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Billet de blog 7 juillet 2013

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Pot de départ en retraite

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

le 28 juin dernier sous le préau de l'école, j'ai récapitulé en mode distancié ma carrière pour mon pot de départ...

"La formation professionnelle

Je suis originaire d'un petit village du sud des Landes, je suis arrivé à Tours en 1973 pour suivre la formation professionnelle à l'école normale d'instituteurs de Fondettes, la formation se faisait en deux ans après le bac. J'étais déjà venu à Tours trois ans avant pour passer le concours en fin de troisième, avant le début des épreuves le directeur de l'EN nous avait annoncé que nous pourrions faire nos années de seconde, première terminale dans le lycée de notre choix, ce qui, bien qu'en aparence anodin, s'avérera participer du début de la fin de la conception traditionnelle des EN...

le 11 septembre

On peut voir sur les écrans de ciné ou de télévision une représentation complètement caricaturale des jeunes de cette époque avec des cheveux longs et passant leur temps à défiler dans les rues...pour ce qui est de mes deux camarades d'EN présents ce soir je m'abstiendrai de commentaires mais je reconnais que pour ce qui me concerne il y avait du vrai dans cette image...en fait, dans mon souvenir j'arrive à Tours le 11 septembre 1973, date maudite de l'histoire ou bien avant celui de 2001, des évènement dramatiques se produisent au Chili et qui me préoccupent au moins autant que la formation professionnelle pour laquelle, ayant fait pas mal de “colos” je trouve que j'en sais déjà pas mal.

Je ne sais vraiment pas ce que j'aurais fait s'"ils" ne m'avaient pas pris....

Ma première année de formation ne s'est pas excellemment bien passée et il s'en est même fallu de très peu que ce soit ma dernière. Je suis sauvé inextrémis par un changement de direction à la tête de l'école normale par l'arrivée de Monsieur T... qui décide de me faire confiance, de me laisser suivre la deuxième année et de me lancer dans le métier. J'ai eu le grand plaisir de discuter de ça avec lui lors du pot de retraite de Monsieur L.... à l'automne dernier et de constater combien qqs 40 ans après il gardait lui aussi un souvenir vivace de cette période.

Travailleur imigré?

A la sortie de l'EN cependant je n'ai pas eu forcément le meilleur poste, j'ai été nommé en perfectionnement à la campagne. Il y avait je crois deux classes de perf dans les préfabriqués de l'école, j'avais des grands dont les parents étaient agriculteurs et qui n'avaient plus envie de venir, préférant selon leurs propres dires conduire le tracteur ou s'occuper des “chieuvres” (j'ai vite remarqué qu'ils avaient un drôle d'accent) mais le mien devait aussi les intriguer. Un jour un père d'élève est venu me voir, son fils lui avait raconté qu'il avait un maître portugais et il voulait vérifier par lui même.

à l'extrème nord du sud de la Loire

Je suis arrivé à Joué Lès tours en 1979, j'ai eu à l'école du Morier Monsieur C..... comme premier directeur, il m'a téléphoné pour s'excuser de ne pas venir ce soir, d'autres collègues de cette époque et des années passée dans cette école sont là, Monsieur C..., m'a définitivement convaincu de la différence entre l'école et la colonie de vacances, et j'ai gardé de lui un souvenir dans lequel j'ai toujours puisé au long de ma carrière.

Une profession qui s'est vécue sur le mode d'une corporation

J'ai été très actif au plan syndical, j'ai siégé assez vite au conseil syndical du SNI qui se tenait au 57 Bd Heurteloup où je représentais l'Ecole Emancipée, j'y ai entre autre ferraillé avec Claude H.... le papa de notre actuel DDEN qui a fréquenté avec beaucoup d'assuidité tous nos conseils d'école.

C'était une autre époque au sens où les instituteurs avaient une seule et même coopérative d'achat, une seule et même assurance auto, une seule mutuelle et (à très peu près) un seul syndicat, nous ne pensions, heureusement, pas tous la même chose mais nous pensions par contre tous une chose, à savoir que l'avenir radieux de l'école publique se jouerait dans le fait qu'on lui réserve enfin l'exclusivité des fonds publics, cette bataille a été perdue et la guerre est même (provisoirement?) finie, rassurez-vous je ne prends pas pour quelqu'un d'autre et je ne vais pas lancer l'appel du 28 juin mais je continue à ne pas voir en quoi nous avions, sur le fond, tort de dire "à école publique fonds publics".

Sujet et objet de l'histoire

Après j'ai été l'un des promoteurs de la création du syndicat FO chez les instituteurs, nous pensions être à l'origine d'un processus alors que nous étions pris dans un mouvement qui changeait l'image et la structuration de la profession. Si j'en retenais un élément positif ce serait le stage de prévention des troubles de la voix dont nous avions obtenu la mise en place et qui a fonctionné avec un grand succès auprès des collèges pendant des années. Je me suis éloigné de cette activité qui à un moment donné m'a posé plus de questions qu'elle ne permettait de trouver de réponse. Il en reste une à laquelle nous sommes tous confrontés c'est que l'on est toujours sujet et objet de son histoire.

