Backès et Metzdorf se disent les héritiers du siècle des Lumières. À les entendre, on les voit plutôt en semblant de bougie. À prôner un apartheid sous couvert d'hyper-provincialisation, ils ont surtout un siècle de retard. Ils sont loin d’incarner l’humanisme des Lumières ni de porter la société néo-calédonienne vers le haut, bien au contraire. Ils se présentent comme les défenseurs des valeurs et de la culture française, alors qu’ils sont incapables de citer les cinq derniers prix Goncourt. En somme, ils n’aiment la France que parce qu’elle envoie des chèques qui leur permettent de faire les fanfarons en faisant le tour de l’île, comme les békés font le tour de la plantation.
Metzdorf évoque l’universalisme, mais dans sa bouche, cela sonne comme un particularisme (fascisme) qui tait son nom. Il dit tout et son contraire devant ses partisans lors du rassemblement, pourtant illégal, tenu à l’Anse Vata avant la venue du ministre des Outre-mer, Manuel Valls. Metzdorf parle d’égalité, mais sa collègue Backès prône la sécession et des politiques ségrégationnistes à l’endroit des minorités racisées, pour lesquelles elle ne cache pas son aversion, atteignant son paroxysme depuis les dernières sénatoriales, où elle a perdu son poste de secrétaire d’État à la citoyenneté. Elle qui commençait à goûter à la ville des Lumières, Paris, d’où elle n’a pas fait d'étincelles. Elle y a peint du racisme sur les tableaux nationaux et locaux pour se défausser des échecs de la macronie et de sa présidence à la tête de la Province Sud. Et si certains qualifient de faute politique le cumul des mandats du Premier ministre François Bayrou, qui reste maire de Pau tout en occupant la fonction de chef du gouvernement, que dire d’une Sonia Backès qui cumulait la présidence de la Province Sud et le poste de secrétaire d’État à la citoyenneté ? Deux postes aux antipodes géographiques. Rien qu’en matière d’empreinte carbone, cela la disqualifie dans une région du monde où la crise climatique menace les îles du Pacifique.
Metzdorf affirme que sa mouvance politique n’exclut aucune ethnie et prône l’égalité pour tous. Comment le croire, quand sa collègue Backès a supprimé les aides à la cantine scolaire sous prétexte d’un manque de budget, qu’elle a elle-même saboté, selon les dires du parti Calédonie Ensemble ? Sachant que l’école est le sanctuaire de la citoyenneté pour les citoyens de demain, refuser une aide pour que les enfants modestes mangent à leur faim avec leurs camarades de classe, c’est juste à vomir. En tant que femme ayant le pouvoir de donner la vie, on ne peut pas dire qu’elle s’évertue à préserver celle des plus modestes, qui sont pourtant les plus méritants d’entre nous. Remarquez, en métropole, Backès a mené des politiques discriminatoires refusant l’entrée d’établissements scolaires à des musulmanes simplement parce qu’elles portaient des robes longues, soi-disant islamistes (abayas). Elle a aussi prôné des politiques de délation sous couvert de lutte contre les dérives sectaires. Elle a elle-même dénoncé sa propre mère aux autorités pour dérive sectaire. Alors, interdire l’école à des jeunes filles arabes et empêcher des petits nègres de manger des yaourts à la cantine – yaourts de toute façon trop chers pour eux –, cela ne va pas lui donner des cauchemars. Tandis que l’ancien Premier ministre Michel Barnier a peint notre Sonia nationale en figure de stabilité pour prolonger sa présidence à la tête de la Province Sud en repoussant les provinciales, celle-ci est en réalité aussi stable qu’un Rambo en fusion avec une AK-47.
Pour autant, le paradigme est en train de changer. Le retrait des troupes militaires en Afrique francophone et la colère des Outre-mer contre la vie chère ont poussé la France à repenser la nature de ses relations avec ses anciennes et actuelles colonies, au risque de perdre son influence, qui, au jour d'aujourd’hui, est loin d’être à son zénith. Le fait est que le Pacifique Sud est une zone trop précieuse pour la France. Notre île, bien que petite, représente un atout majeur. De ce fait, la nature des relations ne peut s’inscrire dans la continuité d’un ordre ancien se légitimant par la répression des minorités autochtones. Le monde change ; il n’y a que ceux qui, encore au XXIe siècle, prônent la haine et la division qui ne le comprennent pas. Et, pour ainsi dire, Backès et Metzdorf deviennent encombrants pour un Empire qui cherche à se renouveler. Le comble pour eux d’être les partisans d’un ordre qu'ils défendent corps et âme, mais qui vous considère dorénavant comme un maillon faible, un poids mort. Car les loyalistes comme Backès et Metzdorf ne veulent pas construire le pays : ils veulent construire leur pays. Un pays à leur image, où ils auront la main mise. Un pays où les Océaniens seront là pour effectuer les basses besognes, comme c’est déjà le cas, mais avec moins de droits, donc en " plus " pire.