Il était en usage dans les « école de form » dans lesquelles j'ai abordé, il y a longtemps quelques rudiments de marxisme de flatter le génie de Lénine qui dès 1903 avait eu pour un désaccord portant sur une virgule dans la phrase d'une résolution, la clairvoyance de scissionner d'avec les « mencheviks », pressentant que derrière le moindre flou sur la question de savoir qui est ou non membre du parti pourrait se jouer le sort de la révolution prolétarienne.
Autant dire ce qu'il aurait pu penser de la primaire où l'on soumet à des non membres du parti le soin de désigner son candidat. D'aucuns (post-léninistes?) voient encore aujourd'hui dans cette évolution la fin, non plus de l'espoir d'une révolution prolétarienne victorieuse, mais, quand même, du politique, de la démocratie ou au moins des partis.
Cela fait pourtant longtemps maintenant qu'une évolution tend à modifier les fonctionnements institutionnels du modèle de système fermé à celui de système ouvert. N'est-ce pas dès 1893 dans son ouvrage « De la division du travail social » qu' E. Durkheim pressentait et décrivait cette évolution : « il ne faut pas oublier que si le contrat a le pouvoir de lier, c'est la société qui le lui communique.. » ne peut-on traduire par « si un candidat a le pouvoir de rassembler ce sont ses électeurs potentiels qui le lui communiquent.». Cette évolution a touché l'école, l'église, la famille, ... elle atteint aujourd'hui (enfin?) les partis.
Le fonctionnement en système ouvert ne méconnait pas la distinction entre l'intérieur et l'extérieur , il envisage des ouvertures et des fermetures qui ne sont simplement pas fixées d'emblée.
Le système ouvert conserve une entrée, un effet, une sortie, mais il fonde en permanence ses frontières. Il ne les légitime pas uniquement par le confort de ceux qui sont dedans mais par l'intérêt qu'il fait trouver à ce qu'elles existent à ceux qui restent à l'extérieur.
Pour cela, il définie quand, comment et où ils peuvent entrer dans le fonctionnement du système.
C'est ainsi que la gauche organise des primaires.
Elles ont il me semble plus à voir avec cette évolution démocratique qu'avec une simple réplique du « modèle » américain dont je laisse aux connaisseurs le soin d'établir une genèse qui corresponde avec l'histoire fédérale de cet état.
Les actuelles primaires souffrent cependant de n'exister que pour l'élection présidentielle. "Election majeure » pour les uns alors que d'autres au contraire, ne manquant pas d'arguments, estiment que le prochain progrès démocratique consistera à s'en débarrasser.
Ceci explique peut être que les critiques à l'encontre de l'élection présidentielle croient devoir condamner dans un même mouvement les primaires qui relèvent pourtant d'une évolution qui devrait nous amener à dépasser le présidentialisme.
Une façon de résoudre cette apparente contradiction pourrait être alors de ne plus désigner de candidat à quelque élection que ce soit, municipale, législative, cantonale et surtout (répétons le) MUNICIPALE sans prendre au préalable l'avis de ceux que l'on sollicitera comme électeurs au travers de «primaires?
Quant-à l'avenir des partis écoutons à nouveau Durkheim à propos des corporations dans l'ouvrage déjà cité « Parce qu'elle ne sut pas s'assimiler la vie nouvelle qui se dégageait, la vie se retira d'elle.. »
Bon dimanche à tous.