Jean Pierre Bodis est décédé le 4 juillet dernier. Ma raison pour lui rendre hommage est le très bon souvenir de lecture que reste celui de son Histoire mondiale du rugby -Bibliothèque historique Privat,1987- . L' ouvrage suit l'implantation de ce sport dans les régions et pays du monde à partir d'un schéma de diffusion basé sur lesterritoires de l'empire britannique et les institutions scolaires.
On découvre comment la Nouvelle Zélande fait exception* en devenant leseul endroit où le rugby domine les autres pratiques sportives et donc pourquoi son équipe nationale demeure depuis longtemps au sommet de ce sport.. Jean Pierre Bodis ouvrait plusieurs pistes pour aborder l'autre exception* que représente la France seul pays hors de l'empire à connaître très tôt l'apparition de clubs (Le Havre1872) et surtout pour en expliquer l'enracinement régional. Des hypothèses et raisons possibles évoquées on peut noter la correspondance quasi parfaite entre la carte du rugby français et celle des régions où le vote radical est majoritaire et la prédilection des milieux « laïques »pour ce sport. On voit des groupes politiques ethniques où régionaux choisir une forme de ballon et des règles d'utilisation pour se distinguer. (Cedernier facteur recoupe des souvenirs personnels, à l'école en récréation nous nous affrontions en nous passant un béret plié en huit et formant une boule (pas de jeu au pied) et jamais nous n'y jouions au football que nous réservions pour après le catéchisme).Jean Pierre Bodis a voulu faire l'histoire non des matchs et des compétitions mais, selon ses propres termes, celle des hommes, de leur milieu social, de leurs engagements qui ont fait le rugby. Accessoirement au travers par exemple de l'invraisemblable menu du repas d'après match du premierAngleterre Ecosse (1875) on y apprend aussi ce qu'ils mangent...Merci à lui.** les deux« exceptions » ont rendez-vous le 24 septembre prochain àAuckland où la Nouvelle Zélande accueillera l'équipe de France pour la coupe du monde, on y mesurera une fois de plus combien l'histoire particulière du rugby dans cette île est encore vivante en espérant que ce ne soit pas trop douloureux au score.