-universaliste que le racisme aide au maintien du capitalisme en tant que système. » 34
Il est important de nuancer, qu'il existe deux type de communautarisme l'un que l'on qualifiera de communautarisme de subsistance , qui recense des réseaux d'entraide de solidarité, autour d'une appartenance commune ( pas obligatoire), tandis que le second est un communautarisme de domination qui traduit un élitisme, qui prend la forme d'une oligarchie ( monopole oligopolistique ).
« Les personnes blanches ont dû mal à discuter de la blanchité et des privilèges qui sont liés à cette place parce qu’elles ne se voient pas comme racialisées. Le sujet blanc marque les autres sans se marquer. Or, il s’agit de réfléchir au fait que leur place de privilégiés n’a pas été naturellement fixée, figée. Leurs privilèges sont construits sur la base de l’oppression d’autres groupes. Et le fait que les individus blancs ne comprennent pas qu’eux aussi parlent d’une place, d’un lieu spécifique, fait qu’ils ne comprennent pas la place du Blanc comme métaphore du pouvoir. » 35
Une identité néo-calédonienne et/ou kanak, en devenir
« La décolonisation a vu surgir une pléthore d'Etats nouveaux dont les frontières résultent des découpages plus qu'arbitraires du partage colonial. Ces Etats, souvent artificiels, du tiers monde tentent d'imposer à leurs « néo-citoyens » une identité nationale abstraite et vide. Ce faisant, ils luttent avec un acharnement digne d'une meilleure cause contre les identités culturelles des ethnies concrètes. »36
La Nouvelle-Calédonie éprouve la difficulté de se projeter dans un « destin commun » sans « moi commun », l'identité néo-calédonienne étant en devenir. Son essence 37 se construit progressivement 38. Au stade embryonnaire, elle est le choix d'autrui ( ici des institutions). Or de fil en aiguille elle s'affirmera, par la société civile, qui la façonnera. De plus, pour Sartre « l'existence, précède l'essence », du fait que l'homme existe d'abord, et doit ensuite inventé sa nature, son identité 39. Cette île a entamé le chemin de la décolonisation, malgré ce processus, la reconnaissance du peuple premier n'est pas tout à fait acquise. Ce constat s'inscrit dans une tendance globale, qui tarde à rendre aux sociétés vernaculaires, le droit ainsi que le respect, qui leur est due 40. En l'état actuel des choses, l'identité néo-calédonienne sert de « soubassement politique », hormis que son essence se manifeste sous une forme d'altruisme 5. Selon Sartre nous, nous construisons grâce à autrui. Notre liberté, s'articule via la liberté d'autrui, sans celle-ci, il ne peut y avoir de liberté du soi 6 . Tout comme la morale du conte amérindien emblématique du mouvement le colibri, mené par Pierre Rabhi, n'est pas de faire sa part, mais de ne jamais faire seul. La finalité n'est donc pas d'être libre, mais d'être libre ensemble. En ce sens, l'identité néo-calédonienne ne peut s'ériger sans l'autre, telle une démarche d'altérité, se reconnaissant une essence multiculturelle 7.
