Les murs de nos villes, les abribus, toutes les surfaces accessibles ou apparemment inaccessibles dans nos villes se recouvrent régulièrement de tags plus ou moins esthétiques, dont la vue déclenche fréquemment des propos indignés : « Oh !, ils ne respectent vraiment rien ! T’as vu encore ce matin le mur de l’école est tout tagué ! ».
Il y a de tout dans les graffitis. Certains sont de véritables œuvres d’art. D’autres décorent agréablement la ville, sans, pour autant, exprimer la personnalité des auteurs, comme tous ces murs peints qui sont une des marques actuelles de la ville de Lyon. D’autres, encore, ne constituent qu’une signature d’un tagueur rappelant ainsi qu’il existe.
Parfois les graffitis sont commandés par la ville et font partie de sa politique culturelle, généralement appréciée par une toute petite minorité de citoyens si le graffeur a un peu d’originalité … avant, quelques années plus tard, de ne plus pouvoir être effacés sans provoquer une levée de boucliers.
La ville de Rennes vient, elle, de subir les conséquences de son incohérence correspondant à l’existence de politiques divergentes.
D’un côté les tenants du « cachez ce sein que l’on ne saurait voir », qui s’exprime dans l’effacement systématique par les services de nettoyage de tout graffiti apparaissant sur les édifices publics et sur toute portion de mur appartenant à la ville.
De l’autre côté quelques hurluberlus « cultureux », passant commande à un artiste graffeur très connu, C215, d’une fresque au pochoir à peindre sur le mur d’un transformateur électrique situé à côté de l’Hôtel de Ville.
Vous avez deviné que les Rennais n’eurent pas longtemps le loisir d’admirer l’œuvre de C215 qui représentait un garçon avec un air boudeur … les services du nettoyage ont, en effet, promptement nettoyé le mur en le rendant plus boudeur que le garçon.
Heureusement d’autres, en Albanie, ne veulent pas tomber dans ces ridicules tartufferies et une chaîne de télévision locale a décidé de renforcer l’intérêt pour son émission d’information, en la faisant présenter par de jeunes-femmes au buste dénudé.
Cachez ce sein, ici … montrez-le ailleurs, décidément le monde est bien divers et tant mieux car l’ennui naquit un jour de l’uniformité.
Jean-Paul BOURGЀS 1er mars 2016