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Billet de blog 19 décembre 2012

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Je ne fais pas partie des dindons

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le mouvement des « dindons » vient d'apparaître chez les instituteurs, voici pourquoi je n'en suis pas.

Sans jamais me prendre pour un aigle, j'ai connu et participé, au temps de mes engagements, à bien des prises de bec syndicales et politiques où il est arrivé que fusent quelques noms d'oiseaux.

Pour autant la revendication du nom de volatile pour englober le mouvement de protestation est une première, dans laquelle je refuse de me reconnaître.

Au delà donc de la nouveauté de nom et de forme je ne suis pas sûr que le contenu échappe lui au vieux débat, connu du mouvement syndical et qui vise à faire la part des choses entre le corporatisme et les revendications corporatives.

Je ne suis pas sûr non plus que « les dindons » en surfant sur le premier aident beaucoup à faire avancer les secondes.

Les deux textes de référence sur lesquels se fondent mes réticences sont une pétition et l'interview d'une collègue présenté dans le blog des dindons sous la signature « dinde du 94 ».

dans le premier texte et sous l'apparence anodine de revendications banales et consensuelles:

  • l'allègement des programmes scolaires du primaire

  • la baisse des effectifs par classe

  • la remise en place des RASED (qui ont été détruits ces dernières années)

se glisse celle-ci:

  • la prise en charge des élèves porteurs de handicap(pérennisation des Auxiliaires de Vie Scolaire, ouvertures de places en classes spécialisées)

dans la lettre au ministre « signée » de la collègue du 94, outre le fait que les facettes du travail y soit toutes présentées dans le registre de la déploration, je relève cet extrait:

« ...Comment faire plus quand on nous demande d’inclure des enfants handicapés avec des AVS non formées (ou parfois pas d’AVS du tout !) sans que nous-mêmes n’ayons jamais été formés à leur accueil ?
Comment faire plus quand dans nos classes certains élèves présentent de tels troubles du comportement qu’ils empêchent les autres d’apprendre et que toute notre énergie est consacrée à essayer de les canaliser ?.... »

L'accueil des enfants en grande difficulté d'apprentissage et de comportement (que la loi de 2005 demande pour une bonne partie qu'il soient reconnus « handicapés » ce qui serait une autre discussion) est à l'évidence une des difficultés de l'exercice de ce métier, on doit le reconnaître sans nier aucune des bonnes raisons qui fondent cet accueil. Il est légitime de revendiquer autour des conditions de cet accueil, mais pas, même par insinuation, comme le fait il me semble le texte de cette pétition, de le mettre en question comme une des mission fondamentale de l'école.

La limite (étroite) entre des revendication corporatives, directement produites de l'exercice de la profession et formulées au bénéfice de ceux qui l'exercent et qui me paraissent pleinement légitimes et le corporatisme où ces mêmes revendications (où à peu de chose près les mêmes) participent donc d'un autre registre c'est le renversement de l'ordre des hiérarchies.

L'intérêt d'une profession ne peut réellement être défendu que dans une vision d'amélioration globale, ainsi les revendications touchant à l'accueil des élèves en grande difficulté doivent, à mon avis, viser à le favoriser, non à s'en préserver.

Les collègues arguent cependant d'un problème réel dont ils sont le symétrique, le ministre dans sa refondation de l'école se présente devant les personnels en leur disant qu'il n'a rien à négocier ce que n'avait pas fait, quoique l'on pense de l'accord de revalorisation signé à cette époque, Jospin en 1989 et qui n'est pas de très bonne politique.

S'ils s'appuient donc sur ce sentiment très répandu dans les écoles de ne pas « être entendus » et sur quelques conséquences concrètes et non négligeables du travail du mercredi matin ils ne me semblent rien apporter à la discussion politique et syndicale sur ce que doit être la réforme de l'école.

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