Laïcité
Absolument agnostique, époux d’une catholique vraiment pratiquante, ami de nombreux croyants de diverses religions que j’aime et respecte, frère par choix de personnes qui ont subi, avec plus ou moins de difficulté, des éducations religieuses issues du Livre avec l’outrance qui s’y rattache parfois, philosophiquement proche de « laïcs militants » qui sont à mes yeux, parfois, les « moines modernes », je me sens très concerné par les réflexions qui tournent autour de ces sujets … d’autant que je pense, parfois avec angoisse, au devenir de mes petits-enfants qui risquent d’être écartelés entre des tendances religieuses diverses susceptibles de s’affronter.
Mon souhait le plus profond serait que la paix absolue qui règne chez moi entre ceux qui ont des convictions différentes, puisse se retrouver dans notre société.
Fils d’une catholique et d’un protestant, je reste marqué par cette invraisemblable violence que subit mon père, en 1930, en n’étant marié qu’à la sacristie de l’Eglise de sa fiancée à Nancy et en ayant dû s’engager à ne jamais parler de la religion réformée à ses enfants à venir.
Mes convictions laïques résultent de tout cet ensemble … ce qui veut dire qu’elles se fondent sur beaucoup de souffrances … bien inutiles, pour ne pas dire absurdes.
Nous reposons, depuis 1905, sur une Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat à laquelle je suis fort attaché (1905 année de naissance de mes deux parents, l’une catholique, l’autre protestant). Mon beau-père, catholique convaincu et militant, était un fervent défenseur de la laïcité.
En 2012 je rêve que nous soyons capables d’exprimer de nouveau ce qui permet à chacun de vivre ses convictions personnelles dans un respect intégral des convictions des autres.
Depuis 1905 la répartition des appartenances religieuses en France s’est profondément modifiée. Le Catholicisme reste l’appartenance religieuse la plus nombreuse mais combien de ceux qui s’en réclament sont-ils de vrais pratiquants ou simplement des enfants ou petits-enfants de catholiques ? A mon sens le Protestantisme et le Judaïsme sont tellement peu présents lorsqu'on parle de questions religieuses dans notre pays que ces religions restent des communautés de pensée « invisibles » avec ce que ce terme peut avoir d’inutilement inquiétant. Quant à l'Islam, pourtant deuxième religion pratiquée en France, sa place n’est absolument pas abordée par référence au nombre de ceux qui s'y réfèrent, mais par rapport à des considérations politiques où notre passé de puissance coloniale et de terre d’immigration l’emportent largement sur les questions religieuses (Tout maghrébin d’origine est, par exemple, réputé musulman … tout musulman est supposé n’être pas totalement Français). Peu à peu, et de façon accélérée, le Boudhisme occupe une place de plus en plus significative … mais qui se soucie de reconnaître une place à cette philosophie ?
On n’entrera pas vraiment dans la XXIème siècle sans réaborder cette question avec sérénité. Cela impose de retrouver une véritable démarche spirituelle … autrement dit non exclusivement matérialiste … qui ne mette pas au-dessus de tout ce « veau d’or moderne » qu’est la performance économique et financière.
Promouvoir la laïcité, c’est avant tout mettre en pratique les trois termes de notre devise avec la liberté pour tous de croire ou de ne pas croire, l’égalité de traitement envers toutes les formes de pensée, la fraternité en pratiquant une tolérance affectueuse et respectueuse.
Il nous faut en repenser la mise en œuvre. Ayons le courage de le faire (L'affaire des jours fériés adaptables à d'autres calendriers religieux que celui du catholicisme est un bon exemple de ce qu'il faudrait revoir).
Jean-Paul Bourgès 1er juillet 2012