Le premier adjoint, ceint de son écharpe tricolore accueille les familles, les parrains et les marraines et une centaine de personne se retrouvent dans le hall puis dans la salle des mariages où a lieu la cérémonie. Depuis plusieurs jours la police patrouille aux abords du foyer Adoma de la commune, les parents n'osent plus sortir pour emmener des enfants à l'école. Le matin la directrice part un peu plus tôt pour passer chercher des élèves dont les familles sont menacées. Ça n'est pas la première cérémonie de ce genre dans cette mairie, les militants locaux rassemblés sous le sigle RESF emmenés par Dominique, prof au collège, font un travail, juridique, social: éducatif, hébergement, politique...au total un travail extraordinaire d'investissement, de tension, d'humanité. Mais ce matin il y a beaucoup de chaleur dans les retrouvailles. La police fait des descentes nocturnes dans les chambres des résidents du foyer pour contrôler les identités. A son arrivée au début du mois le nouveau Préfet à annoncé la couleur: faire exécuter sans faiblesse les OQTF...Le climat est insupportable pour ceux qui le vivent, détestable pour tout le monde et ça fait plaisir de se retrouver là. Le maire adjoint dans son style tout en sobriété et en rigueur qui contribue bien à la solennité du moment présente en quelques mots la cérémonie. Il donne un rapide historique des baptêmes civils ou républicains. Issus d'une période où le gouvernement révolutionnaire procédait à la déchristianisation et avait (mordu le trait, c'est moi qui rajoute) en prétendant instaurer une religion civile. Puis il donne la parole à Dominique, le nom de famille de l'une des mamans d'origine Arménienne est le même que celui du Manouchian de l'Affiche rouge et elle termine par la lecture du poème d'Aragon qu'a chanté Ferré. On essuie quelques larmes dans l'assistance. Puis la directrice de l'école, une de ses collègues, les parrains, les enfants et leurs parents s'avancent pour écouter la lecture de l'acte et signer les documents. Plusieurs parrainages ont lieu à la suite. On fait une photo du groupe, les enfants brandissent leurs certificats comme des trophées. Un dispositif est pris pour ramener tout le monde à bon port. Un petit moment de chaleur s'achève. J'écoutais hier soir à la radio une tribune d'Ewy Plenel (que plusieurs participants de ce matin connaissaient déjà sous son pseudo de Krasny)consacrée au 24 août 1944 et à la libération de Paris par les des « Forces française libres » composées des espagnols de la « nueve », en 1943 Manouchian et son groupe étaient chargés de de la mission (suicide?) d'assurer dans Paris l'action des « patriotes français ».
E Plenel expliquait comment les «défenseurs de la France » d'avant 1939 utilisaient à quelques mots près la même rhétorique que la droite et l'extrême droite aujourd'hui avant de se retrouver au gouvernement à Vichy.
Comme ça été dit ce matin l'histoire ne se répète pas mais peut avoir tendance à bégayer.