Brive Toulouse à Pompadour

Passé Lanouaille, des vergers, "vous êtes sur la route des pommes du limousin",  la Loue, la route zig zague, la Haute Loue, le moulin de Lasveyras haut lieu de la résistance en Périgord, des stèles tout le long du chemin en rappelant les morts, et voici Pompadour qui fête le centenaire de son club de rugby et accueille Brive (CAB) Toulouse (ST) en amical ce vendredi 3 août à 19h.
Pierre villepreux, enfant du pays dévoile une sculpture en poutrelles métalliques offerte par Jean Pierre Rives, en quelques mots il  remercie son ancien coéquipier  se retenant à peine de le chambrer pour l'ésotérisme du message que son oeuvre est sensée délivrer, remercie, à raison, les organisateurs et souhaite la bienvenue à tous.
Il souligne l'accueil "à l'ancienne", la petite tribune est réservée aux "personnes âgées"  et aux officiels et  tous les spectateurs sont debouts derrière la main courante, il fait de cette rencontre entre le rugby de village et le monde professionnel le thème de l'après-midi.
Le fait est que les deux équipes débarquant du bus et fendant la foule ébahissent les yeux par leur concentration de vedettes de l'ovale, locales, nationales ou internationales . L'échauffement commence, l'armada du Stade Toulousain ordonnée et groupée derrière le préparateur physique est impressionnante, Elissalde, entraîneur depuis l'an passé, tape des coups de pieds comme s'il allait rentrer.
Une calèche tirée par deux énormes chevaux, Pompadour est avec ses haras une cité du cheval, emmène quatre vétérans qui se dirigent d'une démarche lente et mal assurée au centre du terrain où ils remettent le ballon du match à une jeune crevette du club qui donne un premier coup d'envoi symbolique.
Puis c'est au tour d'un énorme taureau de race limousine de se laisser tranquillement conduire entre les deux équipes alignées et, s'y reprenant à deux fois, de renverser le ballon pour un deuxième coup d'envoi.
A la simple vue des gabarits (et de la familiarité télévisuelle avec les visages) on se dit que la force et la domination seront du côté de Toulouse, on en  compatirait d'avance pour la troupe de Didier Casadéi (pilier de la glorieuse époque du CAB et aujourd'hui entraîneur assis à nos pieds avec son staf). Le coup d'envoi réel est donné par Mac Alyster, ce sera un bonheur de le voir évoluer avec ses gestes de virtuose au long de cette première mi-temps , à la réception, Arnaud Méla donne le ton: sérieux, appliqué, combattifs à l'extrème, les avants Brivistes ne sont pas là en victimes expiatoires.
Radikedike MalaKai le numéro 14 traverse les lignes toulousaines sur quarantes mètres au centre du terrain, regroupement premier essai d'un troisième ligne pour Brive. Par trois fois, au moins, l'ailier récidive, intercepte, perce met la panique dans la défense adverse, puis il sort touché à la cuisse et vient s'asseoir sur les boucliers d'entrainement. L'encadrement prend de ses nouvelles et le congratule en anglais plus où moins approximatif, il est peu volubile, quand il s'exprime spontanément c'est dans la langue des Fidji en direction d'un compatriote sur le terrain.
J B Péjoine le demi de mélé est comme un poisson dans l'eau, parfaitement en phase avec l'équipe, il distribue les balles avec stratégie et roublardise. Le 10 et le 15 corréziens soulagent leur équipe quand il le faut, deuxième essai, 20 à 5 pour Brive à la pause.
A la reprise on craint toujours le pire pour Brive et effectivement Gael Fickou  un jeune (très grand) espoir qui porte le numéro 13 des rouge et noir, se signale et marque sur un exploit individuel. Un jeune espoir briviste entré à l'ouverture à moins de chance, télescopé de façon spectaculaire par Florian Fritz il sort avec une minerve et vient remplacer son équipier Fidjien sur le bord de la pelouse.
Toulouse nous régale quand même d'une attaque en ligne avec des passes ultra pécises adressées cinquante centimètres devant le destinataire qui se propulse pour la réceptionner,essai.
En fait c'est çà le rugby pro, éxécuter à la perfection, ce que quiconque s'est essayé à la pratique du ballon ovale savait devoir faire, sans y arriver.
Pour l'anecdote, quoique, Beauxis passe, sous les sifflets, une pénalité à la dernière minute et Toulouse "gagne" 22 20. Quelques instants plus tôt Brive n'avait pas tenté une pénalité devant les poteaux essayant en vain de conclure une "pénal-touche" par un essai.
 La main courante se transforme en forum, la polémique, sans doute aussi vieille que le rugby tout court, s'engage, la tenter ou jouer à la main, gagner ou faire du jeu, esthétique et efficacité...