François Bayrou ne semble pas connaître le dicton « Ne saute pas dans l’eau si tu ne sais pas nager », surtout en eaux troubles. Qu’importe, la tentation paraît trop forte pour lui : voir son nom accolé au qualificatif de « premier », voilà bien une « première » qui rendra fière sa famille, mais peut-être pas les habitants de Pau.
Pour François Bayrou, occuper le poste de Premier ministre, c’est Noël avant l’heure. On n’est pas sûr que « Bayrou Bozo le clown » passera l’hiver. Remarquez, avec la trêve hivernale, il a le temps de nous régaler de ses clowneries : celles qu'on a observé lors de son premier Conseil des ministres, quand il intervenait en visioconférence depuis son placard à balais à Pau, sans se rendre compte que le confinement était fini. Puis, à sa prise de parole dans l’hémicycle et au conseil municipal de Pau, où il avait fière allure avec sa nouvelle double casquette.
Il faut dire que Bayrou aime tant contempler, tel un Narcisse, son « accoutrement » de Premier ministre dans le reflet d’un miroir, il risque ainsi de succomber à sa projection. Autant vous dire que Bayrou vit ses dernières heures de gloire : de bouffon du Roi, il est passé faiseur de Roi. Encore que cela n'éclipsera pas son « rêve américain » qu’il n’a jamais osé poursuivre, lui l’éternel outsider qui, en voyant les deux nominations de Trump, doit s’en mordre les doigts. Qu’importe, Bayrou vit désormais son rêve français à l’Élysée, entouré de jacobins dont il se pense l’égal, lui, le provincial qui repartira bientôt vers sa bourgade après l’effervescence nationale — sans se douter que, là-bas, les villageois sont loin d'avoir paumés leur boussole morale.