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Billet de blog 1 décembre 2012

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Le Père-Noël ou Lakshmi MITTAL ?

Aujourd’hui, comme tous les ans lors du premier week-end de décembre, j’avais endossé un costume de Père-Noël pour le marché de Noël de notre village (Notre village de 3.500 habitants accueille alors plus de 40.000 personnes) et j’ai aussi raconté aux enfants une histoire que j’avais mise au point au cours des derniers jours.

Les plus jeunes, les yeux brillant, hésitant entre plaisir de voir le Père-Noël et timidité devant ce personnage qui prend enfin pour eux une consistance concrète, se pressent lors de la parade qui se déroule au milieu d’une foule considérable et ils viennent, ensuite, s’asseoir sur mes genoux afin d’être pris en photo par leurs parents après m’avoir remis leurs attentes de cadeaux.

Eh oui, c’est ça l’enfance, c’est ça la naïveté des plus petits. Et je n’hésite pas à y apporter ma contribution.

Mais l’équilibre du monde, l’avenir de l’Europe, la sauvegarde de notre pays peuvent-ils vraiment être abordés avec cette émouvante candeur de l’enfance ?

Moi qui suis, ainsi que je l’ai souvent répété, profondément attaché au projet d’unification européenne, je suis vraiment navré de voir cette idée, qui s’ancre chez moi à des cauchemars de retour de la guerre à la fin des années 40, s’enliser dans une minable mélasse libéralo-droitière. Pour ma génération, qu’y a-t-il de plus humiliant que ce spectacle de l’abdication morale du sacrifice au veau d’or qu’imposent les règles que nous avons laissé dominer l’Europe ? Comment pouvons-nous tolérer, voire même considérer comme intangible … au sens propre du mot, la soumission de nos gouvernants à la loi d’airain de ceux qui autorisent un aciériste à nous faire plier devant ses intérêts personnels ? Il n’y a pas si longtemps que cela … j’étais encore un homme jeune … nul n’aurait pu imaginer que quiconque puisse prendre le contrôle des moyens de production de l’acier. L’Etat exerçait alors ses fonctions régaliennes, non pas dans un Etat soviétique, mais dans le respect de la démocratie qui est parfaitement compatible avec une défense des intérêts collectifs.

Depuis cette époque on a laissé les théoriciens du libéralisme outrancier, qui firent Margaret THATCHER, Ronald REAGAN, Vladimir POUTINE - le converti du KGB et richissime propriétaire tel qu’il n’en existait pas même au temps des Tsars, ou Manuel BARROSO qui fut d’extrême-gauche avant d’être l’apôtre du laisser-faire ! … nous expliquer que le nec-plus ultra de la pensée économique devait considérer la « libre-entreprise » et la concurrence comme le fondement quasi-religieux de notre avenir.

Cette pensée, je serais tenté de dire, cette absence de pensée, est en train de mener le monde entier au bord du gouffre puisqu’aucun système économique n’y survit. Les Etats-Unis sont à deux doigts d’être proclamés en faillite. La Russie n’est qu’un champ de ruines dont l’effondrement de la natalité traduit mieux que n’importe quoi le renoncement à l’idée même d’avenir. La Chine voit son développement exponentiel se briser sur la disparition de la solvabilité de ses clients avec des usines qui risquent vite de tourner à vide, quant à l’Europe elle renonce à tout et, tout d’abord, au concept si fondamental de solidarité.

Et, dans ce contexte, tel l’orchestre qui, dans le grand salon du Titanic, continuait à jouer alors-même que le géant des mers prenait l’eau, nous continuons à entonner l’hymne à la libre-entreprise chaque fois qu’un esprit lucide parle de nationalisation … c’est-à dire de contrôle public d’un pan vital de notre économie.

Sachez-le, j’endosse chaque année l’habit du Père-Noël, mais je ne crois pas plus au Père-Noël qu’au Père-MITTAL. Celui qui n’a jamais tenu parole n’a aucune raison de le faire plus demain qu’hier. Manifestement Arnaud MONTEBOURG raisonnait comme moi. Il n’a pas pu mettre les actes en phase avec ce point de vue. Qui aura raison sur le long terme ?

Jean-Paul Bourgès 1er décembre 2012

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