Les accords de Bougival sont un "Ocean’s Eleven" à la française en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Autrement dit un coup monté dans l'ombre du pouvoir. Imaginez un scénario où des hommes et des femmes en costard, réunis dans le secret feutré d’un hôtel de luxe de Bougival, négociant le futur d’un territoire à 17 000 km de Paris. Pas besoin de George Clooney ou de Brad Pitt pour jouer les voleurs de haut vol ; l’État français, ses alliés locaux et les lobbies miniers ont déjà écrit le script.
Les accords de Bougival, conclus sans consultation populaire, sans débat transparent, et dans une opacité qui rappelle l’omerta des bonnes familles corses. Autant vous dire que ça sent bon le hold-up à l’ancienne. L'objectif est le démantèlement pièce par pièce de la souveraineté économique de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, pour mieux s’accaparer ses richesses minières, nickel en tête.
Ces accords ont aboutit sur un "consensus" façon poker menteur, où la communication officielle parle de "dialogue", de "paix sociale", voire de "destin commun". Mais derrière les belles phrases, c’est un coup de poker libéral qui se joue. Lors d'un jeu truqué qui voit les indépendantistes kanaks, pourtant majoritaires dans les urnes, marginalisés dans les discussions. À la place, des loyalistes et des intermédiaires "modérés" (traduction : prêts à brader l’autonomie pour des subsides) ont négocié une réforme électorale qui pourrait diluer encore plus la voix autochtone.
Ces accords ont vu à l'oeuvre une mafia d’État qui comme dans le film Ocean’s Eleven, chaque acteur tient son rôle. L’exécutif français joue le maître chanteur ("soyez raisonnables, ou on coupe les fonds"), les lobbies miniers font les comptes en coulisse, et les médias métropolitains relaient la fable d’un "accord historique"… sans jamais évoquer les milliards de minerais en jeu.
Masquant un hold-up minier qui représente le vrai but des accords. La Kanaky-Nouvelle-Calédonie détient 25% des réserves mondiales de nickel, un métal crucial pour la transition énergétique (batteries, aciers spéciaux…). Depuis des années, Paris et des multinationales (Eramet, Tesla, Glencore) lorgnent sur ce pactole, tout en freinant tout voeux d’indépendance économique kanake. Les accords de Bougival, en gelant le processus d’autodétermination et en ouvrant la porte à une recentralisation rampante, permettent de sécuriser l’accès au nickel pour la France et ses partenaires industriels ; de torpiller les ambitions de nationalisation des ressources, comme le souhaitent certains indépendantistes. Et enfin, de maintenir un système néocolonial, où les bénéfices partent à Paris ou en Bourse, tandis que les dégâts environnementaux et sociaux restent sur le Caillou.
On souligne ici la stratégie du patriarcat libéral qui comme dans tout bon film de casse, a besoin de faire des diversions. Et quoi de mieux que le paternalisme post-colonial pour justifier l’injustifiable ? "On sait mieux que vous", le discours officiel insiste sur la "maturité politique" que la France apporterait… tout en verrouillant les institutions pour éviter toute victoire indépendantiste.
" Divide and conquer ", " diviser pour mieux règner ", en jouant les clans calédoniens les uns contre les autres (kanaks vs caldoches, indépendantistes vs loyalistes), Paris s’assure que personne ne regarde trop du côté des mines.
Et maintenant ? Reste à savoir si le peuple kanak, déjà meurtri par des décennies de colonialisme, se laissera faire. Les manifestations de 2024 ont montré que la jeunesse autochtone n’entend pas voir son avenir confisqué par des accords signés dans l’entre-soi des élites. Mais face à la machine étatique française, rodée à l’art de l’étouffement politique, le combat est inégal. Sans mobilisation internationale, sans pression sur les multinationales du nickel, les accords de Bougival pourraient devenir le scénario parfait du casse du siècle.
Il nous reste l’arme des mots. Et peut-être, l’espoir que la jeunesse écrive son histoire dans un pays qui est le sien. Face à certains de ses aînés qui nous ont conduit quelque part à revivre une situation insurectionnelle que nous n'aurions pas du revivre. En cela, nous ne leur reconnaissons plus la qualité d'être nos leaders quand ils sont devenus nos bourreaux. Les accords de Bougival mettent ainsi en lumière le renouveau d'une classe politique nauséabonde emmené par des parias ( Macron, Bayrou, Valls, Backes, Metzdorf, etc) et des repris de justice ( Gomès, Michel, etc), en manque d'assise. Quand nous osons croire que le seul caractère historique que la société néo-calédonienne attend de pied ferme, constitue davantage un renouvellement en bonne et due forme de sa classe politique.