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Billet de blog 17 janvier 2014

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Des paroles et des actes...la compétitivité des entreprises et le tonneau des danaïdes...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après le débat de ce soir sur France 2 dont les protagonistes au moment où j'ai écouté étaient Michel Sapin, ministre du Travail, Michel-Edouard Leclerc, PDG de l'enseigne E.Leclerc, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, Catherine Barthélemy, PDG de Manuloc, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA,

je me suis rappelé de mes lectures d' Ernest Mandel, économiste marxiste. Il expliquait qu'indépendamment des éléments qui pouvaient les déclencher (banqueroutes financières, prix du pétrole, etc..) les crises n'en gardait pas moins, conformément à la théorie marxiste, un lien avec l'économie réelle sous la forme de crises de surproduction .

Pour préserver leurs marges (à l'époque on disait profits) , les entreprises cherchent en permanence à augmenter leur production. Pour cela elles améliorent l'appareil productif et/ou grossissent, absorbent leurs concurrents et/ou fusionnent etc.... Il s'ensuit que le marché sature et que les crises surviennent régulièrement éliminant les plus fragiles, jusqu'à ce que le marché se désengorge et que l''on assiste à la reprise du processus. Les temps ont changé, on parlait déjà de marché mondial mais pas exactement de mondialisation et pas, où pas autant de délocalisations et les cycles d'expansion récession sont sans doute beaucoup plus rapides, la crise semble même être devenue une donnée permanente.

Je repensais à cela car le maître mot du début de soirée était « la compétitivité » et la discussion de savoir si une fois rétablie leur compétitivité en les ayant dispensé des cotisations pour les allocations familiales, les entreprises joueraient ou pas « le jeu ». Voici les réponses des deux patrons présents.

La PDG de l'entreprise de location (passée de 10 à 1000 employés) la moins habituée des plateaux télé et peut être la moins langage convenu de tous, ne promettait rien mais affirmait que son seul objectif était, en améliorant sa compétitivité, de passer à 2000 employés, ce qu'elle ne pourrait réaliser qu'en gagnant de nouveaux marchés.

C'est ainsi que les mille emplois si elle réussissait à les créer  chez « Manuloc » seraient grosso-modo ceux qu'elles aura réussi à détruire chez le concurrent.

Chez Leclerc l'objectif était, compte tenu de la dimension atteinte par son groupe proportionnellement plus modeste, 5000 emplois alors qu'il y en a déjà 100 000 mais son enthousiasme paraissait par contre bien plus grand.

Il se présentait comme entrepreneur citoyen, porteur d'un « projet d'entreprise ». Plus qu'à des considérations morales désintéressées son affichage d'un soucis de l'intérêt général (consistant essentiellement il faut dire à soutenir la politique du gouvernement) avait bien évidemment rapport avec les « intérêts de l'entreprise » puisqu'il précisait vouloir améliorer « les services » rendus à la clientèle qui se déplace dans ses magasins pour ne pas se faire tailler les croupières par la vente par correspondance.

Malgré toutes les différences d'un secteur à l'autre de l'économie on comprend que l' amélioration de la compétitivité n'est une source d'emplois qu'au détriment des concurrents dont elle prépare à plus au moins courte échéance dès le prochain ralentissement ou même avant la disparition.

Cette illusion des bienfaits de « compétitivité » est permis (ou renforcé) par une vision où la concurrence opposerait uniquement les entreprises françaises  aux entreprises étrangères (puisqu'à l'intérieur de même pays elles sont soumises aux mêmes charges) ce qui doit être un peu simpliste...

Certes les marchés ne sont pas totalement saturés et il reste des positions à prendre en Asie et en Afrique (qu'il faut "stabiliser") mais la marche à l'amélioration de « la compétitivité » peut -elle produire autre chose que le chaos qu'elle a toujours engendré jusqu'ici et dans l'immédiat l'injection de nouveaux milliards... à fonds perdus...

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