La morale en politique française semble aujourd’hui incarner le célèbre tableau Le Radeau de la Méduse de Géricault, une scène de naufrage où les survivants, épuisés, tentent désespérément d’apercevoir une lueur d’espoir à l’horizon.
À l’image de ce radeau, la morale semble à la dérive, balloté par les flots, la moralisation de la vie publique est régulièrement promise, mais peine à s’ancrer durablement. À chaque scandale, on assiste à de grandes déclarations sur la transparence et l’éthique, qui finissent souvent englouties par les pratiques opaques et le jeux d’appareils éthatiques. Comme sur le tableau, certains politiques, accrochés à des privilèges, refusent d’abandonner un système en perdition, tandis que d'autres, les plus idéalistes, lèvent encore les bras vers une hypothétique embarcation salvatrice.
À titre d'exemple, avec l'affaire Bétharram, François Bayrou semble perdu dans ses contradictions, naviguant à contre-courant de ses idéaux centristes. Cette affaire le contraint à ramer sans relâche pour atteindre une "terre promise" gouvernementale qui, loin d’être un havre de paix, ressemble à une tribu de Juda égarée, avec un Manuel Valls en prophète d’une certaine apocalypse politique.
Vous l’aurez compris, Bétharram n’a rien d’une nouvelle Bethléem pour Bayrou. Au contraire, cette affaire ternit son entrée au gouvernement, qui aurait dû être un moment de consécration, mais qui prend des allures de disgrâce. Une ironie cruelle pour celui qui aspirait à incarner l’équilibre et la vertu dans un paysage politique en plein naufrage.
Le clair-obscur du tableau de Géricault illustre l’ambiguïté de la transparence en politique. On exige de la clarté, des comptes à rendre, mais la lumière ne perce qu’à moitié à travers les zones d’ombre des financements occultes, des conflits d’intérêts ou des arrangements entre amis. Tout comme les survivants de la Méduse espèrent voir venir leur salut, l’opinion publique attend des réformes profondes qui, souvent, ne sont qu’un mirage.
Ce radeau symbolise aussi le manque de représentativité dans la politique française. Loin d’un bateau démocratique où chaque voix compte, la politique semble confisquée par une élite qui rame pour sa survie, laissant les plus vulnérables à la dérive. Le peuple, quant à lui, oscille entre résignation et colère, à l’image de ces figures tourmentées du tableau, partagées entre espoir et fatalisme.
La politique française ressemble à cette fameuse embarcation précaire, peuplée de naufragés tentant d’échapper à la tempête, mais où la morale, la transparence et la représentativité risquent encore longtemps de flotter à la surface, sans jamais atteindre le rivage. Si ce n'est que ce radeau voit d'autres radeaux renversés peuplés de personnes que certains qualifient de dangereux pirates, tandis que ceux-là viennent de plus loin pour fuir la misère et la guerre et se voient condamnés d'indifférence, sur la route de leurs espoirs inaudibles.