Le bulletin municipal "Joué ma ville" de juillet août 2013 est largement consacré aux suppressions de postes annoncées le 10 juin dernier par Michelin. L'usine Michelin de Joué-lès-Tours a fabriqué son premier pneu le 6 juin 1961. Elle a employé jusqu'à 4.200 personnes, en 1982. En juin 2013 donc, le choc. Le groupe annonce la suppression de 730 postes sur 936. Le journal local La Nouvelle république apporte les informations suivantes :
« Résultats. En 2012, Michelin a réalisé des ventes nettes de 21.474 millions d'euros, en progression de 3,6 % pour un résultat net bénéficiaire de 1.571 millions d'euros. Le cash flow libre s'établit lui à 1,075 milliard d'euros.
Poids lourd. Pour Stéphane Roy de Lachaise, directeur du service du personnel de Michelin France, le regroupement dans l'usine de Vendée de l'activité poids lourd était « indispensable » pour maintenir la fabrication en France. « Ce marché a baissé de 25 % depuis 2007 et le groupe doit s'adapter ». Les ventes nettes poids lourd se sont élevées à 6.736 millions d'euros en 2012, stables par rapport à 2011 mais les volumes ont cependant reculé de 10,8 %
alors que le Michelin avait donné la priorité au redressement et à la rentabilité de cette activité. Il a assuré que « les volumes produits en France ne vont pas changer » et qu'ils « seront égaux ou supérieurs » et a d'autre part souligné que « l'usine de Joué-lès-Tours ne ferme pas » puisqu'elle continuera à produire des membranes et du calandrage, avec 200 salariés.
Sénat. La sénatrice communiste d'Indre-et-Loire, Marie-France Beaufils a déclaré que la restructuration de l'usine Michelin de Joué-lès-Tours aurait dû être « illégale » lors d'une question posée le vendredi 21 juin au gouvernement. « La richesse accumulée par Michelin s'est faite essentiellement sur le dos de l'ensemble des travailleurs. Et on voudrait faire payer la note à ceux-ci, alors que les dividendes ont augmenté de 250 % depuis 2008 ! ». Les communistes avaient déposé un projet de loi « tendant à interdire les licenciements boursiers et les suppressions d'emplois abusives » qui n'a pas été adopté malgré une majorité à gauche et notamment des « sénateurs socialistes ». Le gouvernement par la voix de la ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif, Fleur Pellerin, a répondu que le gouvernement serait attentif aux engagements de Michelin quant aux salariés tout en soulignant que le groupe continuait à investir en France. »
Le conseil municipal réuni le 14 juin a adopté une délibération unanime on y lit :
« C'est une brutale et violente onde de choc pour notre ville dont l'histoire est intimement liée à cette usine et à ses salariés. C'est un coup de tonnerrre économique et social pour notre département et la région centre avec de graves conséquences pour de multiples entreprises travaillant en sous-traitance pour Michelin.
les raisons avancées pour justifier ce choix industriel ne sont pas convaincantes. En effet, les nombreux atouts de notre territoire dans les domaines universitaires, de la recherche de la formation et des infrastructures de communication n'ont pas été pris en considération par le groupe...Le conseil municipal ne peut peut se résoudre à accepter cette décision; il demande solennellement à Jean Dominique SENARD, Président de la gérance ainsi qu'au comité éxécutif du groupe de réexaminer en urgence ce dossier. En tout état de cause, le groupe devra implanter une autre activité industrielle Michelin sur le site jocondien pour en assuer la pérénité."

Le site de Joué Lès Tours (photo NR)
Il est clair que cette catastrophe pour la ville a avant tout un aspect social mais elle met aussi à l'épreuve les politiques des uns et des autres et sans mettre en cause la volonté de quiconque de s'opposer au suppressions on peut s'interroger. Discussion de la statégie industrielle de l'entreprise d'une part, loi interdisant les licenciements boursiers d'un autre côté. Face à la première approche on peut craindre que le "Président de la gérance" ne se sente aussi qualifié en matière de stratégie pour son entreprise que ne le sont les élus et qu'il se sente surtout plus autorisé qu'eux pour en décider (quitte à lâcher un peu de lest dans le domaine de l'accompagnement). La loi évidemment paraitrait la solution radicale, encore que: interdiction des licenciements mais pour les suppressions d'emploi? et puis dès lors qu'une entreprise est côté en bourse peut-on distinguer entre licenciements boursiers ou non?
Derrière l'unité nécessaire ces questions sont posées.