Confiance
Myriam tempêtait, vexée de se sentir gagnée par le trouble.
Comment Agar avait-elle pu la quitter sans explications, après une entrevue si déconcertante ?
Elle jeta de côté le collier qu’elle réparait en vain depuis ce départ inopiné. Encore un client brutal qui l’avait arraché… Ses yeux noirs à présent fixés sur l’objet de ses tourments, une simple bougie, Myriam réentendait la femme âgée : « Myriam, fille de joie, toi seule m’a secourue quand j’étais éprouvée. Désormais je te compte comme ma fille et te donne mon unique bien. Prends cette bougie : c’est l’Amour de Jésus qui te guidera. »
… A mesure que la jeune femme s’avançait dans l’obscurité, son affolement se muait en confiance sereine et légèreté.
La bougie la guidait aux croisées des chemins, redoublant d’intensité pour confirmer une bonne direction, menaçant de s’éteindre si elle se méprenait. Apercevant bientôt une caravane, Myriam voilà son visage et se mêla aux marcheurs. Ils se rendaient à Bethléem, saluer l’enfant nommé Jésus, le roi des rois, comme ils disaient. Il était né la nuit passée, dans une étable. Elle en était sûre, c’était le « Jésus » de sa bougie. Comme elle lui était reconnaissante de ne pas avoir à gravir les marches d’un palais pour l’adorer !
A l’approche de l’étable, elle fut reconnue par des femmes et vivement repoussée. Comment osait-elle se présenter ainsi parée, avec l’existence qu’on lui connaissait, devant l’espérance d’Israël ?
Quand ces mêmes femmes remirent leurs cadeaux à l’enfant, sa jeune mère les remercia et demanda : « Où est Myriam ? Son parfum, présent d’un tel Amour, réjouirait tant le cœur de mon fils. » On fit entrer Myriam. Saisie par le regard émerveillé que posait sur elle le nouveau-né, c’est à peine si elle vit la bougie se consumer.
Jésus avait le visage de ceux qu’elle avait assistés, soignés, aimés. Personne ne sut que ce soir-là, un pacte avait scellé entre la pécheresse et le sauveur de l’humanité. Désormais ouverte à l’étranger, sa maison serait un foyer irradiant de sa lumière pour l’égaré.
Ombeline Adrian
« Petite nouvelle d’Avent »