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Billet de blog 30 août 2016

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Sus à la Gueuse?

Jamais la droite extrême, raciste, sectaire et césaro-libérale, reflet et relais "républicain" de l’extrême-droite historique en France, ne sera parvenue depuis plus d’un demi-siècle à menacer aussi directement la "Gueuse "!

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Sus à la Gueuse? 

L’extrême-droite française, nationaliste, raciste et fascisante, n’a jamais vraiment accepté les lois fondamentales d’égalité et de liberté de la République, « la  Gueuse ».  Cette hostilité a pu devenir factieuse  comme en 34 où les Camelots du roi défilaient dans Paris avec leurs cannes plombées et molestaient le Président du Conseil, "le juif Blum". L’extrême-droite Le Péniste dans sa conquête pacifique du pouvoir se garde bien d’apparaître comme factieuse et même ses défilés Premier mai/Jeanne d'Arc, antérieurement manifestations de force où les anciens de l’Indo, de l’Algérie Française, de l’OAS, d’Occident rivalisaient de muffles martiaux et de bérets commandos, sont devenus des fêtes de patronage, voire quasiment des banquets républicains. 

La droite extrême française,"césaro-libérale",  dont Sarko a repris le chantier de construction depuis tout petit, n’a pas le même complexe, parce que son hostilité porte moins contre le régime républicain lui-même que contre sa dimension démocratique et ses institutions sociales. C’est ainsi qu’elle est devenue « sarcophage"(!) du gaullisme historique d’abord en "césarisant"  la Constitution de 58 avec la réduction à cinq ans du mandat présidentiel;  ensuite en cherchant à démanteler "l’assistanat généralisé" des Ordonnances sociales de 1945 ; enfin en s’attaquant aux libertés fondamentales par la mise en place d’un État de plus en plus policier (le poste de Ministre de l’intérieur est devenu une étape stratégique) auquel le terrorisme islamiste est venu donner un coup de main en instrumentalisant in fine la gauche socialiste à travers l’état d’urgence et "de guerre". 

Mais l’atteinte portée par l’état d'urgence à certaines libertés de notre État de droit, notamment d’aller et venir, reste partielle et limitée. En revanche les arrêtés municipaux d’interdiction du burkini, qui font rire nos alliés et partenaires européens et dont l’exécution est la honte de notre République, sont, comme l’énonce sans fards le Conseil d’État, une contestation directe, tirée en salve par la droite extrême sarkoziste, contre des libertés fondamentales de notre République : aller et venir, confession et expression.

Rien d’étonnant que les maires militants concernés assument leur violation de notre légalité républicaine en refusant d’appliquer la suspension pour l'un et  de prendre en compte l’effet de « jurisprudence » pour les autres.  

L’enjeu de cette querelle du burkini n’est donc pas seulement la légalité des arrêtés municipaux qu’une simple loi réclamée à grands cris suffirait à établir.  Il est aussi celui de la mise en cause de libertés publiques inscrites au plus haut niveau de notre dispositif constitutionnel. Le Conseil constitutionnel, gardien de la Constitution et des textes qui y sont inclus comme la Déclaration de 1789  et le préambule de la Constitution de 46,  saura-t-il, sous la présidence du socialiste Laurent Fabius et de ses membres désignés par les instances de représentation et de pouvoir politiques, se montrer aussi vigilant pour une loi qui serait adoptée sous cette législature ou la prochaine que le Conseil d’État pour un arrêté municipal? Jamais la droite extrême, raciste, sectaire et césaro-libérale, reflet et relais "républicain" de l’extrême-droite historique en France, ne sera parvenue depuis plus d’un demi-siècle à menacer aussi directement la "Gueuse ". No pasaran?

  27/08/2016   

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