....Mais s'ils ne m'avait pas pris je me demande qui ils auraient pris

Je me suis recentré sur le métier lui même et je me suis orienté vers la direction d'école, j'aurais donc passé dix ans comme directeur de celle ci. Je n'oublie évidemment pas les moments dramatiques* que nous avons traversé mais ces années resteront comme les plus intéressantes au plan professionnel, elle me permettent de prendre congés sans la moindre aigreur, avec un sentiment de satisfaction. L'école M. est classée ZEP mais c'est une école avec une bonne mixité sociale, pour la partie, majoritaire, de la population qui vient de l'habitat collectif de la ZUP, je dois dire qu'alors qu'elle est si souvent stigmatisée, c'est au contraire parmi ces parents que j'ai trouvé une confiance et une attente vis à vis de l'école telles qu'elles ont été une source de motivation importante au long de ces années.

La laïcité

Je n'ai pas eu de problème majeur avec la laïcité. Une annecdote me revient que je vais rappeler même si je risque de ne pas faire plaisir à la collègue qui l'a vécu l'an passé sur un mode moins ironique que celui avec lesquel je m'en rappelle. Un père d'élève s'est ému, c'est un père d'élève que nous connaissions bien pour être très "émotifn*", auprès de notre inspecteur M. L... de ce que la maîtresse traite de l'apparition de l'islam dans son  CM1, cette question est bien au programme, comme la religion chrétienne l'est dans celui de CE2. Nous avions du échanger là dessus ave M L... et constatant que le chapitre suivant était la prise de Jérusalem par les croisé, j'avais du, avec l'accord de mon supérieur demander à la collègue de donner l'assault sans tarder. Je pense en fait sur le fond qu'il y a sur le sujet plus de peur que de mal"

Les relations avec la hiérarchie

Avec M. L.... les relations n'ont jamais été pour moi une source de problèmes nous avons au contraire à défaut de les trouver à tous les coups toujours cherché des solutions conforme à l'intérêt des enfants et de l'école et c'est aussi la raison pour laquelle je suis content de sa présence.

Les remerciements d'usage mais sincères

Je vais en arriver aux remerciement que j'adresse donc à ce que l'on appelle désormais “ l'équipe de circonscription” Michèle qui a remplacé M.L.... comme inspectrice pour cette année, la secrétaire Mme L... qui n'avait pas tjrs le remplaçant nécessaire mais qui a souvent fait son possible pour qu'il en vienne un parfois de l'autre bout du département.

Michèle tu as finalement eu la chance de diriger la barque dans une année assez ordinaire, c'est à dire une année de réforme dont ceux qui restent actif et acteurs verront si c'est cette fois ci, le début ou pas d'un vrai changement. Tu as en tout cas montré que la gentillesse n'empêchait pas de faire le travail

Remerciements à “la mairie” représentée par Kheira F et Vincent T adjoints au maire et au service enseignement. Je laisse l'école dans un meilleur état que celui dans lequel je l'ai trouvée. Je pense aux locaux, il a eu de crée une salle des maîtres et d'importants travauxd'entretien et de rénovation, je pense aussi aux partenariats sportifs et culturels avec l'école de musique, avec la programmation jeune public de Malraux qui apporte aux enfants.

Je remercie enfin tous mes collègues, j'ai eu plaisir à recontrer mes collègues directeurs des écoles voisines quand nous faisions encore des réunions “ZEP” je n'ai pas eu de problème de frontrière, juste celles avec l'école R..... qu'il faudra peut être revisiter. Je remercie tous les personnels qui ont travaillé dans l'école et dont je ne m'étais jamais autant aperçu qu'au moment de les inviter à ce pot de retraite de combien ils sont nombreux mais dont j'ai toujours su l'importance dans le fonctionnement de l'ensemble: le personnel d'entretien , de restauration, les différents Assistants de vie scolaires vis à vis desquels on a toujours du mal quand on compare ce qu'ils gagnent et ce qu'ils apportent et bien sûr les enseignants pour m'avoir dans différents sens du terme supporté pendant ces années.

La retraite

Je n'ai pas de projet de retraite bien précis, j'ai un projet générique, originaire comme j'ai dit du sud des Landes j'ai rencontré Marie Claude dont les attaches familiales sont enDordogne, une fille du nord donc, avec qui j'ai eu la chance jusqu'ici de partgare ma vie. Mon projet c'est un peu comme dans la chanson “dedans ma chaumière pour y être heureux combien faut-il être il faut être deux” en l'occurence la maison est celle qui nous vient de la famille de Marie Claude en Dordogne et le projet consiste aussi chaque fois qu'ils auront le temps et l'envie de venir d'y être avec nos deux fils Lilian et Pierre qui ne vont pas tarder rassurez vous à vous prposer qqs rafraîchissement. Entre Brantôme et Thiviers arrêtez vous vous aussi si l'occasion se présente nous vous accueillerons avec plaisir et si vous vouliez séjourner nous louons même un appartement très correct en RDC."

J'ajouterai un mot pour les élèves

On m'interroge quand je vais chez le coiffeur ou en d'autres occasions souvent à leur propos (sur un mode ou la question attend en fait un acquiescement) pour savoir s'ils sont plus terribles qu'avant. Je ne sais pas répondre et je ne vais pas faire des années et des années supplémentaires pour pouvoir me prononcer surtout qu'ils auraient encore changé...Je n'ai pas du tout ce sentiment, ce dont je suis sûr c'est qu'ils ont besoin et méritent qu'à leur tour on leur fasse confiance.

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