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Billet de blog 14 mars 2015

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Nouvelle Donne est-elle dans les choux ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À lire certains blogs, à entendre certaines choses et, dépité, à en constater d'autres, l'opinion que Nouvelle Donne serait, si ce n'est à l'agonie, du moins bien malade n'est pas totalement dépourvue de pertinence. Pourtant, il semble que les choses soient plus complexes et, dès lors, que le jugement se doit d'être plus nuancé.

Le constat est maintenant à peu près partagé que tous ces mois passés à élaborer ce que d'aucuns ont qualifié "d'usine à gaz" n'ont pas été bénéfiques au dynamisme du parti. Durant toute cette période, les "lanceurs d'alerte" - dont je me targue d'avoir été - ont prêché dans le désert à propos de la perte de temps que cet échafaudage requérait au détriment de l'action.

La sanction est tombée puisque, au terme du processus, le nombre de votants a été ridiculement faible au regard de l'énergie déployée et de ce que l'on nous avait vanté comme un enjeu majeur.

Au lieu de réfléchi à un approfondissement des vingt propositions qui ont fondé Nouvelle Donne et d'élaborer des positionnements sur des questions que celles-ci n'abordaient pas, "architectes" et "direction" (ce terme requière des guillemets) se sont pris la tête pour mettre au point une structure basée sur la sociocratie, sensée nous fournir les clefs du bonheur en matière d'organisation. Avec le coup de théâtre qu'a été le départ du principal thuriféraire de ce concept. 

Cette stratégie a eu plusieurs conséquences néfastes.

Tout d'abord elle a transformé l'accession aux nouvelles instances de direction en concours de beauté puisqu'au lieu de débattre durant plus de six mois de la ligne de Nouvelle Donne dans l'ensemble des champs dont le politique doit se préoccuper et donc de connaître le point de vue des postulants en regard de ces échanges, les électeurs et membres des jurys n'ont eu à leur disposition que des professions de foi et des CV. L'un et l'autre permettant difficilement de mesurer l'apport de la réflexion politique des candidats à la bonne marche du parti. Je me suis donc abstenu de me prononcer.

Ensuite, dès après les élections européennes, la quasi-disparition de Nouvelle Donne de la scène publique et sa subite réapparition à l'occasion des élections départementales (auxquelles je participe) a pour effet, aux yeux des citoyens, de l'aligner sur les pires pratiques politiques électoralistes.

Enfin, à l'issue de l'université d'été d'Amiens (où j'étais), nous devions lancer une grande campagne contre la précarité et le chômage. Quelques six mois après elle n'a pas commencé. Il y a là une contradiction d'importance entre les nombreuses et pertinentes déclarations de Pierre Larrouturou sur ces sujets et, tout particulièrement, sur leurs conséquences en matière de pauvreté ainsi que sur "l'extinction progressive des hommes jetables " et l'assourdissant silence de Nouvelle Donne au quotidien, c'est à dire dans les quartiers, les universités, les entreprises.

On peut aussi constater - et c'est terriblement regrettable - que ce sur-place consacré à ergoter sur l'installation de dispositifs somme toute classiques - comme un parlement élisant un organe exécutif le tout assorti de quelques comités et commissions - a éloigné de Nouvelle Donne des adhérents venus en découdre avec la politique du gouvernement et à qui on a expliqué que les "Parfaits " que nous sommes finissaient de peaufiner leur perfection. Il fallait donc attendre un peu pour entrer en lice.

Fort heureusement, en contrepartie de cette description de paysage après une bataille qui n'a pas encore eu lieu, il y a les prises de paroles d'Isabelle Attard à l'Assemblée et ailleurs dont on ne peut que souligner la justesse, les échanges in vivo et les interventions audio-visuelles auxquelles Pierre Larrouturou a participé avec le brio de débatteur qu'on lui connait, les rencontres conduites par certains de nos experts, les nombreuses réunions avec les adhérents et sympathisants (au comité territorial de Montreuil, on ne les compte plus), les prises de position de telle ou telle Commission Technique Nationale ou groupe de travail (celui concernant le TAFTA a été particulièrement efficace).

Mais, la somme des parties n'ayant jamais fait un tout, il a manqué à toutes ces "apparitions" une cohérence, un "liant" qui renverrait à un "corps de doctrines", évitant ainsi des approximations (comme sur le travail du dimanche) ou des dérapages (comme sur le voile à l'école). Pour nourrir, ce "corps de doctrine", on aurait pu, par exemple, revenir collectivement sur la problématique de la laïcité (bien avant le drame de Charlie et de l'Hypercacher) ou sur celle des alliances avec d'autres partis de gauche (débat nécessaire vu leur état et leur pratique). 

Quant aux questions internationales (commission dans laquelle je travaille), en dépit de tous les événements dramatiques qui se sont déroulés depuis que le parti existe, l'expression d'une opinion originale et identitaire de Nouvelle Donne est uniquement à chercher dans ses archives puisque, par exemple, toutes les tentatives d'une "parole publique" de l'atelier "Comprendre les conflits" de la Commission "Questions Internationales" sont restées lettres mortes.

Soit le BN avait d'autres chats à fouetter, soit il n'avait pas une connaissance suffisante (?) des dossiers en question pour avoir un avis à leur sujet. Soit, on apprenait qu'en dernière instance, même si par miracle il avait validé le texte, ce n'était pas à lui de le faire.

C'est ainsi qu'un communiqué de presse à propos du drame de Gaza n'est jamais paru. Et qu'un autre à propos des Kurdes vient d'être enterré.

Pas tout à fait puisque je le joins à ce texte. Je tiens à préciser que je le fais à ma seule initiative bien qu'il ait été approuvé par les membres de l'atelier "Comprendre les conflits" - à une voix près qui est restée muette (qui ne dit mot consent ?) - et, selon ce que j'en ai compris par la majorité du BN.

Participer à un meeting de soutien à Syriza avant les élections en Grèce, se féliciter de la montée en puissance des Podemos et manifester avec des démocrates pour dénoncer la politique immorale de Netanyhu, ne peut constituer l'alpha et l'oméga de la réflexion de Nouvelle Donne sur les questions internationales. Prendre position tout particulièrement au sujet du projet social et politique des Kurdes du Rojava (en Syrie) qui rencontre celui de Nouvelle Donne comme de saluer leur victoire à Kobanê (à coup sûr, un tournant dans la guerre contre l'État islamique) est tout aussi important.

Et puis, très vite, il faudrait, sans délaisser le Moyen et le Proche-Orient, exprimer une opinion sur la guerre en Ukraine, sur l'importante question des réfugiés, sur le rôle de l'OTAN, sur les conflits ouverts ou larvés à propos de l'eau, sur la situation dans la région des Grands Lacs africains, sur les projets de la France pour le Mali, sur le rôle de la Chine dans le monde, sur l'expérience équatorienne, etc.

C'est la raison pour laquelle, ne désespérant pas tout à fait que l'on sorte d'un regrettable immobilisme généré par une élaboration institutionnelle au point de croix, et que l'on se mette, dès le 29 mars, résolument au travail sur ces questions comme sur de multiples autres, j'invite à prendre connaissance des documents ci-joints.

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