La Kanaky-Nouvelle-Calédonie reste en proie à des tensions historiques et politiques persistantes, a connu en mai 2024 une flambée de violence sans précédent depuis les accords de Matignon. Ces événements sont le symptôme d’une crise structurelle, à la fois coloniale, identitaire et démocratique. Cet essai décrypte cette crise en la reliant à la résurgence des idéologies fascisantes et autoritaires, non seulement en Europe, mais aussi dans les territoires ultramarins, où elles prennent une connotation particulière. Cet ouvrage analyse des mécanismes ayant conduit à l’explosion sociale ; une analyse comparée qui met en parallèle des rhétoriques et stratégies des mouvements loyalistes radicaux calédoniens avec celles de l’extrême droite occidentale (notamment française, et israélienne), avec pour points communs le rejet du pluralisme, l'essentialisation identitaire, l'instrumentalisation de la peur ; et enfin une généalogie politique qui signe la persistance d’un racisme structurel, qui nourrit aujourd’hui un projet de société excluant, fondé sur la domination d’une minorité blanche et l’effacement symbolique et politique des kanak.
Ce livre s’adresse à un large public qui comprend les lecteurs intéressés par les questions décoloniales, les dynamiques des outre-mers et les crises démocratiques ; les chercheurs et acteurs de la vie politique calédonienne et métropolitaine ; ainsi que toute personne souhaitant comprendre comment un territoire français peut devenir le laboratoire d’un fascisme contemporain. Contrairement à la plupart des travaux existants sur la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, souvent centrés sur la seule question indépendantiste ou sur le processus de décolonisation, cet essai adopte une perspective globale et comparatiste. Il place la Kanaky-Nouvelle-Calédonie au cœur des enjeux politiques mondiaux, comme miroir grossissant des dérives autoritaires à l’œuvre.
« Le temps des ancêtres » n'est pas qu'un essai de sociologie politique. Il est un acte de mémoire. La Kanaky-Nouvelle-Calédonie n’est pas une exception elle reflète un monde en crise, où la tentation fascisante guette là où la démocratie a failli. En Kanaky-Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, le racisme et la peur de l’autre se déguisent en discours sur le « vivre ensemble ». Un subterfuge confortant ceux qui prétendent défendre la paix, craignent en réalité la remise en question de leurs privilèges. Le processus de décolonisation dont lequel l'archipel s'inscrit, ne peut se contenter d’un changement administratif quand par nature ce processus exige de déconstruire les structures mentales qui perpétuent l’injustice. Celles qui marquent cet archipel traversé par ses contradictions. Cet archipel qui m'a vu naître où j’y ai vu la beauté et la douleur d’une terre dont on empêche de dire le nom. Pour cette raison, les mots ne seront pas neutres, ils entendent soigner pour rassembler, ils deviennent instruments de guérison et de transmission. Écrire pour moi devient un acte de résistance, un geste d’amour aussi. Face au fascisme qui s’enracine dans la peur, la dette des états nations, la surveillance, la compétition érigée en vertu. Il prospère sur le mensonge, sur cette illusion de croire que certains valent plus que d’autres. Nos sociétés ubérisées, colonisées par la technologie, ont troqué l’humain pour l’efficacité. Mais là où l’État s’efface, la parole renaît. J’écris pour comprendre comment, derrière les mots d’ordre du progrès, se cache la continuité d’un ordre colonial. Et rappeler que la justice n’est ni un idéal, ni le monopole des puissants, elle est la raison même de notre humanité.