There is no explanation
Coup de sang ce soir à lire le coup de sens, comme on dirait un coup d’État, commis encore une fois par notre Premier Ministre, qui ose asséner à sa manière martiale et autoritaire que, décidément, il n'y a pas d'explication possible aux attentats…Je cite :
« Pour ces ennemis qui s'en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit, il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser. Rien ne peut expliquer que l'on tue à des terrasses de cafés! Rien ne peut expliquer que l'on tue dans une salle de concert ! Rien ne peut expliquer que l'on tue des journalistes et des policiers ! Et rien ne peut expliquer que l'on tue des juifs ! Rien ne pourra jamais expliquer !, a lancé Manuel Valls, sous les applaudissements. »
La nausée me prend lorsque je vois sur les sites d'info le compte-rendu détaillé du nombre de bougies allumées, pour qui et par lequel, le consensus des autorités dites représentatives autour de cette commémoration, le foin que l'on fait autour d'un « arbre du souvenir », un chêne de 10 mètres paraît-il (qui rappelle furieusement les chênes centenaires promis aux Bidochon sur le terrain de leur tout nouveau pavillon), voire de Johnny Hallyday qui, de sa Belgique défiscalisée, vient chanter comme pour représenter la France Eternelle.
La nausée s'installe durablement lorsque je ne lis aucune critique, pour l'instant, de ces propos de M. VALLS. J'écris donc, comme on s'écrie.
Je dis ASSEZ. Avec tout le respect que j'ai pour les victimes, et tout le dégoût pour les coupables, j'estime obscène de la part du Premier Ministre de la France de dénier la responsabilité de la conduite malencontreuse des affaires de la République dans l'émergence d'un phénomène terroriste évidemment enraciné dans une défaite dont il est en partie, à la suite de tant d'autres, comptable.
Le « contrat qui nous unit » a été déchiré, déchiqueté, réduit en confettis depuis des décennies, Monsieur VALLS, par la démission des Institutions elles-mêmes, et je n'ai pas vu dans votre carrière politique que vous ayiez tenté en aucune manière d'y remédier, bien au contraire.
Alors n'y-a-t-il donc « rien à expliquer « , par argument d'autorité? Non, Monsieur le Premier Ministre, une fois de plus vous vous trompez, un travail de réflexion scientifique, sociologique, psychologique, anthropologique, géopolitique, et pas mal d'autres trucs en « ique », est non seulement possible, mais déjà en cours et en progrès.
Et, non, tenter d'expliquer n'est pas excuser, même pas « un peu ».
Peut-être même, rêvons, que le travail patient d'explication et d'analyse des racines de ce phénomène terrible permettrait sinon d'y remédier dans l'immédiat, au moins de mettre en œuvre des mesures dites de « prévention secondaire » ?
Veuillez m'excuser par avance, Monsieur le Premier Ministre, mais vos propos sont, tout simplement, représentatifs de la politique à son niveau le plus bas, l'injonction au citoyen de surtout ne pas penser, car il n'y a pas d'alternative, n'est-ce pas ?.
There is no explanation= There is no alternative.
Eh bien, si ! Une autre vision de la République est possible, mais sans vous.
Et nous continuerons d 'essayer de penser.