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Billet de blog 2 février 2014

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Jules Plisson, Sandrine Agricole, étude de genre rugbystique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les équipes de France masculine et féminine de rugby affrontaient tour à tour hier soir les équipes d'Angleterre, score de 26 à 24 et retransmission sur « A2 » pour les premiers, victoire 18-6 et retransmission sur « la 4 » pour les deuxièmes.

Jules Plisson faisait ses débuts , avec le numéro 10 comme demi d'ouverture, poste auquel sur les dernières rencontres depuis un an et demi pas moins de six joueurs l'ont précédé : Frédéric Michalak, , François Trinh Duc, Camille Lopez , Rémi Talès, Lionel Beauxis, Morgan Parra.

Dans l'équipe de France féminine c'est Sandrine Agricole (53 sélections) qui occupait le poste suite au forfait d'Aurélie Bailon, 32 sélections, les deux joueuses se partageant le poste ces dernières années et Sandrine agricole jouant souvent 3/4 centre quand elle n'est pas titulaire en 10.

L'équipe féminine se distingue donc par une plus grande stabilité à ce poste.

Cette différence entre les rugby masculins et féminins était sensible quand hier soir sur un de ses premiers ballons Jules Plisson tapait astucieusement à suivre dans le dos des défenseurs anglais. Son coup de pied rasant et plus ou moins loupé n'en provoquait pas moins une série de faux rebonds et au bout de 5 minutes de jeu Yoann Huget (élu talent d'or et interviewé à ce titre en fin de match, nous y reviendrons) surgissait et inscrivait son premier essai.

Les commentaires de Mathieu Lartaud sur « la 2 » relevait de la dithyrambe de commande comme on en connait souvent dans les reportages sportifs et s’inscrivaient aussitôt dans le registre de la découverte du nouveau numéro 10 de génie qu'attend le 15 de France... Ces fréquents changements sont souvent commentés de cette façon à leurs débuts avant qu'un nouveau choix de l'entraîneur ne renvoie aux gémonies l'espoir déçu.

Sur « la 4 » Jean Abeillou au commentaire après avoir été évincé de ceux du quinze masculin par M. Lartaud, est dans la sobriété. Il ne fait pas mine de s'étrangler à chaque coup de pied à suivre, judicieux et bien dosé de Sandrine Agricole qui, il est vrai, ne permettent pas de conclure...

Le jeu féminin n'a rien à envier dans l'engagement ni la technique à celui des hommes.

Les filles alignent des athlètes impressionnantes d'endurance et de combativité, certes les kilos sont en dessous de ceux des hommes. Les piliers juste en dessous de 100 kg sauf Elodie Portariès (quand même à 110) , Gaêlle Mignon capitaine et « talonneur » à 68 kg impressionnante tout au long du match, des deuxième lignes à 101, 89 et 76 kg, Marjorie Mayans trois quart centre, étonnamment alignée en touche pour une prise de balle à deux mains conclue par un essai magnifique en début de deuxième mi-temps 68Kg, et Sandrine Agricole 68 kg... pour 88kg à Jules Plisson.

En fait les mensurations rappelleraient plutôt l'équipe de France masculine d'il y a quelques dizaines d'années.

Mais d'autres aspect de ce rugby, sans qu'il dédaigne les pratiques « modernes » présentent ce côté «  conservatoire ».

Le jeu, beaucoup moins exposé auprès des spectateurs, 9 500 chiffre record hier au soir à Grenoble, et auprès des téléspectateurs, propose des phases d'une grande pureté.

Des groupés pénétrants, phase apparue dans les années 80 et qui ne cesse de gagner en fréquence et en importance dans le jeu moderne, (auparavant sur les « phases statiques » on voyait souvent des avants se placer de dos contre les adversaires pour protéger la sortie du ballon, le fait de faire face et d'essayer d'avancer serait- à vérifier- un apport de Raoul Barrière entraîneur du grand Béziers) enthousiasmants et parfaitement exécutés progressent rapidement sur plusieurs mètres.

Deux essais, tous deux marqués par la capitaine, revenue sur le terrain après s'être fait soigner et panser pur un éclatement de l'arcade, sur deux pénal touches, prise à deux mains,regroupement et franchissement de la ligne adverse.

La France domine. Sandrine agricole a montré tout le registre d'un grand demi d'ouverture, passes sautées, jeu au pied, dégagement en touche, drop goal ( 20 ème minute). Mais surtout elle est vraiment le meneur de jeu, le leurre qui parfois s'avance pur la dissimuler aux défenseures adverses, ne la fait jamais perdre de vue, elle est vraiment à la manœuvre.

Il n'y a pas de secret elle joue avec la confiance de ses camarades, en plus de cinquante sélections ses équipières savent, non pas qu'elle va tout réussir, mais que quoi qu'il arrive elles peuvent compter sur elle. (on peut voir à ce sujet dans les mémoires de Bennazi pourquoi il tenait Lamaison pour un grand demi d'ouverture: faire avancer, soulager les avants...)

La différence d'exposition oblige sans doute moins à prouver par un exploit télégénique « surcommenté » dans le soucis de l'audimat que par une constance qui construit la confiance sur la durée.

Le match offre d'autres instantanés qui par leur répétition donnent du sens à un jeu qui se montre pour ce qu'il vaut par lui même plus que par l'image à en extraire .

Réunion autour de Gaêlle Mignon avant la pénal touche du premier essai, conciliabule entre demi avant de lancer l'attaque, culte du maillot au moment de la sortie sur blessure de Marie De Nadaï : par petites touches, on a le sentiment de retrouver ces moments qui n'appartiennent qu'au jeu mais qui se perdent souvent dans le spectacle.

L'interview final enfin de la capitaine auteur des deux essais tranche avec celui de Yoann Huget lui aussi auteur de deux essais du quinze masculin. La prise de vue n'est la même, Yoann Huget est filmé en gros plan et contre plongée, et même s'il n'a été que « élu homme du match » on sent bien qu'il il faut un héros à la hauteur de l'évènement. Gaëlle est en plan large, elle répond en valorisant le collectif ce qui est certes un poncif de ce sport mais en trépignant d'impatience de rejoindre ses collègues, elle confirme la spontanéité que l'on a ressenti tout au long de la retransmission.

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