La période du COVID, et les différents états d’urgence mis en place ces dernières années, en métropole notamment, nous ont habitués à un contexte de guerre pour nous faire accepter le contrôle accru de l’État, la privation due à la hausse des prix des biens de consommation courante, des loyers et des énergies, tout cela sans hausse de salaires. On nous incite à plus d’efforts pour le compte de premiers de cordée qu’on ne voit sur aucun front.
Par ailleurs, nos droits, comme l’imposition des plus riches, fondent comme neige au soleil. Au fur et à mesure que les pays des BRICS gagnent du terrain sur l’échiquier mondial, que les ressources s’amenuisent et que les anciennes colonies s’émancipent du pacte colonial, pour nous habituer aux conjonctures malheureuses, les industriels français maintiennent des prix élevés pour se rembourser leurs coûts de production, suppriment des emplois pour renflouer la bonne santé de leurs actionnaires, en vue d’une baisse de parts de marché à l’international, en partie dans certains pays d’Afrique francophone. À ce sujet, l’historien Jacques Marseille nous alertait sur le rôle central des colonies et anciennes colonies permettant au capitalisme français de prospérer en vendant à des prix exorbitants des produits de première nécessité, qui ne se vendent peu ou plus en raison de normes en vigueur sur l’Hexagone, qui curieusement ne s’appliquent pas ou peu dans les colonies et anciennes colonies. À ce titre, ce ne sont pas les récentes manifestations contre la vie chère aux Antilles françaises qui nous feront croire le contraire.
Grâce à la grande complaisance du pouvoir français, qui paraît bien impuissant face à ses donneurs d’ordres. On se souvient d’un Bruno Le Maire, alors ministre de l’économie – d’ailleurs plus sinistre que ministre –, lorsqu’il tenta d’appeler les industriels français pour leur dire de baisser les prix, entre autres de l’électricité, sans succès, à l’image de son bilan. Cette baisse de parts de marché à l’international est aussi due à la vision d’un interventionnisme occidental qui s’isole de lui-même. Aux yeux d’un monde n’étant plus dupe quant au projet de liberté et démocratie apporté, du moins annoncé comme tel, par l’Occident dans certains pays du Sud. Rappelons, entre autres, des actions de boycott contre des firmes occidentales participant de près ou de loin au génocide à Gaza. Aussi, la carte du terrorisme ne trouve plus preneur pour aller intervenir, pour ne pas dire piller, des pays riches en matières premières. Selon le bilan mitigé des Occidentaux au Koweït, en Irak, en Afghanistan et en Libye, bilan qui fut dénoncé par des lanceurs d’alerte ayant diffusé des informations compromettantes sur le dessous des guerres menées par l’Occident, on pense notamment à Edward Snowden et Michel Collon d’Investig’Action, pour ne citer qu’eux.
Dans des démocraties occidentales, le droit à l’information semble menacé, pour le compte d’une soif de contrôle de l’information ayant pour boussole morale un Big Brother qui oriente les indignations à géométrie variable, dans les médias de propagande occidentale. Dans ce cadre, au vu d’un multilatéralisme s’activant au Sud, le bloc néolibéral réaffirme son soutien aux alliés historiques qui lui restent, dont l’État d’Israël. Relativisant un conflit qui témoigne d’une colonie de peuplement israélienne gagnant du terrain en Cisjordanie, au détriment du droit international. Bien aidé par des nations génocidaires occidentales qui font également la sourde oreille sur l’occupation de la Palestine. Rien qu’à voir comment des médias mainstream occidentaux traitent le conflit israélo-palestinien, avec un penchant prononcé pour Israël. Ne vous méprenez pas, nous soutenons ici que chaque vie arrachée est inqualifiable. Nous dénonçons l’impérialisme, quel qu’il soit. Aussi, dans l’histoire des empires, la religion joue un rôle de justification, au nom d’une entité toute-puissante pour se montrer soi-disant digne d’elle. En soumettant autrui à la volonté céleste. Cette justification comme interprétation divine et civilisatrice reste la porte ouverte à ce que l’humanité a connu de pire. Et, pour ainsi dire, cette attaque contre Israël arrive à point nommé pour un gouvernement israélien qui, hier encore, s’est attiré les foudres de la société civile. À savoir que cette société civile israélienne manifestait pour plus de justice et de démocratie vis-à-vis de leur gouvernement, qui voulait changer la constitution pour asseoir son pouvoir. Cependant, il faut savoir que tous les juifs ne sont pas pour l’occupation des terres de Palestine. Certains d’entre eux se mobilisent et manifestent en Israël et de par le monde pour dénoncer cette situation insoutenable. À ce titre, des juifs sont criminalisés par les fondamentalistes et nationalistes sionistes, qui représentent la branche dure du mouvement d’occupation. Certains juifs de la diaspora américaine notamment sont interdits de venir en Israël pour avoir critiqué le pouvoir en place.
