Une journaliste fourvoyée : Anne-Sophie Mercier
Elle s'appelle Anne-Sophie Mercier. Sortie d'HEC et diplômée de Sciences Po, elle est journaliste multimedia :ARTE, Canal Plus, elle refait le monde sur RTL, elle prête sa plume politique au Journal de référence et la trempe dans l'encre plus corrosive de Charlie Hebdo et du Canard Enchaîné. Elle est reconnue, estimée et crainte pour son esprit non conformiste ou son franc-parler : elle a démasqué avec Christophe Nobili Dieudonné et ses mensonges financiers et n'hésite pas à dénoncer la démagogie populiste qui donne la parole au peuple pour mieux la confisquer. Je ne la connaissais pas, mais ce visage médiatique et médiatisé a un profil plutôt intéressant.
Mais pourquoi diable, en les tirant du fonds d'un tiroir où la malveillance d'un collègue les avait fourrées, s'est-elle chargée dans un Canard en mal de polémique estivale, le 30 juillet dernier, d'exécuter les chroniques de revue de presse interne du Délégué Ethique d'EDF que je suis? Mettant sa plume au service de ressentiments très privés, notre journaliste n'a voulu voir dans cette revue de presse que les leçons que donnerait au monde, en évitant évidemment de balayer devant sa porte, un "moraliste appointé par EDF". Le responsable éthique d'EDF reprendrait à son compte et à bon compte les mises en cause éthiques ou judiciaires dans la presse, des entreprises et des responsables politiques ou économiques. Trop facile de rajouter une pierre à la lapidation médiatique ! La plus élémentaire honnêteté devrait empêcher d'accabler, ou comme il le fait pour ce pauvre Aquilino Morelle, si brillant dans ses pompes et dans ses oeuvres, de frapper un homme à terre! Voilà donc le "moraliste" pris la main dans le sac éthique : stipendié, hypocrite et lâche!
Je ne vous ferais pas l'injure, Madame, de vous expliquer que ces chroniques qui présentent une revue de presse interne n'ont pas d'autre but que de désigner à leurs lecteurs, responsables éthiques dans leurs Directions, Services et Unités, les situations problématiques analogues qui peuvent menacer à EDF le respect de ses valeurs et de sa Charte Ethique de Groupe. Bref mon job pour lequel je suis effectivement payé. Je ne vous ferais pas l'injure non plus de vous suggérer que, non, de telles chroniques ne doivent pas être un lieu pour faire campagne interne contre le comportement éthique d'un salarié d'EDF, d'un dirigeant ou de son Président, qui serait mis en cause par la presse ou la justice.
Comme vous avez eu raison donc, journalistiquement et moralement, de ne pas laisser échapper à la vindicte publique ce scandaleux responsable d'entreprise ! De le nommer, de décliner sa carte d'identité, et de braquer sur sa personne le projecteur dont vous aviez l'usage professionnel ! A ce pilori, je vous plains, vous et le Canard, d'avoir manqué ajouter ce jour là une majuscule.
Jean-Michel Guibert
Ci-joint la demande de droit de réponse adressée au Canard enchaîné.
Jean-Michel Guibert Paris, le samedi 3 juillet 2014
266, rue du Faubourg Saint-Honoré
Paris 75008
à
Monsieur le Directeur de la publication du Canard enchaîné
173, rue Saint Honoré
Paris 75051
Monsieur le Directeur,
Dans un article encadré en pleine page, signé de ses initiales par Mme Anne-Sophie Mercier, intitulé "Un moraliste appointé par EDF", publié dans la livraison du Canard enchaîné du 30 juillet dernier, je suis nommément mis en cause, dénigré et insulté dans l'exercice de mon activité professionnelle à EDF et sur le contenu des messages adressés par moi en interne à des collaborateurs de cette entreprise dans le cadre de mes missions.
Je considère que cet article traduit dans son propos global et dans chacune de ses phrases une intention de me nuire que son caractère excessif et sa faiblesse argumentaire devraient rendre inopérante.
Il reste que votre hebdomadaire l'a accueilli dans ses colonnes, que j'aime à appeler républicaines, et lui a donné, à la mesure de son audience et de sa notoriété, une diffusion et un caractère publics qui m'imposent de ne pas seulement le traiter par le mépris.
Je vous demande donc de pouvoir exercer à son encontre un droit de réponse dans les conditions prévues par la loi.
Vous trouverez ci-joint le texte que je souhaite faire paraître dans les formes requises qu'il vous appartient de mettre en œuvre. Si vous le jugez utile, je vous autorise à publier cette lettre.
Croyez, Monsieur le Directeur, à ma parfaite considération,
Jean-Michel Guibert
Une journaliste fourvoyée : réponse à Mme Anne-Sophie Mercier
Ah, Madame, dans cet article du Canard enchaîné du 30 juillet 2014 intitulé "Un moraliste appointé par EDF" où vous me livrez, nom, prénom, fonction, formation, (pourquoi pas adresse ?), à la vindicte publique, comme vous vous payez ma tête !
Me traitant de "moraliste appointé", de "révérend", qui "prêche"et critique à tout va, qui "se gausse d'un homme à terre", "épingle", "assaisonne", "attaque "et "fustige" tout autre que son patron, vous me donnez envie de me payer la vôtre, celle de la journaliste bien entendu.
D'abord en vous félicitant de vos bonnes lectures. Vous citez exactement mes présentations de la revue de presse éthique d'EDF. Vous avez été bien renseignée. N'avez-vous pas craint d'être utilisée par quelque brigue interne liée à mon départ prochain? Vous avez su surmonter vos scrupules.
J'écarte aussi le soupçon de règlement de compte personnel. Encore que votre long paragraphe sur le traitement qu'a subi de la part de vos confrères M. Aquilino Morelle, traitement auquel vous m'associez en m'insultant, se veut une leçon de morale journalistique. Vous prêchez donc parfois, mais en clouant au pilori un bouc émissaire.
Toute à votre hargne à mon égard, vous la projetez autour de vous en prenant pour des attaques, parfois même ad hominem, mes observations sur les manquements éthiques ou poursuites judiciaires, signalés et commentés, plutôt en mauvaise part, dans la presse.
Vous est-il si difficile de comprendre qu'un responsable éthique d'entreprise a pour mission, non de donner des leçons à quiconque, mais d'aider à poser concrètement, traiter, résoudre dans l'entreprise en fonction de ses valeurs et de son code éthique les problèmes éthiques de la vie professionnelle ? Par exemple dans les chroniques récentes que vous citez : le temps de travail "overdosé" des traders ; la méconnaissance intéressée du conflit d'intérêts ; la solidarité complaisante entre "anciens élèves" et membres de grands corps; le refus d'un grand Groupe d'assumer la responsabilité de marque qui lui est imputée ; l'écart entre les engagements éthiques et la pratique, chez les politiques comme dans les entreprises...
Pourquoi ne vous étonnez-vous pas, en "enquêtant" par-dessus mon épaule de responsable éthique d'entreprise, de la totale liberté de ton de ces chroniques, dont il faut faire crédit à l'entreprise qui les accueille?
Pourquoi ne voyez-vous pas leur évidente portée critique : en pointant entreprises ou professionnels soupçonnés, poursuivis et parfois condamnés, en tout cas objets d'opprobre, c'est évidemment EDF et son management que j'alerte.
Enfin comment pouvez-vous oser suggérer qu'un responsable éthique digne de ce nom puisse jouer les accusateurs publics en dénonçant ouvertement tel salarié...ou dirigeant? La journaliste qui me traite elle-même ainsi est-elle digne de ce nom?