Je me demande.
Des transfuges passés de gauche ou de l’extrême gauche à l’extrême droite ça existe déjà, mais des hommes politiques ou des intellectuels connus et reconnus qui ont fait le saut, pas à ma connaissance.
Pourtant il me semble que ça peut venir et que c'est désormais un enjeu. Je viens de finir de lire la biographie de Maurice Thorez par Philippe Robrieux.
Doriot y apparaît en creux. En août 1932 lors d'une réunion du Plenum de l'internationale à Moscou, un soir en rentrant à l'hôtel, il saute sur Thorez, l'attrape par la cravate, l'accule contre une barrière, l'insulte, lui crache au visage... ils sont rivaux et se détestent.
"très populaire,bon orateur, physiquement courageux, donnant souvent l'exemple de l'action directe, Doriot jalousait et méprisait tout à fois Thorez: il trouvait profondément injuste que ce dernier sans aucun fait d'arme à son actif, eût réussi à la supplanter.."-p 159-
En fait sur un fond de montée du fascisme, de rectifications permanentes "des déviations", de procès, de crises où, jusqu'aux dernières limites, - juin 34- sera maintenue la dénonciation virulente de la social-démocratie, où la soumission à Staline se construit par la mise à l'épreuve et l'épuration permanente des dirigeants, cette rivalité ne sera elle aussi tranchée qu'à la dernière extrémité.
Le 6 février 34, Doriot tente une démarche auprès de Thorez pour que le parti "entre immédiatement en négociation avec les socialistes" et appelle à l'action unie contre les bandes fascistes, dans les mois qui suivent il entre avec le soutien de la majorité des adhérents et des habitants de Saint Denis dont il est Maire en opposition ouverte à la ligne Staline-Thorez pour l'unité d'action.
Durant cette brève période les trotskystes rencontrent Doriot,Trotsky écrit des articles, l'un s'intitule "ou vers l'opportunisme ou vers le marxisme" mais en fait "d'opportunisme" et "d'unité d'action anti fasciste" Doriot non seulement disparaît du parti et de la biographie de Robrieux mais s'engage dans l'évolution que l'on connait et qui le conduira à la mort après avoir revêtu l'uniforme allemand.
Tous ces évènement ont peu à voir avec la période actuelle, deux points cependant permettent une analogie.
Premier point: Les critiques qui se replient sur elles mêmes et qui montent en virulence en même temps qu'elles perdent le point qui les fondaient au départ.
L'orientation du PS n'est plus critiquée pour servir le capitalisme mais devient, en elle même, le mal absolu.
Deuxième point: le fort sentiment d'impasse à gauche et à l’extrême gauche et le succès du FN avec, comme l'argumente l'abonné de Médiapart qui a publié un billet pour annoncer son vote FN, l'idée qu'il n'y a que de là que peut venir un mouvement de rupture. (qui n'est en fait que l'illusion procurée par son propre mouvement)
Je ne sais pas si ça va venir; mais s'ils y arrivaient, les prises de guerre se travaillent comme telles, ce serait à la fois un signe que non seulement ils ont vraiment l'idée de venir au pouvoir ce dont on a pu douter mais qui a du s'imposer, y compris à eux même, à force d'avancer mais qu'une nouvelle étape rendrait, hélas, l'hypothèse encore plus crédible.