Des condoléances sonnent creuses quand elles vous sont adréssées par ceux qui prospèrent d'injures à votre endroit. Le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard, le vendredi 25 avril 2025, n'est pas un acte isolé. Quand il s'appuie sur la montée de l'islamophobie en France ces dernières années. Avec notamment un Bruno Retailleau comme Ministre de l'Intérieur et pas des moindres qui souligne une lignée sécuritaire et identitaire, semble t'elle requise pour ce poste, mais cela n'excuse pas tout.
Preuve en est l'agression au couteau d'un militant CGT, le dimanche 16 février 2025 à Paris, par une vingtaine de militants d'ultradroite qui s'étaient introduits dans les locaux d'une association culturelle de travailleurs immigrés turcs pour en découdre. France Info, dans son article du 17/02/2025, rapporte les mots d'Ali, témoin de la scène :
« On voit partout en France, et même en Europe, la montée des mouvements d'ultradroite et leur violence. Ils peuvent organiser des manifestations chaque année, défiler tranquillement dans Paris avec des symboles néonazis. On voit qu'aucune condamnation judiciaire ne les dissuade. »
Bruno Retailleau, deux jours après les faits, s'est contenté de renvoyer les extrêmes dos à dos à l'Assemblée, appelant simplement la gauche à s'unir contre la violence. Une réponse jugée insuffisante par Pouria Amirshahi, député du groupe Écologiste et Social :
« Deux jours ont passé sans un mot de votre part, alors que deux personnes ont été violemment frappées, poignardées, et hospitalisées. C'est une extrême droite décomplexée qui parcourt nos villes aujourd'hui. » « On pourrait croire qu'il est à côté de la plaque. En réalité, il enfourche le cheval de bataille de l'extrême droite. Ces milices frappent partout et il les protège de facto. Pas un mot pour les victimes. »
Le 18 février 2025, L'Humanité titrait : « Attaque néonazie à Paris : Bruno Retailleau renvoie (encore) dos à dos "l'extrême droite et l'ultragauche" ». Ian Brossat, sénateur PCF, dénonçait « un ministre au service de l'extrême droite ». Clémence Guetté (LFI) ajoutait sur X : « Pas un mot pour les victimes. Juste une diatribe sur "l'ultragauche". »
Le cas Aboubakar Cissé
L'assassinat d'Aboubakar Cissé, jeune Malien tué dans une mosquée du Gard qu'il nettoyait bénévolement, a encore révélé le silence de Retailleau. Dominique Sopo (SOS Racisme) s'indignait sur franceinfo :
« Ce qui frappe, c'est la timidité des réactions. Je me demande si M. Retailleau avait piscine hier. » Une pique référençant son déplacement immédiat à Nantes après le drame du lycée privé catholique Notre-Dame de Toutes Aides, contrastant avec son absence dans le Gard.
Si les motifs du meurtrier restent inconnus, le caractère islamophobe saute aux yeux. Ce crime dans une mosquée pointe un racisme décomplexé envers migrants et musulmans de France. Un drame qui renvoie la politique française à ses contradictions qui n'en finit plus de faire parler d'elle. À l'image d'un Retailleau qui ne s'est pas rendu sur les lieux du crime.
L'écho de Christchurch
Ce drame rappelle quelque part l'attentat de Christchurch (15 mars 2019), où Brenton Tarrant, suprémaciste blanc australien, tua 50 personnes dans deux mosquées. Radicalisé lors de voyages en Europe, il avait financé des groupes identitaires comme Génération Identitaire (France) et l'IBO (Autriche).
La fabrique médiatique de la haine
C'est dire si, l'espace médiatico-politique français, en cultivant la haine de l'autre, ne pouvait qu'engendrer de tels drames. Aussi, le deux poids deux mesures de Retailleau lève le voile sur le fait que le Ministre des Cultes semble embarrassé quand les victimes n'ont pas la bonne couleur de peau ou religion. Face à un Laurent Wauquiez, avec lequel Retailleau est en guerre fratricide pour la direction de leur parti. Une guerre qui s'inscrit avant tout dans une surenchère xénophobe. Vu que Wausquiez ne démord pas, en proposant d'ouvrir des bagnes à Saint-Pierre-et-Miquelon pour les OQTF. Une stratégie électorale pour 2027, qui instrumentalise la xénophobie pour masquer les malversations politiques.
À cet effet, Wauquiez, malgré des accusations de détournement de fonds publics qu'il incombe, se présente dans les médias en parfait gendre (raciste). À l'instar d'un Louis Sarkozy venant quémander dans les médias réactionnaires la part du gâteau que son papa ne lui aurait pas laissé.