L’agonie de l’Europe…
S’agissant de l’Europe, nous devons impérativement garder les yeux ouverts et ne pas prendre pour argent comptant les discours qu’on nous sert, surtout en cette période électorale. Une des étapes importantes de la construction de l’Europe a été la mise en place entre 1972 et 19788 du « serpent monétaire européen » qui avait pour but de protéger les pays adhérents des mouvements spéculatifs agressifs contre l’un ou l’autre des participants en fixant un taux de variation des monnaies entre elles compris entre + ou – 2,25%. Ce « serpent » a été remplacé en 1979 par le « système monétaire européen » avec un taux de variation ramené à 1,25% et par la création d’une référence commune, l’ECU, qui sera remplacé le 1er janvier 2002 par l’EURO.
Ce court résumé de la naissance de l’Europe met en évidence l’existence d’une volonté commune de résoudre les problèmes qui empêcheraient une évolution de l’Union Européenne et depuis de nombreuses années nous proposons que cette politique du serpent soit mise en œuvre pour faire avancer les autres problèmes intra européens qui entravent cette évolution. On peut citer la fiscalité, la transition écologique, la protection sociale, la défense etc.
Il faut constater que les égoïsmes nationaux font échec à toutes les volontés d’évolution positive, comme si les arrangements monétaires et financiers étaient l’aboutissement du rêve européen et que tout le reste était quantité négligeable. On peut penser que le business est devenu la règle commune.
Les responsables politiques des pays de l’UE devraient pendre exemple sur ce qui s’est passé lors de la création des Etats-Unis d’Amérique, lorsque les responsables et les habitants des treize colonies initiales, ont décidé de s’affranchir de la tutelle anglaise afin d’obtenir leur indépendance.
Les « pères fondateurs » avaient compris et fait admettre à leurs concitoyens cette vérité universelle que l’union faisait la force et les habitants des treize colonies ont accepté de se fédérer, chaque colonie devenant un état et conservant ses prérogatives et ses spécificités, tout en confiant à une autorité fédérale les problèmes communs et nécessitant la mise en œuvre du poids de l’ensemble.
Si les pays de l’UE ne sont pas des colonies au sens habituel, elles le deviennent petit à petit devant les attaques politiques et surtout économiques et financières des USA, de la Chine et de la Russie, l’Inde et le Brésil restant en embuscade. Ils cajolent, appâtent et jouent à merveille des dissensions internes et des ambitions des uns et des autres et leurs arguments portent !
Depuis la mise en place de l’Euro, il n’y a plus aucune proposition visant à faire évoluer l’UE et aucune des listes aux prochaines élections européennes ne nous dit vers quelle Europe politique elle veut nous emmener. Et pourtant il est urgentissime que nous commencions à fédéraliser certains aspects de notre vivre ensemble tout en préservant les spécificités et le corpus historique et social de chacun des pays.
Si nous voulons que l’UE progresse, il faut donner aux citoyens européens un objectif, une vision de l’avenir, et les convaincre eux aussi que l’union fait la force. Le premier débat franco français sur l’Europe n’a pas su prendre de la hauteur et aucune tête de liste n’a osé annoncer pour quelle forme politique de l’Europe elle se battait, si tant est qu’elle en ait une vague idée !
Si l’UE avance, nous ne savons malheureusement pas vers où !
Si l’Italie a joué le jeu de la Chine avec sa participation au projet des routes de la soie, elle n’est pas à blâmer, car elle répond à l’absence de la solidarité la plus élémentaire de ses voisins ce qui sert merveilleusement bien les ambitions personnelles des uns et des autres.
Cette absence de solidarité réelle a été révélée à la face du monde avec le problème de l’immigration et nous avons vu resurgir les frontières intra européennes de barbelés, que l’on croyaient disparues avec l’effondrement du rideau de fer.
Les Polonais, les Belges et les Anglais achètent des avions de combat américains, l’Italie après la Grèce ouvre une tête de pont aux commerçants chinois, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Irlande, Malte et la Grande-Bretagne font une guerre fiscale et financière aux autres membres de l’UE, le Portugal et Malte bradent leurs passeports et j’en passe !
L’Europe est devenu une vraie foire d’empoigne où chacun joue sa propre partition et les dirigeants européens refusent même de dire que certaines composantes de l’UE sont des paradis fiscaux !
Et pourtant l’Europe est potentiellement la première puissance mondiale…sauf qu’elle refuse de croire en son propre destin !
Les élections européennes à venir pourraient et devraient être l’occasion de proclamer cette foi en notre avenir commun, de dire vers quelle solution politique nous devons aller. Malheureusement les problèmes débattus restent tristement sans aucune vista.
Dommage !