« Au cours du XIX è s, les modèles du racisme populaire en France étaient en partie liés à des transformations sociales de grande ampleur ( telle que la colonisation, l'industrialisation, l'urbanisation, la montée de la famille bourgeoise), qui octroyaient un caractère d'urgence à la question de la différence en général et à celle des différentes qualités raciales en particulier. Au dédain aristocratique à l'égard des sans culottes de l'époque de la Révolution répondait alors, comme en écho, celui de la démocratie bourgeoise à l'égard des classes laborieuses naissantes. La race était à la fois le résultat et la réaffirmation de l'idée générale de l'irréductibilité des différences sociales. Étaient en dehors de la nation tous ceux qui se situaient en dehors de ses caractères racialement, socialement et culturellement définis. Dans les colonies également, l'identité nationale voire la citoyenneté se confondirent étroitement avec l'idée raciale de blancheur. » 41
Mais alors qu'est ce qu'être calédonien ? Ce qui découle de l'imaginaire collectif, c'est qu'être calédonien s'inscrit dans une perspective progressiste tandis que la question identitaire kanak via son souhait d'une plus grande reconnaissance de sa culture est perçu comme régressive. Est ce que le fait d'être kanak signifie systématiquement d'être calédonien, ou est ce que l'individu d'origine kanak selon son attitude volontaire ou non, a vacillé entre tradition et modernité lui permet d'être kanak, et à la fois calédonien, car ces deux identités semblent renvoyer à un idéal politique différent ( progessiste-calédonien contre traditionnaliste-kanak). De plus les courants politiques de tout bords ne remettent pas vraiment en cause le postulat du patriarcat42, postulat qui semble « faire bon ménage » à la fois avec la construction d'une identité calédonienne pourtant progressiste, et d'une identité kanak qui se revendique comme tribaliste. Cette dernière remarque tend à nuancer la représentation progressiste de la modernité occidentale, étant donné que la question de l'égalité homme/femme a toujours constitué le talon d'achille, de cette dite modernité43. Compte tenu de quoi la société mélanésienne recense une féminisation croissante de son intelligentsia.
Apportons de fait un discrédit quand à une représentation de la femme kanake, soumise. Fort de ce succès la société mélanésienne mute, s'adapte au détriment semble t'il, de l'hommes kanak qui peine à trouver sa place, tiraillé entre son milieu traditionnel ou il détient d'office un statut, face au monde moderne qui lui impose ses codes44.
« Le contenu de la coutume dans son action la plus significative et le droit coutumier, qui se fonde sur elle, se trouvent concernés aussi bien par l'ordre, la consolidation, la sainteté du véritable mariage ( surtout là où il est une pure monogamie) que par le partage, la satisfaction des besoins, l'utilisation des champs ainsi que par le domaine où les deux sphères se rencontrent, et d'où résultent la possession et les droits des familles individuelles et de leurs membres, la dot et l'héritage. Notre coutume, la coutume de nos pères, celle du pays et du peuple ne font qu'un. La coutume consiste plus dans la pratique que dans les sentiments et les opinions. Dans le sentiment, elle se manifeste de la façon la plus vivante comme douleur et aversion quand elle est blessée, brisée, et c'est alors qu'elle réagit par des actes et des jugements ; et l'opinion prend d'autant plus parti pour elle quand elle se trouve particulièrement affectée par le changement, même s'il s'agit plutôt de l'opinion des anciens que celle des jeunes. C'est avant tout dans la commune, et dans les villages qui l'environnent, que règnent la coutume est le droit coutumier ; c'est d'après celui-ci, comme d'après la volonté générale, commune et authentique, que se dirigent les hommes liés entre eux dans les domaines, larges ou étroits, de leur action et de leur conduite ; les maîtres dans leur domination, les domestiques dans leur servitudes ; ils croient qu'ils doivent agir de la sorte et que c'est bien de le faire parce qu'il en a toujours été ainsi. La concorde et la coutume se conditionnent et se favorisent réciproquement, mais elles peuvent aussi entrer en conflit jusqu'à considérablement se désajuster l'une par rapport à l'autre. Elles ont toutes les deux nécessairement en commun le fait qu'elles exigent la paix, c'est à dire, pour le dire négativement, qu'elles s'opposent aux nombreuses causes de guerre ou tentent d'aplanir et d'apaiser celles qui existent. De ces deux tâches, la première revient à la concorde, en tant qu'esprit de famille et de corps, la seconde à la coutume. Car dans le cercle familial étroit que toutes sortes de disputes, de frottements et de chocs sont assurément probables en raison des contacts constants et rapprochés, et plus particulièrement quand s'y manifeste une égalité d'âges, de forces et de droits ; mais les disputes y passent aussi plus vite quand changent les sentiments et les dispositions ; elles sont regrettées et pardonnées facilement ; elles cèdent aussi plus vite devant le bras supérieur, devant l'autorité naturelle qui réunit en elle les différents pouvoirs d'une manière sensible et évidente. Mais plus ces pouvoirs se présentent d'une manière impersonnelle, par l'usage et par l'intermédiaire de la pensée, c'est à dire plus le cercle s'étend et plus s'imposent, à la place des rapports de parenté, ceux de voisinage, plus la discorde devient peut-être rare, mais d'autant plus profonde et plus acharnée, attisée par la haine, la jalousie et le désir de vengeance, et ici la puissance des règles transmises, qui contiennent soit une vieille réalité confirmée, soit l'expérience accumulée de décisions antérieures, doit être active afin de dissiper les discordes qui jaillissent d'une offense ou de la lutte entre les différents domaines de la liberté, de la propriété et de l'honneur.
