Le plein été (à venir. Pour l’instant nous sommes, en plein été, dans les nuages.)
Dans l’été à peine né, passage de pluies, qui l’effacent.
Comme un retour de l’hiver dans l’été. Mais c’est l‘été.
Eté tenu à distance de l’été.
) et, au-dessus, en traits de cratère neigeux,
comme d’un cou tranché, le sang de la lune (
« … qui amasse les nuées. »
Mots qui dans tes yeux aujourd’hui ne t’ayant pas vu ont revécu.
Presqu’île
à marée haute
son d’une coche
SHIN JI IKE
A Kencho-ji
derrière le hojo
l’esprit : une pièce d’eau.
Chi fo ne
Un shampooing japonais rend aux sons leur fraîcheur.
Un lion, un bison, un gibbon pourraient dire watachiwa pour moi.
Ukabete – le scintillement du lagon où flotte une légère barque en bois.
Dans une chanson pour marins qui s’en vont :
Watachiwa itsudemo namidao ukabete
« Moi toujours les larmes flottent dans les yeux… »
SHONAN BEACH
D’où vient que je te ressens toujours lointaine ?
La lumière du soir effleure le sable. Une vieille femme
sous son ombrelle regarde la mer.
Des pêcheurs, leurs cannes aspirées par le flux,
semblent filer la laine. Une dernière
famille se rhabille. Seul,
un homme à demi penché sur une planche
ondule encore au gré des vagues. Un pigeon
se promène entre les monticules
où s’est imprimée la foule.
La lumière est grise et belle comme une ville.
Le bruit des vagues est comme le bout d’une phrase :
C’est le commencement de quoi cet éternel échouage ?
Le soleil disparaît derrière les nuages
qui voient le mont Fuji.
Peinture
Entre ciel et terre, c’est la dernière chose à voir : l’homme, un point.
(Çà et là. Par les chemins. Assis sous une toiture.)
TAKAYAMA
A Nobu Wada
Une cahute en tôle
Des caterpillars
petit matin
- la radio
Vert anglais : rizières
Surimpression de Silvana Mangano
Un bruit d’avion
Le chant des cigales
s’arrête
Dans la Miyagawa presque à sec
Poussière céleste
Sur les ailes du vieux canard.
HOTESSE
Elle esquisse un sourire, ferme ses paupières,
approche le micro de sa bouche
& je comprends le secret de toutes ces voix suaves.
Elles récitent leurs litanies d’ascenseurs comme si
elles chantaient les louanges de Krishna seul à seule.
Présentes elles & lui dans la nuit de leurs voix sans limite.
Dans la soie de leurs voix. Dans le chœur de leurs luths.
Lui par elles seul & toutes. Puis leurs yeux se rouvrent
& elles se retrouvent parmi nous comme perdues.
Voix qu'aussitôt je reconnais
comme tout ce que je n'entends pas sur cette île.
Où de nouveau je suis
au pied du ciel.