Copé: ni ni, Fillon: ou ou

Comme on sait F. Fillon a envisagé qu'en cas de duel PS FN au deuxième tour on puisse voter ou pour l'un ou pour l'autre déclenchant la crise  au sein de son parti adepte jusqu'ici du ni ...ni. On peut cependant remarquer que dans les deux cas le FN est mis sur le même plan que le PS et voir dans la position de Fillon autant  une suite logique qu'une rupture, le plus intéressant cependant si l'on s'interroge sur le contenu réel et l'origine de la "banalisation" du FN est dans le constat de cette équivalence. Claude Lelièvre donnait récemmment le contenu du programme adopté par l'UMP en matière scolaire qui se prononce désormais pour "le chèque éducation " (allocation versée à la famille qui met les établissements scolaires en situation de concurrence dans la gestion de clientèles) ce qui a ma connaissance serait appliqué dans quelques endroits des USA mais faisait partie du programmme de Le PEN. On voit dans cet exemple l'hypocrisie de  la formule  "parler aux électeurs du FN" qui vise à laisser  entendre
que  c'est "l'opinion" qui s'égare (et qu'il s'agirait le cas échéant de la ramener dans le giron "républicain") alors que c'est sur le fond même du programme  de l'UMP que les idées du FN deviennent "banales". Il est possible de faire des constats similaires ou approchants pour  la sécurité ou l' imigration et sans doute dans bien d'autres domaines. Ensuite la question vraiment importante est de comment s'opposer à cette banalisation/progression des "idées" du FN. On ne peut ignorer bien sûr les actes du gouvernement, les efforts qu'il demande et qui concernent surtout les couches les plus populaires déjà  touchées par la crise, ce qui n'échappe pas aux premiers intéressés, ni non plus les "non actes" telle la non réforme fiscale. Cette approche même si elle explique autant l'abstention que le vote FN, peut elle aussi conduire à expliquer les progrès du FN par le transfert du vote ouvrier et à éviter de se questionner sur la responsabilité des sommets. Le suffrage universel même s'il n'est, par définition,  plus censitaire ne met pas à égalité ceux qui ont les moyens de ne pas en attendre grand chose d'immédiat et ceux pour qui au contraire l'attente des mesures recoupe les besoins urgents de la vie quotidienne. L'unité de tous nécessaire pour faire reculer le FN nécessite de conjuguer les actes et les idées. La réforme fiscale qui aurait pu provoquer la mobilisation pour la justice et l'égalité contre les "pigeons" et autres volatiles en tout genre aurait aussi obligé les uns et les autres à se positionner pour ce qu'ils sont et aurait pu être un acte clarificateur au plan des idées. Si à gauche la révulsion qu'inspirent les dirigeants du FN fera l'unanimité, Médiapart rappelait récemmment, photos explicites à l'appui, leurs fréquentations, où l'on voit que si eux mêmes ne saluent pas bras tendu devant l'objectif, ils comptent plusieurs petits camarades qui ne rechignent pas à le faire. Mais les idées? les condamnent -t-on pour ceux qu'elles sont ou (un peu comme semble faire l'UMP) à cause de ceux qui les défendent? Les propositions d'inspiration "protectionnistes" ou "anti européennes" ou même visant une illusoire marge de maneuvre "nationale" (dont on peut douter de l'efficacité économique face à un système économique à la crise mondiale permanente) sont autant de cautions apportées au logiciel nationaliste avec lequel le FN prospère. Sur d'autres sujets tels  la "laïcité" version HCI on trouvera d'autres passerelles ou élèments de contamination. Si la politique s'exerce dans le cadre national, cela ne doit pas faire perdre de vue que les solutions sont  en terme d'union des populations, européennes, internationales (voire mondiales), c'est là sur le fond une démarcation indispensable.