Les racines du mal...
L’explosion du mouvement des Gilets Jaunes, du moins dans ses premières manifestations, a mis au jour un malaise profondément enfoui dans notre société, celui de la rémunération. Combien de fois avons nous entendu cette remarque amère: ” je travaille dur tous les jours et je n’arrive pas à joindre les deux bouts “ ou encore: “j’ai travaillé toute ma vie et je n’ai qu’ une retraite de misère!”. Il y a bien sur un problème sérieux en ce qui concerne l’accroissement des dépenses contraintes au regard de revenus qui stagnent. Mais le problème posé est plus profond et concerne la notion même de salaire, la nature et le sens de la rémunération. Le salaire que nous consentons à verser à la “technicienne de surface” qui, soit de très bonne heure le matin ou tard dans la nuit, nettoie les toilettes des entreprises, métier ô combien valorisant, doit-il être tellement différent de celui qui siège dans son bureau du dernier étage de l’entreprise? Celui qui ruine sa santé sur les chantiers ou dans les usines doit-il être tellement différent de celui qui travaille dans la quiétude de son bureau? En France, nous rétribuons le diplôme, la peaux d’âne, alors que la sueur, la fatigue, la peur et le risque sont est méprisés! Et que dire de l’éleveur qui travaille 60 à 80 heures par jour, sept jours sur sept? Il serait temps que nous nous penchions sur la manière dont nous sommes rémunérés. En vertu de quoi le salaire de l’intelligence devrait-il être supérieur à celui de la compétence, de la fatigue, de la peur, du risque, du travail de nuit ou de tous autres critères? Les Gilets Jaunes nous disent qu’il est certainement temps de revoir tout cela et de donner à tous un salaire sensiblement égal, en commençant par réduire drastiquement l’écart entre les salaires, car nous avons tous notre importance et notre rôle dans la société. Leur hiérarchisation a quelque chose de puéril.