Bien sûr il ne s'agit pas de la personne, qui échappe, ni même de la militante dont les combats provoquent et déçoivent. Encore moins de la condamnée à bon droit pour avoir par ses écrits porté atteinte à l'intimité de la vie privée d'un homme. Non, je ne veux pas de ce débat là. De même d'ailleurs que je ne voulais pas du débat sur la cupidité de Nafissatou Diallo. Qui n'a eu gain de cause qu'en laissant sans condamnation celui qui l'avait mal traitée. Ni du débat sur le consentement que l'homme d'autorité, le professeur, le politique, avait obtenu de Tristane Banon, avec l'assentiment résigné de sa mère, après l'avoir forcée dans un studio de rencontre.
Non, la seule chose qui m'intéresse, c'est la voix qui s'est élevée à travers le bruit très confus et proprement sordide de cette publication, voix portée par une femme qui a forcé l'intimité sexuelle du libertin proclamé. Voix de celle qui devrait sans doute se payer davantage sur cet homme qu'il n'a payé les femmes qu'on lui a rabattues. Voix "belle et bête", mais qui sait et déclare urbi et orbi que cet homme est un porc, c'est à dire, si on entend bien cette voix, un homme dont le comportement amoureux le rend indigne d'être un homme.
C'est violent, très violent, un vrai viol, au point de déchirer l'intimité la plus étroite. Il est juste que cela soit insupportable et condamné.Mais c'est aussi une condamnation, sans appel, publique, éclatante. L'exécution d'un comportement qui ne relève pas du libertinage et qui obtient tous les non-lieu, ou même tous les pardons pour les limites qu'il franchit, et la complaisance sidérante des unes, qu'on n'ose qualifier(" ce n'est pas un crime de se faire sucer par une femme de ménage") et la complicité des machos (" il est comme ça, un sacré cavaleur, faut qu'il s'envoie tout ce qui passe").
Oui, louée soit Marcela d'avoir été condamnée pour viol de vie privée! Pour avoir porté la vengeance des femmes, une vengeance de talion, par défaut de tout autre, pour toutes celles dont il aura forcé la faiblesse et qui n'auront jamais pu à leur corps défendant au moins le poursuivre, encore moins le faire condamner.
Femmes de tous pays, chères féministes, mes sœurs de parité, riez, riez à gorge déployée, à gorges nues comme d'autres sans vergogne, de cet homme, de pouvoir et de conquêtes, soucieux de l'image qu'il donne de lui à ses enfants, qui fait confirmer par un juge la vérité de l'insulte dont le gifle une femme!