L ETAT, ENNEMI HISTORIQUE DE LA DEMOCRATIE
Ce billet fait suite à un autre que j’ai posté sous le même titre à peu près le mois dernier. Le sous-titre a changé. De « La démocratie reste à inventer » à « L’Etat, ennemi historique de la démocratie », le tir se précise. C’est l’Etat maintenant qui est visé. Que le lecteur qui m'attrape en route ne s’y méprenne pas : le tireur est tout sauf un apôtre de la soi-disant « liberté des marchés ».
J’ai développé les aperçus qui suivent, non pour asséner des vérités, mais pour vérifier la portée balistique du concept d’« Etat pillard-esclavagiste » qui m'est venu l'an passé. Il s’agissait de voir si ce concept éclairait toute l’histoire qui a commencé avec la création des cités-forteresses il y a 6.500 ans en Mésopotamie et culmine aujourd’hui avec la dictature mondiale du capitalisme financier.
Si c'est le cas, s’il s’agit d’une seule et même histoire, n’est-on pas fondé à considérer que les cataclysmes d’origine humaine auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés ne viennent pas du capitalisme en tant que tel, mais de la civilisation qui lui a donné naissance, et dont le capitalisme financier n’est que la forme achevée ? Dans ce cas, la solution n’est pas seulement d’abattre le capitalisme mais de remettre en question cette civilisation dans ses fondements.
Tel est le programme.
"Révolutions courtes"
Changement de civilisation, entend-on répéter partout. Changement de temps en tout cas.
Une civilisation est un corps en mouvement. Dans quel espace ? D’un corps céleste, on dit qu’il a un orbe : c’est le parcours complet qu’il fait en tournant autour de son étoile maîtresse. [i]
La Révolution s’exportant aujourd’hui comme une marchandise dévaluée, ne serait-il pas temps de prendre la mesure de son orbe ?
Pour une révolution complète, qui, en 6.500 ans, n’a jamais eu lieu [ii], combien de révolutions au petit pied ! Que de soulèvements détournés, de peuples abusés, de libérations confisquées ! Que d’Etats renforcés surtout dans leurs capacités oppressives et destructrices !
C’est ainsi que la question des « révolutions courtes » est venue rejoindre la bande des concepts à fouiller.
Chemin faisant, je me suis aperçu que j’étais en train de composer un petit traité d’économie politique. Il en est résulté une série de pamphlets. Rien n’était plus éloigné de mon intention initiale. Quand je me suis lancé dans la réflexion politique, je voulais seulement essayer d’y voir un peu plus clair à travers le brouillard idéologique qui nous empêche, aujourd’hui plus qu’hier me semble-t-il (progrès techniques aidant) de voir le monde tel qu’il se fabrique.
Si le lecteur est gêné par l’impression d’un excès d’assurance dans ma façon de m’exprimer, qu’il veuille bien m’en excuser. Conscient de mon incompétence en matière économique, j’ai cherché à éclairer l’Un par le Divers, la « civilisation unique » par celles qu’elle a détruites - l’histoire par l’ethnologie -, et j’ai essayé d’être aussi clair et concis que possible. Mais je me rends compte que mon analyse des rapports entre l’Etat, l’Armée, le Peuple et l’Industrie est taillée « à gros traits » et pêche par défaut de nuances, particulièrement en ce qui touche aux subtiles contradictions existentielles de l’âme capitaliste...
En réalité c’est surtout la conclusion, aussi radicale qu’elle puisse paraître, qui me semble, cette fois encore, manquer de tranchant. Or, du tranchant, il en faut, mes frères, pour décapiter l’hydre de la pensée unique !
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[i] On omet souvent de remarquer que l’étoile maitresse se déplace dans le même temps. Ainsi le Soleil, dans le bras galactique où il est situé, se déplace, à 20 km/s (ou 600 millions de km par an), en direction de Véga, paraît-il.
[ii] Soit 3 ¼ ères zodiacales seulement, sur les 12 qui feraient une révolution zodiacale complète, une « Grande Année ». Ce qui signifie entre autres que l’homme n’a pas de mémoire écrite remontant avant l’ère des Gémeaux. Combien plus profonde sa mémoire non écrite !