Je n’ai pas, et je n’ai jamais eu, beaucoup de goût pour les musées. L’empilement des œuvres, la foule qui remplit les salles en empêchant de stationner un temps suffisant devant les tableaux qui me plaisent, me font plutôt fuir ces lieux que je pense être les cimetières du Père LACHAISE de l’art.
Quelques tableaux, en des lieux fort divers, m’ont cependant marqué et le « Dos de Mayo », vu en 1958 au Prado m’a marqué à jamais.
Ce n’est cependant pas par le classique tableau représentant les insurgés que des soldats français fusillent à bout portant que j’ai choisi d’illustrer ce billet, qui vient confirmer l’aversion que je ressens pour NAPOLÉON 1er, mais par un autre épisode qui fait partie de cette série de tableaux peints, six ans après les faits, par GOYA il y a exactement deux cents ans. J’ai choisi « La charge des mamelouks ».
Le soulèvement de la population de Madrid contre les troupes françaises d’occupation, le 2 mai 1808, est un tournant dans l’histoire moderne car ça n’est pas une armée mais un peuple tout entier qui se lève pour chasser l’occupant et qui, au prix de très nombreuses victimes, fera, en effet, reculer NAPOLÉON 1er dont le déclin commence à Madrid, avant de se poursuivre à Moscou puis s’achever à Waterloo.
Mais ce qui m’intéresse le plus dans ce tableau c’est l’usage, très loin de leur pays, l’Egypte, de ces mamelouks envoyés contre les insurgés par MURAT.
L’armée de NAPOLÉON 1er était constituée d’unités d’origines très diverses, levées lors des campagnes précédentes et qui parcoururent l’ensemble de l’Europe où elle semèrent l’amour de la France, en se comportant comme toutes les troupes d’occupation qui multiplient les exactions et les pillages.
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes entre dans l’histoire à ce moment et l’on dit que le mot « guerrilla » y apparut également.
Il est particulièrement intéressant d’y voir utiliser des troupes recrutées en orient, de se souvenir du rôle de « chair à canon » que jouèrent ces Marocains, ces Algériens, ces Tunisiens, ces Sénégalais, ces Annamites … qui furent ensuite envoyés contre les mitrailleuses allemandes en 1914, puis en 1939 … pour aboutir, très vite après, à la décolonisation.
Au cours de son histoire la France aura été bien souvent du côté des oppresseurs plutôt que de celui des libérateurs.
Nous devrions y repenser avant de juger, toujours sévérement, l’action des autres peuples.
Jean-Paul Bourgès 2 mai 2014