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Billet de blog 24 février 2025

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The Metzdorf Show

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Lors de la visite en Kanaky-Nouvelle-Calédonie du ministre des Outre-mer Manuel Valls, Nicolas Metzdorf et Sonia Backes ont eu une rencontre houleuse avec lui, eux qui avaient l'habitude d'un Gérald Darmanin adhérant à leur focale sécuritaire/identitaire. Là, on change de ton. À cet effet, le ton est vite monté entre le nouveau ministre des Outre-mer et le duo Metzdorf et Backes, qui se pensent du bon côté de l'histoire, au point de croire que la France allait céder à tous leurs caprices. Sauf que Manuel Valls a remis les pendules à l'heure. Autant vous dire que pour nos deux élus loyalistes, c'était l'heure de la douche froide. À cela s'ajoute un Metzdorf qui poussa un caca nerveux sous fond de crise de jalousie/existentielle. Metzdorf a été piqué au vif, dans son orgueil, en entendant le terme "peuple premier" sortir de la bouche du ministre des Outre-mer. C'est comme si Valls renvoyait au visage du député calédonien son insécurité politique et identitaire. Puisque dans son esprit Nicolas ne peut être le second, comment le pourrait-il ? C'est proprement injuste pour lui d'être considéré comme le dernier de la classe alors qu'il est le fayot de premier ordre. Voir, Mimisiku qui arrive pieds nus à l'école être le premier de la classe, ça n'est pas dans l'ordre des choses ! Pourtant, Mimisiku, alias l'Indien dans la ville (L'Indien dans la ville c'est un film et Mimisiku c'est le rôle principal pour ceux qui n'ont pas la ref), de Nouméa, a fait le taf en rendant ses devoirs, à savoir proposer un projet politique pour son exposé final. Quand dans la team Nicolas ça trottine façon l'élève Ducobu voire Tom Sawyer face à la page blanche depuis trois trimestres. Ça renvoie alors la faute sur les autres, histoire de se défausser, mais à force ça ne trompe personne, y compris dans ses rangs.

Aussi, dès que le mot "Pleine Souveraineté" fut lâché par le ministre, Metzdorf fit une descente d'organe en direct et a fait voler en éclat le cadre du respect mutuel, avec sa mentalité de cowboy déguisé en petit bourgeois de province. En effet, Metzdorf et Backes ne sont ni plus ni moins que des "bour bour", des bourgeois bourrins qui ont peur que la pleine souveraineté sonne la fin de la récré, la fin de l'open bar pour nos deux compères, qui verront le biberon de la France s'éloigner au loin, telle une bouteille qu'on jette à la mer. Ces deux-là ont bâti leurs privilèges sur une économie de comptoir, c'est-à-dire sur l'argent magique des subventions françaises qu'ils ont sucé jusqu'à la moelle. Mais avec la pleine souveraineté, fini de faire marcher la planche à billets. Le risque pour eux, c'est qu'ils rendent des comptes, et pour des gens qui sont borderlines depuis des années, ce n'est pas une mince affaire.

C'est ce que nous montre la vidéo du média La Dépêche de Nouméa, un vif échange entre Valls et ces élus loyalistes qui est vite devenu viral. On y perçoit que ces élus loyalistes, par leur franc-parler, bordélisent la République façon western spaghetti. À trop jouer les cow-boys contre les Indiens, ils sont devenus leur propre caricature, en voulant en finir avec l'État de droit pour revenir au Far West, sous couvert d'hyper-provincialisation.

Quand on reçoit des leçons de maintien, de dialogue et d'histoire sur son propre pays par Manuel Valls, le politique le plus détesté de France, ce n'est pas qu'on a touché le fond, c'est davantage qu'on incarne le fond du problème. Avec un degré de démagogie dévoilant le fond d'amateurisme qui caractérise nos compères. Car, quand ils ne peuvent plus blâmer la CCAT, il n'y a plus personne pour tenir la boutique.

On comprend pourquoi l'extrême droite française ne veut pas de rapprochement avec Nico et Soso, qu'elle considère comme des parias. Rien qu'à voir Metzdorf esseulé à l'Assemblée Nationale, où il siège au fond à droite, près d'une porte de sortie qui l'attend de pied ferme et des toilettes qui sont au goût de sa verve. D'où il puise son inspiration divine via des brises au parfum de Febreeze.

Quand bien même je suis en profond désaccord avec les loyalistes, leur électorat mérite mieux que ces deux zigotos qui sont plus que des sketches ambulants, mais le cirque entier. D'où Metzdorf et Soso jouent leur remake de " Game of Thrones " en s'imaginant du clan Targaryen. Alors qu'on croirait voir la famille Tuche parler à un ministre comme si c'était le collègue du PMU.