Mais la concorde et la coutume peuvent aussi agir en commun d'une manière positive pour la paix ; elles approuvent les rapports individuels naturels, ou fondés par l'habitude, et transforment en devoirs les services réciproques et l'aide amicale ; elles expriment d'une façon plus directe, plus sensible et plus symbolique, l'unité et l'harmonie primitive ou idéelle des sentiments, de l'esprit familial, et, par là, elles les rappellent et les renouvellent. C'est en cela que résident le sens et la valeur des fêtes et des cérémonies où la participation aux joies et aux deuils, le dévouement à quelque chose de supérieur et de divin se manifestent dans des formes mesurées et harmonieuses45. »
Conclusion
Un enjeu social/égalitaire
« Toute société fabrique des stéréotypes négatifs sur les autres sociétés en même temps qu'elle se dote d'images valorisantes d'elles même. Les « barbares » sont toujours les autres. (…) Cette attitude millénaire sinon de rejet, du moins de suspicion devant l'autre, prend une tout autre dimension après la « découverte » de l'Amérique à la fin du XVè siècle. A la différence des précédents, l'Autre dont il est alors question trace un véritable principe de démarcation historique. L'humanité se divise en deux blocs. D'un côté l'Occident, et l'individu ; de l'autre, les autres. Tous les autres. Ainsi certaines études post-coloniales n'ont pas hésité à faire de la racialisation des autres ( Indiens, Noirs...) et de leur exclusion de l'humanité une des clés-refoulées-de la modernisation occidentale. La grande institution politique de l'égalité moderne serait allée de pair avec le projet d'exclure certains autres de l'humanité. L'affirmation de l'égalité des uns coïnciderait avec l'infériorisation raciale des autres-ce qui, pour la critique postcoloniale, invalide toute prétentions des modernes à l'universalité de l'égalité ( Quijano, 1998). 46».
À l'ère de l'anthropocène, la modernité est alertée par un particularisme ( peuples autochtones ), de recentrer le rôle de l'homme, et de la nature dans nos sociétés, au détriment du capital. L'égalité, est l'item moderne qui à défaut d'être universelle, nous amène à positionner l'autre, par rapport à soi. Nous sommes égaux par rapport à qui ? A quoi ? Ainsi les inégalités engendrés par le Tout ( la société ), sur le sujet ( le soi), incite un positionnement ( actif, ou inactif) face à des situations vécues ou non comme absurde. Le positionnement « actif », influencé par une morale subjective, se dissociant de l'éthique diffusé par l'holos ( le tout en grec). A la fois pour soi, ou pour l'autre, comme une démarche d'altérité qui insinuerait que l'autre n'est en rien indifférent à la construction du soi 47. L'égalité est une notion polysémique, comme le développement qui représente à la fois un état, et un processus ( Gilbert Rist, 2013). Elle est un processus d'altérité, ayant un caractère subversif, selon la rigidité du cadre en vigueur 48. Tout autant qu'un idéal humaniste, matérialisé par l'Etat de droits. L'ambivalence de l'égalité, celle de vanter les louanges d'un individualisme, comme apothéose libérale. Tandis que la prétention de son universalité à orchestrer un « cheval de Troie », avec pour finalité, une obédience global, au « marché unique » 49. De telle sorte que son instrumentalisation, par le néo-libéralisme témoigne d'une inconciliabilité entre démocratie et capitalisme. Du fait, du nouveau rapport travail/capital, au profit du capital. Propice au diktat de la technique, qui entraîne une dépossession démocratique, de la part du cratos ( le pouvoir). Dès lors suivant cette logique capitaliste l'égalité est synonyme « d'employabilité ». Mais encore que la montée de la grogne sociale, appelle à une réappropriation de la part du démos ( le peuple), de cette promesse démocratique « je veut être maître de mon destin » qui semble en échec aujourd'hui, selon le philosophe Pierre Henri Tavaillot. A ce titre, l'intégration du pluralisme, aux décisions qui visent à impacter le « bien commun », rejoint cet élan démocratique. Tel la construction d'une communauté de biens s'inscrivant dans une perspective de justice sociale. Nous amenant à nous représenter, l'égalité comme une dynamique démocratique, aux accents réformistes, en constante émulation. L'égalité par nature, questionne notre rapport à soi, aux autres, ainsi qu' à la société 50. Son universalité, nous incite à ouvrir les yeux sur le sort de l'autre, de tous les autres ( peuples indigènes, et biosphère), et a brisé le silence, qui est considéré par « l'autre » comme un silence violent.
