Cher Benoît,
je ne te connais pas personnellement, mais comme tu a pris la peine de m'écrire, je m'autorise à te répondre.
Vois-tu, j'ai eu longtemps une certaine sympathie pour le Parti Socialiste. Jeune Citoyen et électeur, né en 1960, j'ai pu voter pour la première fois de ma vie le 10 mai 1981. C'était beau, changer la vie, j'y ai cru !
De fait, l'alternance de l'époque a effectivement apporté beaucoup, ne serait-ce que l'abolition de la peine de mort. Oui, c'était beau. J'y ai cru encore un temps.
Après, bah, j'ai vécu ma vie, j'ai entretenu croyais-je une certaine conscience politique, j'ai voté donc consciencieusement pour le PS pendant des années, je suis tombé avec un parfait consentement dans le "vote utile", faire barrage au Front National, etc., j'ai voté Chirac en 2002, bref, la routine imbécile largement partagée par tant de citoyens qui ne se reconnaissaient pas dans la droite, doutaient de plus en plus du Parti "Socialiste", mais ne savaient pas pour qui voter qui aurait une chance d'être autre chose qu'une candidature de témoignage, comme l'on dit.
Alors, oui, toujours Parti Socialiste, de plus en plus par défaut, et de plus en plus faux. Mais maintenant cela n'est plus possible
Au point que maintenant lorsque je discute avec ceux qui étaient camarades je les nomme fauxscialistes. La plupart, d'ailleurs, sont obligés d'en convenir et sont désemparés.
Tu sais cela Benoît, tu le sais. Tu as gagné la Primaire sur une ligne dont tu savais très bien qu'elle ne serait jamais soutenue majoritairement par un Parti qui s'est converti de manière d'abord sournoise, puis depuis 2012 évidente, au libéralisme. Un Parti qui a renoncé, avec François Hollande, à s'opposer à l'ordre libéral au pire sens du terme (alors qu'historiquement et idéologiquement le concept peut être très beau, du libéralisme). Le "libéralisme" de ton Parti, c'est la soumission à la concurrence libre et non faussée, c'est la soumission à la Finance, portée par les Grandes Orientations de Politique Européenne. Ca marche pas Benoît.
Léger problème: 70 pour cent des cadres de ton Parti sont opposés à ta ligne, tu le sais, cf. le dernier Congrès.
Tu le sais très bien, sauf faire insulte à ton intelligence. Tu sais très bien que ton programme, faiblement pompé dans une improvisation pour la Primaire sur celui de la France Insoumise (qui lui est réellement élaboré et argumenté), n'emportera pas l'adhésion de l'appareil, que les cadres iront massivement vers le produit marketing tête de gondole vendu par l'oligarchie à grand frais. Veux-tu vraiment continuer à cautionner cette poudre aux yeux, ces vessies pour des lanternes ? Et, ne vois-tu pas que tes électeurs à la Primaire ont, justement, dit en t'élisant qu'ils en avaient plus qu'assez des compromissions d'appareil ?
Alors, Cher Benoît, que vas-tu faire ? Vas-tu avec courage laisser tomber dans leurs dérives les Valls, El Khomry, Le Guen et consorts, ou vas-tu continuer dans l'illusion d'un "rassemblement" impossible, qui conduira tout droit à ta (notre) défaite en rase campagne et à Macron ?
Je te pose solennellement cette question. J'interroge avec sévérité ta sincérité. Tu portes une responsabilité historique, car la dynamique de la France Insoumise est réelle. Elle ne peut pas gagner seule, mais si tes électeurs à la Primaire la rejoignent, ainsi qu'un certain nombre d'indécis qui ne se reconnaissent plus dans la droite du PS, ou le PS de droite, "ensemble, tout devient possible" ! (oui, clin d'oeil)
Benoît, bouge toi ! Lâche l'appareil, ne sois pas lâche.
Courage Camarade !
Jean-Pascal MEDURIO
France Insoumise
Billet de blog 8 mars 2017
Benoît, bouge toi !
Lettre ouverte à Benoît HAMON
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