Les troubles sociaux du 13 mai 2024 en Kanaky-Nouvelle-Calédonie ont révélé bien plus qu'une crise locale : ils ont incarné l'émergence d'une contestation globale portée par la Génération Z, une révolte des "métèques" ces jeunes des périphéries, héritiers des anciennes colonies, à qui on confisque l'avenir. En 2025 de Madagascar au Maroc, en passant par la Kanaky-Nouvelle-Calédonie en 2024, une même partition se joue : celle d'une jeunesse qui refuse l'aliénation politique et l'oppression économique. Cette génération Z incarne le catalyseur d'une conscience post-coloniale. Autrement dit une rupture née avec Internet, elle compare, analyse, fait le lien entre les situations locales et les dynamiques globales d'oppression. À Madagascar la jeunesse malgache a vu son président Andry Rajoelina être exfiltré avec l'aide de l'ancienne puissance coloniale, un symbole criant de la persistance des ingérences. Au Maroc, les manifestations pour les droits sociaux et contre la cherté de la vie voient une jeunesse diplômée mais sans avenir défier un Makhzen perçu comme sourd. En Kanaky, les jeunes kanak, héritiers d'une histoire de spoliations, refusent le statu quo politique et la mainmise économique des loyalistes. Partout, un même constat la collusion entre les oligarchies locales et les anciens colonisateurs préserve un ordre inégalitaire.
Le terme de "métèque" est utilisé ici dans son sens politique pour désigner ces citoyens de seconde zone, exclus des centres de décision, cantonnés aux marges économiques et sociales.
À l'instar d'une précarité structurelle qui engendre des jeunes diplômés sans emploi, des travailleurs précaires, des habitants des quartiers populaires marginalisés. Le tout est porté par un mépris politique des gouvernements qui les ignorent, quand ils ne les répriment pas. Ne pouvant qu'aboutir à une spoliation symbolique, on leur vole jusqu'à leur droit d'avoir un présent donc un avenir. Cette condition métèque est transnationale. Elle unit un jeune kanak des tribus, un chômeur de Casablanca un paysan malgache, un banlieusard français ; tous sont laissés-pour-compte d'un système mondialisé qui profite à une minorité. Partout, le même discours officiel vante les vertus de la "démocratie" et de l'"État de droit". Mais dans les faits les élections sont des mises en scène pour légitimer des pouvoirs captés par une caste. La richesse est accaparée par l'oligarchie qui verrouille l'économie. La répression est la réponse première à toute velléité de contestation. La "démocratie" n'en a plus que le nom. Quand elle est devient l'alibi des dominants pour perpétuer leur emprise. Cette colère sociale est enracinée dans les inégalités et le mépris de classe. Les jeunes n'ont plus peur de certains de leur aînés qui ont fauté à leur offrir un avenir. Les réseaux sociaux organisent, diffusent un contre-narratif. La solidarité transnationale émerge ; on se reconnaît d'un bout à l'autre du globe. Le système réprime, mais ne peut plus endormir cette colère. Les événements de Kanaky-Nouvelle-Calédonie, de Madagascar du Maroc et des banlieues françaises sont les symptômes d'un monde malade de ses inégalités et de son injustice. La Génération Z et les "métèques" du Sud global comptent écrire une nouvelle page. Dans la lignée du combat de leurs aînés celui qui retrace une lutte pour la souveraineté la dignité, la justice et une égalité réelle.