Première chose à faire : cesser de payer l'impôt.
PLUS D'IMPOT = PLUS D'ETAT
PLUS D'ETAT = PLUS DE DETTE
PLUS DE DETTE = RESISTANCE ET LIBERTE
Sans moyens de payer ses 2.443.800 et quelques fonctionnaires (plus les « nouveaux ministres » de ce gouvernement pléthorique)[i], l'Etat s'effondrera comme un château de cartes. La contribution à l’œuvre commune n’a pas besoin de passer par un ministère, dont la preuve n’est plus à faire qu’il relève d’un système de détournement de fonds organisé. Il faut faire fonctionner localement à la place des réseaux de contributions solidaires.
La légitimité du refus de payer l'impôt à l’Etat se fonde sur deux principes :
1. L'impôt est un tribut imposé à des vaincus. Nous n'avons perdu contre l'Etat aucune guerre qui expliquerait son appropriation du sol sur lequel nous sommes nés. J'entends bien que la violence inaugurale qui crée l'Etat s'exerce dans un deuxième temps par la loi imposée. Sur ces entrefaites la démocratie est arrivée, et je n'ai depuis pas plus voté de loi qui ferait de l'Etat le propriétaire de la terre où je suis né, du travail que je fais, et de ma vie s'il lui prenait la fantaisie d'entraîner mon pays dans une guerre, que je n'ai perdu la première guerre, indéfiniment répétée, par laquelle - au prix de quelle kyrielle de massacres (son histoire depuis Jules César) - il s'est constitué. En un mot je conteste à l'Etat sa légitimité.
La seule légitimité à laquelle l'Etat puisse prétendre envers chaque citoyen est celle qui lui vient d'une Constitution votée après qu'il ait atteint sa majorité.
Si on se basait sur ce principe, la Constitution de 1958 ne serait valable que pour quel % de la population ?
Le principe de la Constitution de 1958 est : "gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple". Tout l'édifice de la Constitution consiste dans la mise en œuvre de moyens propres à empêcher ce principe de s'exercer. Le principal de ces moyens est l'élection au suffrage universel du chef des armées (art. 6, 15, 20). Le Premier ministre, nommé par ce chef (appelé président de la République) (art. 8, 15), et le gouvernement qu'ils forment ensemble avec les ministres proposés par ce dernier, disposent, avec l'armée, de tous les moyens de coercition de l'Etat, et peuvent à tout moment déclarer la guerre et décréter l'état de siège sans consulter le Parlement ni même l'informer (art. 16, 21, 35, 36). Un tel dispositif fait du chef de l’Etat un dictateur, et de son gouvernement un groupe d'intérêts.
Le second moyen mis en œuvre par la Constitution de 1958 est l'élection des maires et des députés. Il est stipulé en effet (art. 3) que la souveraineté nationale "appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants". Corollairement, "aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice". Moyennant cette condition de la représentation nécessaire, la souveraineté du peuple est confisquée par ses élus, qui, de représentants du peuple auprès de l'Etat, deviennent des représentants de l'Etat auprès du peuple, et constituent avec le président, chef des armées de la République et son gouvernement, une classe sociale distincte du peuple, au-dessus du peuple, la classe des hommes politiques, qui réunissent toutes les conditions pour gérer les affaires du pays dans leur principal intérêt.
C'est la représentation seule, qui d'après la Constitution, crée, au nom de ce qui est représenté, la capacité politique (art. 3). Je veux bien que les élus soient des "représentant du peuple"; mais qui représentent les nommés? Le gouvernement étant constitué de nommés et le pays étant gouverné par ces derniers, c'est donc au nom de ceux qu'ils représentent qu'ils gouvernent le peuple.
Indivisible, la République ? En voilà une belle en tout cas, de division ! Division en classes où le politique double l’économique, par la mise en place du dispositif où l'Etat établit comme seul légitime le privilège d’une classe de gouverner, en vertu d’une « souveraineté » et d’une « libre détermination des peuples » qu'elle détourne à son profit. Dès lors qu’il est gouverné par cette classe, l’Etat devient pour les financiers qui le rançonnent en l’endettant une de leurs principales sources d’enrichissement[ii].
Il n'y a dans ces conditions pas à s'étonner qu’un président prenne un banquier dans son gouvernement. Pour plus affichée qu'elle soit qu'auparavant, l'influence de tels personnages n'en est pas moins l'application de la Constitution que le pays a votée il y a 56 ans.
Il suffit de la relire à la lumière de l'actualité pour percevoir l'esprit dont elle est pénétrée : ce n'est que tromperie, contradiction systématique des applications aux principes. La République française n'est pas un gouvernement du peuple, c'est le gouvernement d'un général fantoche déguisé en président ; ce n'est pas un gouvernement par le peuple, c'est un gouvernement par une classe qui accède à son élévation économique par la manipulation politique ; et ce n'est pas un gouvernement pour le peuple, c'est un gouvernement pour les financiers qui forment avec la classe politique une seule et même classe au-dessus du peuple, l'une se cachant derrière l'autre pour qu'elle entretienne les électeurs dans le spectacle d’empoignades médiatiques.
