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Billet de blog 13 octobre 2025

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La reconduite de Lecornu, ou l’agonie d’un pouvoir sans horizon

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La reconduite de Lecornu, ou l’agonie d’un pouvoir sans horizon

La reconduite de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre marque l’ultime soubresaut d’une macronie exsangue, plus proche de la chute que de l’envolée lyrique. Ce retour symbolise l’épuisement d’un système politique qui tourne en rond, incapable de renouvellement ou de rupture. Entre déni du suffrage et mépris des colères populaires, le pouvoir joue désormais sa propre tragédie.

Avec un Lecornu, comme le retour de l'enfant prodigue sans prodige, puisqu'il n’a même pas eu besoin de traverser la rue pour retrouver un poste dont il avait hier encore tourner le dos. Sa réinstallation à Matignon dit beaucoup de l’entre-soi qui règne au sommet de l’État : un milieu fermé où les mêmes noms circulent, s’échangent se recyclent, indépendamment de leur bilan ou de leur légitimité populaire. À l’heure où la défiance envers les élites n’a jamais été aussi vive, le gouvernement fonctionne comme un club dont les portes ne s’ouvrent que pour les initiés. La compétence ? Le suffrage ? Où, la loyauté silencieuse prime sur tout.

Jamais la défiance n’a été aussi profonde, aussi structurelle. Les Français ne croient plus aux « bonnes intentions » d’un pouvoir qui, derrière les beaux discours, ne reconnaît que les puissants. Les réformes fiscales, les lois sécuritaires, le mépris des mouvements sociaux – tout concourt à cette impression d’un État tel une machine à servir les intérêts d’une minorité. La France est désenchantée. Elle ne voit plus dans la politique qu’un théâtre d’ombres où se rejoue la comédie du pouvoir.

Face à cette impasse, deux options s’offrent : la démission du président, acte de contrition historique ou la dissolution de l’Assemblée pari risqué, mais démocratique. La démission, peu probable, signerait l’apaisement. Elle reconnaîtrait l’échec, ouvrirait un nouvel espace. La dissolution, elle, serait un calcul, où chacun tenterait de tirer son épingle du jeu. Le Rassemblement National, qui agite les plateaux et se pose en parti « anti-système », a refusé de voter la motion de destitution. Préférant une dissolution qui le rapprocherait du pouvoir, il révèle ainsi sa nature opportuniste.  

La politique française prend des allures d'House of Cards low cost où les intrigues de palais l’emportent sur l’intérêt général. Les trahisons, les retours inattendus, les alliances contre-nature… Tout y est, sauf la grandeur. Pendant ce temps, le peuple bat le pavé. Gilets jaunes, retraités, jeunes précaires tous ceux que le système a exclus, oubliés, méprisés. Ils n’ont pas besoin de scénaristes pour écrire leur révolte. Elle est là, sourde, tenace, inévitable.

La reconduite de Lecornu est la confirmation d’un naufrage. Celui d'une macronie qui joue la montre en espérant que l’histoire ne la rattrape pas. Or l’histoire est en marche, elle s’écrit ailleurs : dans les rues, les assemblées citoyennes, la colère sociale s’organise.  

La chute du pouvoir n’est peut-être pas pour demain, mais elle est devant nous.

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