Parler de la sorte à son ministre de tutelle, qui est venu apaiser la situation, c'est contre-productif, après ce que le pays a traversé, surtout pour dire autant de bêtises en si peu de temps. Metzdorf est député de la première circonscription, qui concentre l'ensemble des richesses de l'île, le bastion loyaliste par excellence. Valls lui rappelle qu'il y a un peuple premier, et Metzdorf se plaint au ministre d'en avoir marre que lui et les siens soient considérés comme les éternels seconds, dans un archipel qui favorise très largement les descendants de colons européens... À ce niveau-là de bêtise, faudrait le faire tester. Lui qui fréquente les bancs de l'Assemblée Nationale, où on a retrouvé l'année dernière des traces de kétamine, peut-être bien que Metzdorf a voulu se mettre à niveau. Ce même Nicolas qui, sur les réseaux, est fier de nous annoncer son prénom en langue kanak Paici, pour dire ensuite, dans la vidéo, qu'il n'y a pas de peuple premier. Il faut que ce soit Manuel Valls qui lui rappelle des réalités historiques de son propre pays. Vu que Metzdorf jacte sans connaissance de cause et comprend ce qu'il a envie de comprendre.

Remarque : quand on a la finesse d'esprit d'offrir un fouet à Nicolas Sarkozy et à Gérald "Moussa" Darmanin, on a probablement le vocabulaire qui va avec. Perceptible lorsque Nico s'exprime devant un public qui n'est pas pro-loyaliste : c'est le drame. Déjà, en commission sur l'égalité des chances pour l'accès aux postes des fonctionnaires d'Outre-mer, Metzdorf s'est fait recadrer par le député LFI Antoine Léaument. On se souvient de cette interview de Metzdorf sur la radio RTL, alors invité d'Yves Calvi : Nicolas avait enchaîné les amalgames et les provocations sous les yeux médusés d'Yves Calvi, sur une chaîne de radio qui est loin d'être le bastion d'islamo-gauchistes. Yves Calvi, qui est loin d'être pro-indépendantiste kanak, avait remis à sa place un Metzdorf qui ne savait plus où se mettre. Toujours notre Nicolas national, sur la chaîne de radio France Inter, était l'invité du 7h50, émission publiée le mercredi 15 mai 2024 sur le site de Radio France. À 6 minutes 29 de l'interview, la journaliste Sonia Devillers rappelle au député calédonien qu'il a auditionné trois anciens premiers ministres à l'Assemblée Nationale : Édouard Philippe, Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault. Les trois ont avancé que le dossier néo-calédonien doit être géré par Matignon et pas par le ministère de l'Intérieur, pas par Gérald Darmanin. Elle lui demande ce qu'il en pense. Réponse du principal intéressé : "Ça, c'est de la politique nationale, euh, c'est nul." La journaliste rétorque : "La politique nationale, vous êtes représentant du peuple, vous êtes élu à l'Assemblée Nationale, ça ne me paraît pas complètement nul, quand même ?"

Dans son récent portrait, "Nicolas Metzdorf, un député dans la tourmente néo-calédonienne", sur la chaîne LCP - Assemblée Nationale, Metzdorf annonce la couleur dès la trentième seconde de son portrait, en déclarant : "Vous avez compris qu'on n'est pas des diplomates. On n'est pas des descendants de diplomates, ici."