C’est donc à ses dépens, sinon avec son consentement, par le vote de ses représentants, que le peuple, dessaisi de tout pouvoir politique, reconstitue à chaque élection la République. C'est pourquoi, au refus de payer l'impôt, j'associe une contribution bénévole à la réécriture de cette Constitution antidémocratique.
En plus de cette raison de principe, le refus de payer l'impôt à l’Etat est amplement justifié par le fait que :
2. L'Etat s'est servi de l'argent qu'il nous a prélevé autoritairement, sans possibilité pour nous de nous y soustraire, pour contracter sans nous consulter ni nous informer une dette dont il prétend nous faire payer les intérêts (tout en sachant qu’il n’y arrivera jamais) en nous imposant une politique d'austérité associée à une aide financière aux banques toujours en banqueroute et à l'industrie destructrice de la planète et créatrice d'asservissement croissant. Pourquoi continuerai-je à financer une pareille escroquerie ? Aucun entrepreneur ne l'accepterait. Mais ai-je le choix ? C'est toute la question. Quelle est ma liberté face à l’entreprise étatique ? Voter ? Mettre un papier dans une urne, et laisser faire ?
C'est pourquoi j'associe au refus de payer l'impôt le refus d'élire un nouveau président de la République.
Allons-nous tous nous retrouver en 2017 dans la situation d’avoir à élire un candidat sur des promesses dont nous savons qu’il ne les tiendra pas ? Mais l’avons-nous vraiment appris ? Quand on parle de trahison de Hollande, qu’avoue-t-on avoir compris ? En tout cas pas la politique ! Ni la Constitution. Mais l’a-t-on seulement lue - notre contrat de gouvernement avec nos élus ? Quel genre de citoyen est-il celui qui se revendique analphabète, constitutionnellement parlant ? - Il ne s’agit ici pas de morale, mais de survie. Dans l'actuelle Constitution de 1958 le président de la République est doté de pouvoirs qu’aucun dictateur n’eut à Rome au temps de sa République. C'est absolument impossible à accepter. Ou c’est appeler de ses vœux le chaos fasciste, par le même genre de veulerie qu’on voit se répandre aujourd’hui comme un sida de l’esprit, comme si comme quoi seule une catastrophe… etc.
C’est pourquoi j'invoque l'irréductibilité du libre arbitre. Je ne sais pas si l'homme est naturellement mauvais. Mais je sais que l’Etat, historiquement, l’est. Et je vois que dans les Etats les hommes ne s’améliorent pas. Il n’y a jamais eu de contrat social en République. Le contrat politique y est truqué. La République est une appropriation du bien commun pour en faire une marchandise dont la gestion ne profite qu’à des intérêts privés. On a toutes les raisons de vouloir se défaire de l'Etat. C’est un cancer, un système abusif. Pas besoin de descendre dans la rue pour le faire tomber, pas besoin de s'armer. Il suffit d'agir sur tous les points où l'Etat ne tient que par la croissance médiatiquement orchestrée du sous-développement de la conscience publique.
Sortons-en, tant qu'il est encore temps. Les financiers sont des tigres en papier. Sans Etat entre eux et nous pour les protéger… etc.
[i] Et sans doute inconstitutionnel… L’article 8 de la Constitution stipule que le Président de la République met fin aux fonctions du Premier ministre sur présentation, par celui-ci, de la démission du Gouvernement. Au regard de la Constitution, Hollande n’a-t-il pas agi un peu vite en demandant à Valls, sans mettre préalablement fin à ses fonctions, de former un nouveau gouvernement ?
[ii] Le même phénomène a été analysé par Marx il y a près de deux siècles : « L’endettement de l’Etat était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de l’Etat qui était l’objet de ses spéculations et le poste principal de son enrichissement. Le pillage de l’Etat en grand, tel qu’il se pratiquait au moyen des emprunts, se renouvelait en détail dans les travaux publics. A la fin de chaque année, nouveau déficit ; au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat… La monarchie de juillet n’était qu’une société par actions fondée sur l’exploitation de la richesse nationale française dont les dividendes étaient partagés entre les ministres… Après la révolution de Juillet, écrit encore Marx, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en triomphe son compère le duc d'Orléans à l'Hôtel de Ville, il laissa échapper ces mots : « Maintenant, le règne des banquiers va commencer. » Laffitte venait de trahir le secret de la révolution. »
Karl Marx, Les luttes de classes en France, 1848-1850.
https://secure.avaaz.org/fr/petition/a_tous_les_citoyens_francais_POUR_UNE_REVISION_DE_LA_CONSTITUTION_AVANT_LELECTION_PRESIDENTIELLE/?wIgFxbb