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Billet de blog 25 octobre 2024

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Limites du destin commun et du vivre ensemble, en Kanaky

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans cette composition, nous allons poser les bases d’une réflexion profonde sur le destin commun, comme identité collective où la place de chacun dans la société néo-calédonienne, reste en proie aux héritages coloniaux, au capitalisme et aux inégalités sociales. Cette réflexion peint un cadre où l'individualisme et la compétition dominent, au détriment semble t-il, d'idéaux de solidarité et de respect des cultures autochtones. Soulignant l’absence d’unité réelle et l’échec des récits nationaux à intégrer pleinement la diversité des parcours et des histoires individuelles. L’égoïsme, l'égotisation, et le capitalisme néolibéral apparaissent comme des obstacles à la construction d’un destin commun inclusif et équitable. Dans un système actuel où la réussite individuelle est valorisée au détriment de l'intérêt collectif. Renvoyant les racisés et les indigènes à une position marginalisée. Un bilan social qui remet en cause la méritocratie républicaine, face à ses échecs à assurer une égalité des chances dans une société qui reste encore marquée par les discriminations et le colonialisme. Les limites du destin commun soulèvent des enjeux essentiels pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie et résonnent dans les débats contemporains sur la décolonisation, la justice sociale et écologique.

Si ce n'est qu'en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le "vivre ensemble" fait écho à la notion de destin commun, en taisant la nature profonde coloniale, autrement dit la fracture profonde entre les populations qui est exacerbée par les inégalités historiques et contemporaines. Ce "vivre ensemble" tait le statut quo qui relate d'exclusion sociale, économique et politique qui divise les habitants, notamment les populations kanakes. Étant les plus effacées de la société néo-calédonienne par des inégalités, entretenues par le cadre colonial de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie qui a façonné des structures de domination qui se perpétuent à travers des systèmes de privilèges, économiques et politiques, largement détenus par les descendants des colons européens. Des inégalités flagrantes sont ainsi perçues dans l'accès aux ressources, à l'éducation, à l'emploi, et au logement, exacerbant un sentiment de marginalisation parmi les populations autochtones.


À l'instar des scènes de troubles sociaux à Nouméa étant le fruit du déni et de l'indifférence vis-à-vis des signes avant-coureurs d'une crise sociale annoncée. Aux vues de tensions sociales qui témoignent d'une explosion de violence, en Kanaky, les tensions historiques entre communautés ont éclaté dans une violence symptomatique d'un mal plus profond. Ce mal est celui des plus opprimés et de leurs souffrances invisibles qui sont réduites à des faits divers sans que ne soient interrogées les racines disgracieuses du système coloniale. Dans cette optique, la violence des précarisées est interprétée par le versant culturel largement fantasmé comme le fait de "sauvageries" propre selon certains, à l'ADN des océaniens. Ignorant au passage les violences structurelles exercées depuis des décennies par l'État et ses institutions coloniales. Un logiciel colonial qui légitime la répression, tandis que les crimes coloniaux et les expropriations sont perçus comme des actes de civilisation.


Le parallèle avec des réaités similaires dans les banlieues françaises, illustre un mépris des classes dominantes quant aux revendications des précarisé(e)s et racisé(e)s. À travers une criminalisation des populations marginalisées dès qu'elles expriment leur souffrance. Tant, le "vivre ensemble", tel qu'il est prôné par les élites politiques, relève de l'injonction au silence, autrement dit, une injonction à une intégration dans un système inégalitaire. Occultant la réalité des violences structurelles qui fragmentent la société autour des rapports de classes et de races. Où selon la couleur de peau de chacun, il fait bon faire le dos rond. À savoir que le problème fondamental est que ce "vivre ensemble" tout comme le ''destin commun'' ne se base sur aucune reconnaissance des douleurs historiques et des revendications légitimes des racisé(e)s et des précarisé(e)s, mais sur un statu quo où les élites prétendent favoriser l'égalité et la justice, tout en continuant de dominer les structures de pouvoir.

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