1 Latour Bruno, Un monde pluriel mais commun, Ed de l'Aube, 2005, p.13.
2 Leroy Roland, La colonie des antipodes, 12 novembre 1988, La question coloniale dans « L'Humanité ». 1904-2004, Ed La Dispute, 2005, p.404.
3 Ils viennent avant tout pour accéder à un statut social, un pouvoir d'achat qu'ils n'auraient pas en Métropole.
4 Leroy Roland, La colonie des antipodes, 12 novembre 1988, La question coloniale dans « L'Humanité ». 1904-2004, Ed La Dispute, 2005, p.406.
5Balibar Etienne, Wallerstein Immanuel, Race, nation classe : les identités ambiguës La Découverte, Paris, 2018, p.65, p.66.,
6 En particulier quand la France pays des droits de l'homme est impliqué , rien ne doit entaché son éclat international.
7 Le retrait soudain des fonctionnaires français, la spéculation sur le franc guinéen, en Guinée Conakry par De Gaulle.
8 Comme quoi les « noirs » ne seraient pas de bons gestionnaires, qui nécessiteraient forcément une mise sous tutelle selon le bon vouloir paternaliste de l'ancien colon qui aurait réussi avec l'Eglise le pari au combien audacieux de libérer un tant soi peu les primitifs de leurs « pensée sauvage ».
9 Un temps vrai pour Cuba, qui vient de « s'ouvrir » récemment donc cela risque de changer...
10 En institutionnalisant l'image de « l'autre », de « l'étranger » à travers la posture du migrant, ou encore celle du communautarisme notamment religieux l'islam, qui entraverait selon ses dires un certain éblouissement national.
11 Les BRICS incite l'émergence d'un nouvel ordre mondial qui ferait office de « revers de la mondialisation » aux anciennes puissances impérialistes.
12Latour Bruno, Un monde pluriel mais commun, Ed de l'Aube, 2005, p.64.
13France Anatole, op .cit., p.182.
14Latouche Serge, L'occidentalisation du monde, Ed La Découverte, 2005, p.49.
15 Cit Martucelli Danilo, Grammaires de l'individu, Gallimard, 2002, p.120, p121.
16 Dans le but de « colorer » un tant soi peu les administrations, de former des « cadres » qui viendront remplir des rôles de « sous-chefs » ( non sans rappeler la figure du « compradores »), visant à faire admettre aux subalternes, la réalité de l’ascenseur social.
17 Claude Liauzu, L'usage des termes « race, ethnie, nation » dans le contexte des conquêtes coloniales françaises, Table-Ronde « Rapports interethniques à Madagascar et construction nationale (19e et 20e siècles », 4 -5 décembre 1998, sous la direction de Françoise Raison, unniversité Paris 7 – Denis Diderot.
18 Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit, La Découverte, Paris, 2010, p.66.