À croire que le gouvernement israélien d’extrême droite justifie son mandat par une haine du musulman. Taisant au passage des affaires de favoritisme qui rattrapent un camp Netanyahou désavoué, par des mobilisations que la société israélienne n’avait jamais vues, aussi massives, jusqu’alors. Aussi, pour taire cela, qu’y a-t-il de mieux pour un gouvernement d’extrême droite que l’ombre d’une guerre, d’un attentat, pour tenter de redorer son image ? Ce n’est pas Macron qui démentira, lui qui a été réélu pour un deuxième mandat grâce à la guerre en Ukraine. Face à un Mélenchon et une Marine Le Pen que les médias français désavouaient sur la place publique, pendant l’entre-deux-tours, comme proches de Poutine.
Dans ce registre, le retrait de l’aide des États-Unis dans la guerre en Ukraine constitue aussi une aubaine pour Macron pour faire passer et faire peser ses réformes néolibérales impopulaires sur la société française. Lui qui s’est maintenu, entre autres, pendant pas moins de deux mandats via un certain mépris, mais aussi par des états d’urgence et autres mesures exceptionnelles qui lui ont aussi permis de contenir toute forme d’opposition.
Macron reprend donc son air grave face caméra en s’avançant comme l’homme de la situation, alors que personne ne veut de ce conflit, pas même les États-Unis, qui sont pourtant loin d’être les derniers pour aller tirer dans le tas. En raison de cela, on a tendance à croire que le vrai ennemi de la France, c’est son président lui-même, qui veut aller en bras de fer avec l’ours russe qui joue à domicile. Cela dit, Macron sait bien que les intérêts des Américains vont, comme toujours, primer. L’Oncle Sam est plein de convoitises pour les ressources minières ukrainiennes. Ainsi, la guerre en Ukraine ne l’intéresse pas dans la mesure où les États-Unis comptent envahir Gaza, en prétextant une sorte de restructuration altruiste. À ce titre, les USA, sous couvert d’une paix qui a le goût d’un partage de gâteau ukrainien – mais sans les Ukrainiens –, un gâteau que les Européens ont payé en majeure partie mais en bons vassaux des États-Unis, ils n’auront que les miettes, les USA donc consentiraient à laisser à la Russie un bout d’Ukraine si les Russes ne s’opposent pas au fait que les USA investiront Gaza. Cela pèserait également dans une opinion publique internationale de voir que, d’un côté, les USA jouent les pacificateurs en Ukraine et, de l’autre, ils envahissent Gaza, en prétextant une cause humanitaire pour faire de Gaza un centre commercial. Déplaçant ainsi pas moins de 2 millions de personnes. Via le soutien infaillible des Américains envers Israël, qui affame les Gazaouis pour les pousser à partir.
Dans ce contexte, Macron, qui n’est pas à un état d’urgence ni à une provocation près, feint de partir en guerre contre la Russie pour parachever sa politique en faveur des ultra-riches, en grignotant la souveraineté d’un État qui est en passe de basculer dans un fascisme voulu et préparé ces dernières années. Via une droitisation du discours politique dans l’espace politico-médiatique, qui a fait du chemin jusqu’à dérouler le tapis rouge à une extrême droite française qui, quoi qu’on en dise, s’inscrira dans la continuité de politiques néolibérales avilissantes.
Dans un monde où les crises s’enchaînent, comment expliquer que ce sont toujours les mêmes qui en sortent gagnants ? C’est peut-être parce que les ennemis qu’on nous désigne ne le sont pas tant que ça. Vu que notre aveuglement fait prospérer ceux qui nous vident les poches via les crises qu’ils provoquent, leur permettant non seulement de rester au pouvoir, mais d’avoir plus de pouvoir.
C’est de ça dont il est question. C’est de ça dont il a toujours été question ; le pouvoir, le pouvoir absolu, décider de qui doit vivre, survivre ou mourir.