Dans une lettre au Secrétaire général de l'ONU, 131 députés irakiens ont demandé que Liberty soit déclaré camp de réfugiés sous l’égide du Haut commissariat aux Réfugiés afin de garantir le droit des habitants à vendre leurs biens au camp d'Achraf, a indiqué le service en langue arabe de l'Agence France Presse depuis Bagdad.
« Les députés ont demandé dans une lettre de déclarer le camp Liberty comme un camp de réfugiés sous la supervision des Nations Unies et non pas comme un camp de transit temporaire, comme cela a été convenu », ajoute la dépêche.
« Sur la demande de l'Irak, 3000 membres de l'organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) ont été transférés du camp historique d'Achraf fondé dans les années 1980 vers un camp plus proche de Bagdad, connu comme le camp al-Hurriya ou Liberty. »
« Les opposants iraniens se plaignent de l'atmosphère dans le nouveau camp qu'ils disent être celle d’ « un état policier ». Le transfert a été fait, sur un accord entre Bagdad et les Nations Unies dans l'objectif de les transférer vers des pays tiers », précise la dépêche.
De son coté la Résistance iranienne vient de révéler un document choquant qui met en lumière les intrigues de Martin Kobler, le représentant de l’ONU en Irak pour chasser les Achrafiens de leur foyer et les expédier à la prison de Liberty. Les résistants accusent ce dernier d’exécuter la volonté des régimes iranien et irakien.
Ce document est daté du 19 janvier 2012, imprimé sur papier à en-tête du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) qui comprend une évaluation technique du camp Liberty par l’expert en abris du HCR, Martin Zirn. Le document est intitulé « Lieu de Transit temporaire (LTT) pour les anciens habitants d’Achraf au camp Liberty ».
Martin Kobler qui était bien au courant de l’état du camp Liberty, a essayé dès le départ de rendre le HCR complice de ses efforts pour priver les Achrafiens de leur foyer et les faire partir à la prison de Liberty. Pour cela il a emmené avec lui un expert en abris du HCR à Bagdad en vue de délivrer un certificat de complaisance pour le camp Liberty.
Bien que ce document ne soit pas signé, il a été rédigé sur du papier à en-tête du HCR d’Ethiopie, où Martin Zirn travaillait il y a encore quelques semaines.
Le document a été produit « sur la base de l’évaluation technique de la section 1 le mercredi 18 janvier ». A ce jour, outre Martin Zirn, Martin Kobler et son adjoint Georgy Busztin, le Dr. Jafar Hassan, représentant de WHO, Claire Bourgeois, la représentante du HCR en Irak, et d’autres responsables de la MANUI ont visité Liberty.
Le document montre clairement que Liberty est loin de répondre aux normes humanitaires et des droits de l’homme et que l’ampleur des manques touchant son infrastructure est telle qu’ils ne peuvent être rapidement comblés et réparés. Le document dit :
« D'un point de vue technique, le HCR n'est pas en mesure
- 3) de certifier ou de vérifier que le lieu en question répond aux normes humanitaires selon les normes existant dans de nombreux livres, comme le UNHCR Handbook, SPHERE, WHO et les autres, tout en sachant qu’ils ont été pensés pour des réfugiés en cas d’urgence.
- 4) le HCR n'est pas en mesure de certifier ou de vérifier le fonctionnement des infrastructures ou des installations enfouies.
- 5) le HCR n'est pas en mesure de certifier ou de vérifier le fonctionnement des infrastructures telles que :
Les groupes électrogènes, les pompes à eau, l’alimentation en eau, les réservoirs d’eau, l’évacuation de l'eau usée (tuyaux, réservoirs et pompes), les équipements électriques et informatiques et les distributions etc. »
Le document souligne que : « Il est essentiel que le gouvernement irakien autorise les entrepreneurs d'Achraf d'entrer dans le TIL trois à cinq jours avant le transfert du dossier. »
Malgré ce rapport, après la visite du 18 janvier 2012, Martin Kobler a envoyé une série de photographies au représentant des habitants qui, contrairement à l’évaluation de l’expert du HCR, présentaient une excellente image de Liberty. Cela visait clairement à tromper les habitants pour qu’ils partent à Liberty. Les photographies se sont rapidement avéré des photos sélectionnées et retouchées.