19 De délayer dans un cadre discursif, la légitimation de leurs mandats qui tiendrait en partie sur leurs capacités à surfer sur la vague de la peur, avec pour toile de fond des rixes communautaires/ethniques, comme tsunami
20 Par le biais notamment de mesures, qui serait cette fois prétendument « vertueuses ».
21 Si on tient compte du gap social, qui se creuse ( logement sociaux insalubre, chômage des jeunes en masse). De plus certaines ethnies semblent plus touchés que d'autres ( les kanaks, et les océaniens pour ne citer qu'eux). Compte tenu que cette construction d'une communauté pluri-ethnique, ne semble pas suivre une ornière ( d'actions politiques concrètes qui résultent de ce vœu), qui lui est propre.
22 Comment se saisir de cette notion de « commun » quand on évolue dans un système vecteur d'inégalités, et ce faisant les partis politiques de tout bords « jouent le jeu » de celles-ci soient les confortent, soient les instrumentalisent dans le cadre discursif, mais ne semblent manifesté de réelle volonté politique d'y remédier.
23 Fabrice Dhume, « L'émergence d'une figure obsessionnelle:comment le communautarisme a envahi les discours médiatico-politque français », REVUE Asylon(s), N°8, juillet 2010 -septembre 2013.
24 « Si la mondialisation est bien un état de fait de l'évolution de l'économie et de l'Histoire, et qu'elle procède d'un nivellement par le bas, la mondialité est au contraire cet état de mise en présence des cultures vécu dans le respect du Divers. La notion désigne donc un enrichissement intellectuel, spirituel et sensible plutôt qu'un appauvrissement dû à l'uniformisation que nous ne connaissons hélas que trop » Glissant.
25Latouche Serge, L'occidentalisation du monde, Ed La Découverte, Paris, 2005,p.102-103.
26 Réunir les principaux intéressés dans un espaces mutualisés, et dynamique avec pour toile de fond la démocratisation d'une culture commune ( structure ouverte au public extérieur, conférences et autres évènements ).
27 Pour le sociologue américain Anthony Giddens la notion de « risque » est au centre de la performativité des sociétés modernes. Propre aux bulles spéculatives, qui alimentent une vision court-termiste, évoluant en marge semble t-il de l'économie réelle et de la société dans son ensemble. Le communautarisme ( quand il n'a pas une finalité productiviste) est alors perçu comme un contre pouvoir qui serait une menace de ternir la superbe « techniciste » occidentale, qui s'organise en « micro-institution » en tentant de limiter les impacts de la mondialisation ( chômage, exclusion, marginalisation ) sur les individus isolés.
28 Ce sentiment de menace fait allusion au fait que si ces « micro-nationalité » s'organisent, elles représenteraient un pouvoir politique susceptible de renverser l'ordre établi, un ordre racisé et élitiste ( blanc). Face à une populace issue de l'immigration, qui peine à trouver sa place ( pour le grand nombre) au sein du pays d'accueil. Du fait de l'intersectionnalité, qui opère dans ce dernier, concernant les populations dont les origines sont issues des colonies.
29 Avec l'ombre du terrorisme comme argument incontournable et une vision de la femme musulmane soumise ( et/ou analphabète), que l'Occident se doit de sauver face aux méandres de l'obscurantisme.
30 Miano Léonora, Tels des astres éteints, Paris, Plon, 2008, p 16.
31 Grosfoguel Ramon, Le communautarisme en France est surtout un communautarisme blanc, propos recueillis par Elyamine Settoul, paru le 26 décembre 2006.
32 La modernité étant une apothéose libérale, via l'émergence de l'individualité comme processus d'occidentalisation. A comprendre ici que le système néo-libéral tolère difficilement des formes de contre-pouvoir qui viendrait ternir sa superbe. Le communautarisme d'après Ferdinand Tonnies peut constituer une de ses formes. En ce sens qu'il induit une organisation, une mobilisation qui viendrait palier aux aléas du paradigme néo-libéral. En effet, selon Alain Marie les individus n'ont d'autres choix que de se tourner vers des formes de solidarités collectives, qui représentent la seule forme de solidarité accessible pour les plus modestes. C'est essentiellement en cela que le néo-libéralisme promeut l'individualisme, car pour lui le « marché » est la seule entité, qui doit influer le destin des ses subalternes sans que ces derniers ne soient en capacité de remettre en question son ampleur.
