Jean-Pascal MEDURIO (avatar)

Jean-Pascal MEDURIO

Psychiatre des Hôpitaux maintenant en retraite mais s'efforçant toujours de rester éveillé

Abonné·e de Mediapart

15 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 novembre 2018

Jean-Pascal MEDURIO (avatar)

Jean-Pascal MEDURIO

Psychiatre des Hôpitaux maintenant en retraite mais s'efforçant toujours de rester éveillé

Abonné·e de Mediapart

Lettre ouverte à Emmanuel Macron

Jean-Pascal MEDURIO (avatar)

Jean-Pascal MEDURIO

Psychiatre des Hôpitaux maintenant en retraite mais s'efforçant toujours de rester éveillé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Monsieur le Président de la République Française,

vous avez cru opportun de réagir ce soir sur « Twitter ». N’étant pas, pour ma part, abonné aux « réseaux sociaux » qui me paraissent vains en terme de lien social, j’observe cependant que Monsieur Trump (qui vous a pris la main il y a quelques mois) mène sa communication « politique » par ce média, et qu’il semble donc que vous lui embrayez le pas. Sans vouloir tout mélanger, je reprendrai pour l’instant seulement la citation de votre message.

Vous avez donc « tweeté », paraît-il :

« Merci à nos forces de l’ordre pour leur courage et leur professionnalisme. Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violenté d’autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d’intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République. « 

La question des « forces de l’ordre » est en effet centrale – quel « ordre » les forces doivent-elles défendre ?

La question de la « honte » est également cruciale : j’observe, je lis, que vous utilisez trois fois ce mot dans votre « tweet ». Qui donc devrait avoir honte ?

« Pas de place pour ces violences dans la République » ??

Avez-vous ne serait-ce qu’un tout petit peu conscience, Monsieur le Président, que la violence sociale vous en êtes non pas l’instigateur, car d’autres vous ont précédé, mais à tout le moins le complice aggravant par vos « réformes » réactionnaires ?

Oui, je pense que vous le savez et que votre communication, comme au fond votre action, est cynique. La honte est de votre côté.

Ne vous étonnez pas que le peuple se révolte. J’ai trouvé amusant que les « forces de l’ordre » à Paris ce samedi protègent d’abord les lieux du pouvoir… êtes vous un Louis XVI ? Maître des horloges, à bricoler des serrures aussi ?

Pour ma part, je n’ai pas porté de gilet jaune. Enfant des Trente Glorieuses, issu de parents assurant le Service Public, j’ai fait carrière moi aussi dans ce même Service des plus démunis, à l’Hôpital.

Je suis un fervent défenseur de l’impôt, pour autant qu’il soit un outil de répartition juste.

Est-ce le cas dans votre « politique » ? Non, à l’évidence. Bien au contraire, vous encouragez par vos décisions la répartition du « bien commun » au profit des déjà plus riches .

Monsieur le Président de la République, vous n’êtes pas, de mon point de vue, légitime à continuer de détruire le contrat social. De ce point de vue, le mouvement bizarre et incontrôlé des « Gilets Jaunes », vous devriez l’entendre plutôt que de le mépriser.

Il paraît qu’avant de passer à la Banque Rotschild vous avez été le Secrétaire de Paul RICOEUR.

Je me permettrai donc, n’étant pas un spécialiste de son œuvre, de citer cependant cela :

« C'est alors que se pose la question des institutions. Car il n'y a pas qu'une relation de face à face, il y a aussi un « il », qui suggère une idée de pluralité. Le vivre bien ne se limite donc pas à soi et aux relations interpersonnelles, mais s'étend aussi aux institutions. Au terme de sa réflexion sur les institutions justes (toujours dans son volet éthique et non moral), Ricœur détermine que le vis-à-vis de soi dans chaque humain est donné par l'idée d'égalité. Cette égalité permet des "institutions justes".

Des Institutions justes….

Merci d’y penser Monsieur le Président de la République !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.