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Billet de blog 31 janvier 2025

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Ingérences Azerbaïdjanaises en Kanaky

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis peu, les injonctions liées aux ingérences azerbaïdjanaises animent les bourgeois de salon, davantage soucieux de garder leur nom inscrit au générique colonial que du mieux-être des précarisés et racisés des Outre-mers. Il faut dire que l'intelligentsia coloniale n'est pas issue des basses classes sociales et préfère s'intéresser à l'exotisme d'une populace, de préférence de loin, de très loin.  


Ces mêmes personnes s'indignent de quelques conférences organisées ici et là par le Groupe Initiative Baki, qui regroupe des représentants des Outre-mers et des autorités azerbaïdjanaises. Ces rencontres mettent en perspective le fait que la métropole favorise coûte que coûte son récit fantasmagorique universaliste, plutôt que de se confronter à son histoire coloniale.  


Cela dit, l'Azerbaïdjan n'est certes pas une blanche colombe, mais lorsque l'État français soutient Israël, qui commet un génocide, le moins que l'on puisse dire est que cela fausse toute critique. D'autant plus qu'Israël vend des armes à l'Azerbaïdjan et que l'Europe achète du gaz à ce même pays.  


Ainsi, préfère-t-on dénoncer les ingérences des autres plutôt que de discuter des siennes. Des contradictions qui, visiblement en 2024, ne semblent pas destinées à être dépassées. Lorsque des colonies et anciennes colonies se regroupent pour parler de leur rôle de subalternes qu'elles souhaitent transcender, cela provoque la colère d’un ordre colonial qui fait pourtant la sourde oreille aux aspirations égalitaires de ces mêmes subalternes. Pourquoi ? Parce qu’il entend garder ses « esclaves » pour alimenter une machine capitaliste et coloniale qui profite toujours aux mêmes.  


La vérité, c’est que peu importe qu’il s’agisse de l’Azerbaïdjan ou de l’ONU, l’indignation reste la même : les indigènes n’ont pas à défendre leurs droits, quand bien même ceux-ci sont inscrits dans le droit international. Dans cette optique, les institutions comme l’ONU, les pays tels que l’Azerbaïdjan, des ONG comme Survival ou encore des intellectuels qualifiés de « wokistes » sont d’emblée disqualifiés. L’enjeu des empires étant de maintenir ces « esclaves » dans l’ignorance de leurs droits pour mieux les exploiter.  

Le propre du capitalisme, en tant que régime économique, et du colonialisme, en tant que régime politique, repose sur l’expropriation, notamment de la valeur ajoutée. Et, en cela, l’empire ne peut progresser ni croître sans dénier les droits des minorités ethniques, sexuelles, des précarisés, des racisés et des femmes, qui, quoi qu’on en dise, ont toujours constitué une minorité à part entière.  

Le trumpisme est, par ailleurs, un exemple récent et probant de cette logique fascisante. Et, à ce propos, la France, aujourd’hui, se trouve à un point de bascule de son histoire. Elle, qui autrefois fut occupée par un régime fasciste, est désormais, emportée par une peur viscérale de déclassement, est en passe d’en devenir un.  

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