33 La droite locale qui est issue de l'héritage politique du RPCR, qui a l'époque affichait un discours politique « décomplexé » proche de celui de l'extrême droite.
34Etienne Balibar, Race, nation, classe, les identités ambigus, La Découverte, Paris, 2018.
35 Djamila Ribeiro, propos recueillis par Anne Bocandé, publié sur africultures.com le 12 juin 2019.
36 Latouche Serge, L'occidentalisation du monde, Ed La Découverte, Paris, 2005, p.100-101.
37 L'essence d'une chose c'est sa nature, qui fait ce qu'elle est. L'existence c'est le fait d'exister dans un contexte précis.
38 Les référendums pour l'accès ou non à l'indépendance, l'après nickel, etc...
39 Celle d'être à la fois français, mais avant tout « calédonienne », voir « kanak ».
40 Que ça soit le site Uluru en Australie, le site Mauna Kea à Hawaii sans parler des différentes tribus amazoniennes., le droit à la différence des indigènes est constamment bafoué.
41 Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit, La Découverte, Paris, 2010, p.67.
42 Du moins s'empare brièvement de la question d'inégalités hommes/femmes par opportunisme politique.
43 Il est intéressant de rappeler à ce titre que les noirs ont eu le droit de vote avant les femmes blanches, que ces dernières il y a une décennie ne pouvaient ouvrir de compte en banque sans l'autorisation de leurs conjoints.
44 En général par intermittence, travaille « faire des pièces » quand le besoin se fait ressentir en tout cas pour ceux qui habitent en brousse ou dans les îles, à Nouméa la configuration est différente. Le choix dans certaines situations ( en général l'ainé de la fratrie) paraît tout tracer, celui de composer en partie en dehors de la modernité en justifiant son choix de ne pas prendre part à ce monde occidental désenchanté, du moins quoi qu'il advienne de tenir son rôle coutumier. D'être un « gardien du temple », de se réapproprier le savoir des vieux, plus encore de le transmettre à la nouvelle génération le temps venue.
45Tonnies Ferdinand, Communauté et société, PUF, Paris, 2010, p.230-231-232.
46Martucelli Danilo, La condition sociale moderne l'avenir d'une inquiétude, G allimard 2017, p.391, p.392.
47 Pour autant ce dispositif législatif bien que crucial ne soit pas suffisant pour disposer un tant soi peu des mêmes chances de réussir dans la vie. Beaucoup d'inégalités subviennent nous n'avons pas le même rapport à la culture dominante, de ce que Bourdieu appelle le capital culturelle/social.
48 Propice à une désobéissance civile, qui promeut une conception vivante, dynamique qui s'opposerai à une vision figé de la loi comme une entité transcendantal qui imposerai ses volontés sur l'individu, qui ne pourrai nullement en influencer les contours d'après Manuel Cervera-Marzal,enseignant de sciences politiques et philosophe, il travaille sur les mouvements de contestation et en particulier sur la désobéissance civile, tiré d'un interview pour France Télévisions/Premières lignes Télévisions/Storycircus 2017.
49 Elle implique un positionnement permanent vis à vis de normes imposé par la société de consommation de masse, comme idéal à atteindre, tel « la poursuite de chimères ». Faute de mieux et voyant pire ailleurs, elle permet aux classes sociales modestes du Nord, d'accepter leurs sort.
50 Comment pouvons-nous prétendre être égaux, quand on a conscience que le Nord pourvoie des armes, et mène des guerres au Sud. Certains militent pour défendre une universalité de l'égalité. Comme ce fut le cas lors du 4 mai 1970, ou quatre étudiants américains, non-violents de l'université de Kent ( Ohio), furent tués par la garde nationale, alors qu'ils manifestaient contre la guerre au Vietnam.
 
                 
             
            