Le 31 janvier 2012, douze jours plus tard, et contrairement au rapport du 19 janvier 2012, Martin Kobler a publié un communiqué dans lequel il disait : « Le HCR et le bureau des droits de l'homme de la MANUI ont maintenant confirmé que les infrastructures et les installations du camp Liberty sont conformes aux normes humanitaires internationales stipulés dans le protocole d’accord. » Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Irak Martin Kobler y déclare : « Je remercie le HCR et l'équipe des droits de l'homme pour leur expertise. Ceci nous fait avancer d’un pas pour nous assurer que les conditions appropriées sont réunies pour le transfert volontaire des habitants du camp du Nouvel Irak. »
La veille, le 30 janvier 2012, Mme Claire Bourgeois, représentante du HCR en Irak dans un rapport intitulé « Evaluation technique du Lieu de Transit Temporaire (LTT) pour les ex-résidents d'Achraf dans le camp Liberty» présentait une image absolument différente du document du 19 janvier. Après une série d’explications, ce rapport concluait que : « Suite à une série de visites au camp Liberty et une évaluation conjointe avec les représentants du gouvernement irakien, entre le 17 et le 28 janvier, les points suivants sont confirmés : d'un point de vue technique et en conformité avec les normes des abris et des camps, tels que SPHERE et le HCR, le LTT-camp Liberty peut être considéré convenable pour loger les habitants. »
Selon des documents disponibles, ce rapport technique se devait d’être professionnel et impartial. Il a été corrigé et finalisé par Martin Kobler, alors que ce dernier avait affirmé qu’il n’interfèrerait pas dans le travail professionnel de Martin Zirn.
Avec le temps, il ne fait plus aucun doute que le communiqué du 31 janvier 2012 de Kobler et l’évaluation technique du 30 janvier 2012 étaient totalement coupés de la réalité. Et pourtant, un an après, malgré les énormes dépenses pour y vivre (4 millions $ pour le carburant et 2,5 million $ pour l’eau), l’infrastructure du camp reste dans un critique et après les pluies du 25 décembre, Liberty est devenu inhabitable. Les égouts et les eaux ont totalement inondé le camp. La semaine dernière, les habitants ont drainé 18 millions de litres d’eau avec des équipements rudimentaires comme des camions citernes, mais l’environnement reste contaminé et impraticable à cause de l’eau et de la boue.
Le document choquant du 19 janvier 2012, que Kobler avait gardé secret jusqu’à maintenant, révèle qu’il a consciemment et délibérément fait circuler un rapport de l’ONU et du HCR monté de toute pièce pour tromper les habitants. C’est une trahison flagrante des droits de l’homme, du principe sacré d’asile et des valeurs sur lesquelles les Nations Unies ont été fondées.
On ne comprend pas cependant comment en onze jours, le camp Liberty a soudain répondu à toutes les exigences qui lui faisaient défaut, comment le représentant du WHO et son livre dont il est question dans le document du 19 janvier ont été supprimés et comment la nécessité pour les entrepreneurs d’Achraf d’aller à Liberty avant le transfert des habitants a aussi été supprimée ? Cela devient plus sérieux quand nous considérons que ces points ont été mis en avant à maintes reprises entre décembre 2011 et janvier et février 2012 par les représentants des habitants, leurs avocats, des groupes parlementaires et des personnalités politiques éminentes, et Kobler n’a répondu à aucun d’entre eux et a simplement dissimulé la vérité. Il s’agit d’un acte criminel.