La semaine aura été une sale semaine pour les cercles loyalistes les plus radicaux de Kanaky-Nouvelle-Calédonie. La France a officiellement reconnu l’État de Palestine, autant dire que pour les loyalistes radicaux cela fait office de miroir troublant des impasses calédoniennes. Étant donné que leurs alliés idéologiques, sont ni plus ni moins que le gouvernement israélien d’extrême droite qu’ils ont chaleureusement approché. Un gouvernement israélien qui se distingue d'un génocide en cours pour la recolonisation intégrale de Gaza.
Il faut dire que, le projet de Donald Trump de transformer Gaza en une « French Riviera » résonne de manière troublante avec les visions portées par certains loyalistes radicaux en Province Sud. Leur rêve ? Une province hyper-autonome, verrouillée, où une minorité blanche et fortunée vivrait en vase clos, sur un modèle qui n’est pas sans rappeler l’apartheid sud-africain. Un paradis pour une nouvelle génération d’Afrikaners du Pacifique, fondé sur l’exclusion des premiers habitants de ce territoire. Un enfer pour ceux qui seraient réduits au statut de serviteurs, de citoyens de seconde zone, dans leur propre pays.
Dans ce contexte, on peut se demander ce que les loyalistes radicaux pensent de la décision française de reconnaître l'État de Palestine. Eux qui digèrent si mal l’idée même d’un État Calédonien, issu des accords de Bougival comment accueillent-ils la reconnaissance d’un État palestinien ? Eux qui refusent catégoriquement de voir le drapeau indépendantiste kanak flotter ne serait-ce qu’un instant dans l’espace public, seraient-ils prêts à brandir le drapeau palestinien au-dessus des institutions qu’ils contrôlent encore ?
Comme si cela ne suffisait pas, Nicolas Sarkozy, celui qui en 2007 promettait de « nettoyer la racaille » au Kärcher, vient d’être condamné pour « association de malfaiteurs ». L’ancien président, qui avait su séduire une partie de l’électorat loyaliste par son discours autoritaire et sécuritaire, est pris la main dans le sac des combines et des petits arrangements. Lui qui se présentait comme l’homme de l’ordre et de la moralisation, n’a visiblement pas su s’entourer…
Cette série d’événements dessine un paysage politique où les vieux réflexes colonialistes et ségrégationnistes sont mis en échec sur la scène internationale, mais persistent localement avec une violence accrue. La reconnaissance de la Palestine est un coup de semonce pour ceux qui croyaient encore que les dynamiques coloniales du XXe siècle pouvaient continuer sans entraves. En Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le miroir palestinien renvoie aux loyalistes radicaux une image qu’ils refusent de voir : celle d’un projet politique à bout de souffle, fondé sur le déni de l’autre et la peur de partager le pouvoir. Un projet qui, à l’image de celui porté par l’extrême droite israélienne, ne mène qu’à la violence, à l’impasse et, à terme, à la condamnation par l’Histoire. La semaine a été mauvaise pour les partisans du statu quo colonial. Mais elle aura peut-être eu le mérite de clarifier les lignes. À moins que cela ne soit déjà trop tard pour ceux qui préfèrent ériger des murs plutôt que de tendre la main ?