Tout cela pour vous dire que les propos de Nico et Soso ne sont pas issus d'une maladresse, mais qu'ils reflètent une identité racine caldoche qui s'est en partie construite sur le déni du préjudice colonial et d'une identité politique loyaliste qui prospère sur l'abnégation des droits des peuples autochtones. On comprend mieux pourquoi la Pleine Souveraineté constitue le fer de lance de leur bataille, puisque pour eux, cela revient à se faire lâcher par la France, non pas en tant que Français, mais ils se sentiraient lâchés par l'Empire avant tout, en tant que colonisateurs. C'est ce qu'ils sont et c'est ce qu'ils ont toujours été. C'est pour cela qu'ils ont autant de passe-droits : faire des manifestations illégales devant les tribunaux, mettre la pression à des juges, faire des rassemblements illégaux avant la venue de Manuel Valls, etc... Parallèlement, quand le collectif Urgence Sociale manifeste pour dénoncer des injustices systémiques, eux sont cernés par la police, alors que la mouvance loyaliste n'a jamais vu la couleur d'un gaz lacrymogène. Tandis que cette mouvance se présente comme des résistants, alors qu'ils sont des occupants, et font des alliances en ce sens avec Israël, grâce notamment à notre incontournable Nico, qui est décidément dans tous les mauvais coups. Lui qui se sent trumpiste avant l'heure a rencontré il y a peu à la CCI de Nouméa Mia Ter Haar, de l'ambassade des États-Unis en France, pour voir si un rapprochement avec l'administration Trump était possible. C'est ce que nous rapporte le président de la CCI, David Guyenne, sur son compte LinkedIn, dans un post ubuesque qui, il va sans dire, a fait grincer des dents. Il n'y a pas photo, Metzdorf se voyait déjà prendre la pose en faisant un salut "romain" entre un Elon Musk et un Steve Bannon, lui qui répond à certains critères pour faire partie du club. Et pour avoir visionné quelques sorties médiatiques de Metzdorf et de ses yeux bleus, qui sont la seule source de clairvoyance chez lui, je peux vous dire qu'on est loin du documentaire " Les Yeux dans les Bleus ", documentaire célébrant la diversité à travers le sacre de l'équipe de France de football qui a gagné la Coupe du monde en 1998. Un documentaire qui est porté par le morceau de Roudoudou " Peace and Tranquility to Earth ", rien à voir donc, avec un Metzdorf qui par ces invectives est loin de favoriser une tranquillité d'esprit et encore moins une paix sociale. La finale de football de 1998 a vu se rassembler des Français de tout bord. Pour ma part, j'étais à Nouméa, en face du McDonald's, où était érigé un écran géant, une première pour l'époque, devant la place du monument américain. Après la finale, des journalistes avaient interviewé un ami d'enfance wallisien qui commençait à trop faire son poète à mon goût, que j'avais allègrement poussé face caméra en criant : "On est les champions !"

Bref, ce sentiment d'unité, on n'est pas prêt de le retrouver avec des loyalistes qui sont surtout loyaux envers leurs intérêts. C'est ce que nous montre la vidéo du dialogue lunaire de Backès et Metzdorf avec Valls. En ce sens, les loyalistes sont partisans d'un statu quo destructeur et acculturant, les maintenant à la tête de l'île. Dans cette projection, la paix sociale ne les intéresse qu'à partir du moment où elle est synonyme d'une servitude possible que dans la totale domination des précarisés et des racisés. Si bien qu'ils s'emmêlent eux-mêmes les pinceaux dans leurs discours, que ce soit à chaud ou à froid, aucune importance puisqu'ils ne pensent pas un traître mot de ce qu'ils racontent. J'en prends pour preuve que Metzdorf, dans son rassemblement illégal à l'Anse Vata, dit qu'il défend l'universalisme, l'égalité pour tous. Quelques jours plus tard, Metzdorf dit lui-même à Valls que l'universalisme marche en France mais pas ici. Si bien que sa collègue Backes entend faire sécession, prône des politiques discriminatoires en supprimant les aides sociales qui profitent majoritairement à la population océanienne. Backès mène des politiques ségrégationnistes, par exemple en demandant à des professionnels de santé de ne pas prendre de patients sous des critères racistes. Appliquant ainsi toute la panoplie fasciste, jusqu'à porter des discours de contre-vérité, des fake news, des inversements accusatoires comme forme de déresponsabilisation en vigueur dans une ère de post-vérité, pour que les gens abdiquent eux-mêmes de leurs droits au profit d'un État toujours plus répressif, autoritaire et liberticide.

Autrement dit, ces élus loyalistes, dans leur discours, misent tout sur une moraline, un sophisme, des effets de sens qui, dans les faits, disent le contraire de ce qu'ils proclament. Et depuis le temps, ce petit jeu de faux-semblants les ramène à une case départ qui constitue pour eux ni plus ni moins que l'affrontement pour assujettir les opposants et rallier les indécis à leur récit colonial, paternaliste, identitaire, sécuritaire, écocidaire et acculturant. Tandis qu'ils ont la particularité de gouverner au jour le jour. C'est bien pour cela que la situation de l'île est ce qu'elle est aujourd'hui. C'est bien pour cela qu'avec eux, on ne peut sereinement se projeter, tant ils portent une morale d'un autre temps. Ils ne sont donc pas la solution, ils sont une partie du problème. Ils ne sont pas un tremplin, ils sont un poids mort pour ce pays, une métastase, ils sont le cancer du vivre-ensemble. En promouvant dans les faits, la haine et le rejet de l'autre, au XXIe siècle. Nous avions depuis un certain temps ce sentiment, mais dorénavant grâce à cette fameuse vidéo de La Dépêche de Nouméa, en toute connaissance de cause, personne ne peut le nier.

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